

"C'est du chinois !", s'exclament les Français. Traduisez par "je n'y comprends rien". Dans le cadre d'une série de conférences sur la culture chinoise, Carrousel vous donne les clés pour mieux comprendre les us et coutumes de votre pays d'accueil. La conférence de rentrée avait pour objet les langues de l'Empire du Milieu. L'occasion de démêler le vrai du faux sur le "chinois" et de comprendre un peu mieux la cartographie compliquée des langues en Chine.
Le caractère "Arbre"
Existe-t-il plusieurs langues chinoises ? Le cantonais et le mandarin s'écrivent-ils pareil ? Qu'est-ce qu'un idéogramme ? Lise Guillon nous donne des éléments de réponse, jouant avec les mots, les caractères et parfois notre incompréhension lors d'une conférence sur la cartographie des langues et des dialectes chinois.
Un pays multiethnique
La Chine est un pays où plus de 200 langues différentes sont parlées, dont seulement 24 sont considérées comme étant chinoises. Avec 92% de "Han", terme officiellement utilisé en Chine pour désigner "les populations ethniquement chinoises", les langues chinoises sont bien entendu les plus usitées. Les 8% restants de la population se repartissent entre les nombreuses autres minorités ethniques, parmi lesquelles les Ouïgours, les Mongols, les Tibétains, etc. ceux-ci gardant pour la plupart leur propre langue. Parmi les locuteurs d'une des langues chinoises, le mandarin est majoritaire, avec trois grandes familles de nuances, auxquelles il faut ajouter ce que l'on appelle les dialectes du sud : le wu, le gan, le xiang, le min, le hakka, et le cantonais.
Une seule langue chinoise ?
On peut en effet distinguer 3 principaux types d'accents en mandarin : Le Mandarin du nord, celui de l'est et celui du sud-ouest. La comparaison effectuée par Lise Guillon avec les différences entre le parisien, le marseillais et le parler du Languedoc fait sourire, mais est empreinte de vérité. Au Sichuan et au Jiangsu, on pourrait presque dire que l'on parle un mandarin chantant "avé" l'accent.
Au mandarin se rajoute 6 autres grandes familles de langues chinoises du Sud : le wu autour de la région de Shanghai, le hakka et le cantonais, dans la province de Guangzhou, le min des deux côtés du détroit de Formose et sur l'ile de Hainan, le xiang et le gan dans les régions plus introverties du Hunan et du Jiangxi. Il y a donc sept principaux langages chinois avec une suprématie du mandarin, qui représente 900 millions de locuteurs. Pourtant, démographie chinoise oblige, le wu et le cantonais représentent à eux seuls respectivement 90 et 70 millions de personnes, ce qui est loin d'être négligeable.
Le mandarin tient son nom de "haut fonctionnaire". Qin Shi Huang, empereur fondateur de la Chine, considéré souvent comme le "Napoléon chinois", fit honneur à ce nom en décidant l'uniformisation et la standardisation de l'écriture. Une seule et même écriture chinoise est donc utilisée par toutes ces langues. Les Français qui apprennent le mandarin ou le cantonais peuvent sourire : malgré des différences de syntaxe, le cantonais, le wu, le mandarin et toutes les langues chinoises s'écrivent de la même manière ! Un système écrit commun pour un système oral présentant d'importantes différences, comparables à celles des langues latines que sont le français, l'espagnol et l'italien.
De sacrés caractères
L'écriture est sacrée en Chine. Elle est aussi sacrément compliquée certes, mais pas seulement. En effet la construction des caractères relève parfois d'une logique toute simple. Ou encore d'un peu d'imagination. A travers des exemples concrets donnés par Lise Guillon, on finit par comprendre que chaque caractère chinois est tout simplement un assemblage de radicaux, selon différents modèles possibles - gauche-droite, haut-bas, en plusieurs blocs. L'homme par exemple est représenté par l'idéogramme ?, qui est l'association de deux pictogrammes. La force ? (en dessous) et le champ ? (au dessus). 900 caractères permettent de couvrir 90% des besoins de la vie quotidienne, et voila qu'en moins de deux heures, nous sommes capables de reconnaitre 30 caractères, omniprésents dans la ville de Hong-Kong.
Les conférences de Carrousel
Deux heures, c'est peu pour faire le tour d'une question aussi vaste que celle de la langue chinoise. Cependant, grâce à une présentation pédagogique et interactive la conférence éclaire aussi bien le nouvel expatrié que l'ancien, en leur permettant de s'initier aux langues de l'Empire du milieu et à leur histoire. Lise Guillon propose d'ailleurs également des cours et des kits de survie en mandarin et en cantonais. Les prochaines conférences porteront sur les religions chinoises (le 6 et 7 décembre), les grandes phases de l'histoire chinoise (le 10 et 11 janvier) et la situation géopolitique de la Chine (13 et 14 mars).
Roman Fruitier (www.lepetitjournal.com/hongkong.html), vendredi 14 octobre 2011
Plus d'infos sur les conférences sur le site de Carrousel et sur l'Agenda du Petit journal









