Depuis un peu plus d’une dizaine d’années maintenant, le Français Vincent Sze est un visage familier du cinéma Hong Kongais. Il a eu l’occasion de travailler avec certains des plus grands réalisateurs de la ville, de Jonnie To à Wilson Yip. Il est actuellement est à l’affiche de The Leakers, le polar conspirationniste d’Herman Yau. L’acteur de 43 ans nous raconte son parcours depuis les VHS hongkongaises visionnées en Nouvelle-Calédonie jusqu’au plateau de cinéma de la ville.
lepetitjournal.com : Est-ce que vous aviez un intérêt pour le cinéma de Hong Kong avant 2002?
Vincent Sze: Oui, j’étais un cinéphile ! Enfant en Nouvelle-Calédonie, je regardais le Marin des Mers de Chine ou Histoire de Fantômes Chinois à la télévision en version française. La famille de HK m’envoyait également des VHS de là-bas. En 1997, durant mes vacances, j’étais venu par curiosité pour voir la rétrocession. J’ai rencontré un membre de l’équipe de tournage de Patrick Leung [ancien assistant de John Woo, ndlr] qui m’a proposé de participer à Task Force. Je trouvais cela amusant de faire du cinéma. Mais ça ne m’a pas ouvert beaucoup de portes à l’époque parce que je suis rentré en France après ça. Puis, j’ai finalement pu obtenir un rôle dans SPL de Wilson Yip et ça ne s’est pas arrêté depuis.
Vous êtes rapidement devenu un régulier de Johnnie To alors qu’il a la réputation d’être un réalisateur exigeant.
Oui, j’avais toujours espéré travailler avec lui. J’ai finalement obtenu un bon rôle dans un Milkyway réalisé par Law Wing Cheong [Tactical Unit – Comrades in Arms, ndlr]. C’était un vrai bon rôle. Je ne sais pas si je lui plais mais je suppose que le côté français a dû un peu jouer. Il m’a donné beaucoup d’opportunités. Sur le plateau, tu es très stressé avec lui. Il gueule pas mal mais quand il le fait, c’est qu’il a de bonnes raisons de le faire et il ne le fait pas si souvent que ça.
Vous étiez dans la grande fusillade finale de Three où tout le monde se déplaçait au ralenti. Quels souvenirs en gardez-vous?
C’était difficile. Il fallait faire des mouvements au ralenti qui fassent vrai. On a eu trois semaines d’entrainement avec un spécialiste du mime, le seul Hongkongais qui avait suivi une formation dans l’école du mime Marceau. On a fait moins de dix prises pour avoir la bonne. C’était l’équipe qui bougeait le décor et cela nécessitait une sacrée organisation ! Mais on a réussi à avoir la bonne prise en deux jours.
Vous avez également eu l’occasion de travailler avec une autre légende, Jackie Chan, pour les besoins de son Chinese Zodiac.
C’est un amour! Sur le plateau, il prend soin de tout le monde. Et même après le tournage. Un soir, il a attiré mon attention alors qu’on avait terminé de tourner. Il m’a fait un signe pour dire qu’on allait manger ensemble et je lui ai répondu via une grimace, pour l’imiter (rires). On mangeait ensemble quasiment tous les soirs. On fumait des cigares et buvait du vin. Je voulais faire mes cascades moi-même mais il a insisté pour que je reste tranquille (rires). J’ai pu découvrir comment il travaillait à ses scènes d’action. Toute son équipe l’assiste et il décide ce qu’il garde, ce qu’il modifie, ce qu’il jette. Il n’y a pas de storyboard, tout est décidé sur place. On a passé un mois et demi, deux mois sur la séquence finale.
Quels souvenirs gardez-vous de votre participation à The Leakers ?
Le plus mémorable pour moi, c’était la séquence de parkour (course avec obstacles divers et variés, ndlr) dans le laboratoire que nous avons tourné en Malaisie. J’ai quasiment tout fait moi-même. Je ne suis pas David Belle mais il m’a inspiré. Malheureusement, je n’étais pas assez fluide à leur gout alors j’ai été doublé au final. Par contre, c’est bien moi pour le saut du 36e étage. Les membres de l’équipe qui me retenaient avant le saut final. Je n’avais pas de câble pour me retenir, il ne fallait pas se louper !
Comment voyez-vous votre futur?
Je vais tenter d’être à la fois à Hong Kong et en France sur les deux industries à la fois. Je ne vois pas ma carrière évoluer vers la Chine. C’est un grand marché mais je ne pense pas que ce soit une opportunité pour tout le monde. Je suis actuellement en discussion pour un rôle dans un film d’action français sur fond de message écologique. C’est un très beau projet que j’espère voir se concrétiser !
Sincères remerciements à Esa Chu et Sandy.