Après les souris, les hamsters, les singes et les lapins, c'est au tour de l'Homme de tester le vaccin anti-Covid élaboré par l'entreprise pharmaceutique Nanogen. Trois volontaires ont débuté la phase 1 des essais cliniques ce jeudi 17 décembre à Hanoï.
Il y a une semaine, la société de biotechnologies pharmaceutiques Nanogen et l'Académie de médecine militaire de Hanoï lançaient conjointement une campagne de recrutement un peu particulière : celle de 60 volontaires acceptant de tester en avant-première le Nanocovax, un vaccin anti-Covid-19 développé localement, au terme d'une batterie d'essais concluants sur les animaux.
Une série de tests impliquant graduellement plusieurs milliers de personnes
Agés de 18 à 50 ans, les 60 volontaires sélectionnés parmi plus de 200 candidats seront divisés aléatoirement en trois groupes, chacun d'entre eux recevant un dosage différent du Nanocovax : 25, 50 ou 75 milligrammes. Deux injections intramusculaires seront administrées aux courageux testeurs à 28 jours d'intervalles. Après chaque injection, les volontaires seront placés sous surveillance médicale dans le centre dédié pendant 72 heures. Dès leur retour à la maison, un suivi approfondi de 56 jours puis un suivi allégé de quatre mois succèderont à la première injection.
Ce jeudi, les trois premiers volontaires du pays ont reçu une injection de 25 milligrammes, amorçant ainsi la phase 1 des tests. En cas de succès auprès des 60 volontaires, la seconde phase serait menée sur plusieurs centaines de personnes dès mars 2021 et la troisième sur plusieurs milliers de personnes à partir d'août de la même année, selon le site du ministère de la Santé.
An important milestone in Vietnam's #COVID19 fighting history - the first three volunteers received the homegrown Nanocovax vaccine today. I still pinch myself about the fact that the world already came up with a vaccine for a lethal virus we only knew about a year ago. pic.twitter.com/MgqPIgbJFE
— Sen Nguyen (@findingsen) December 17, 2020
Un vaccin prometteur talonné par le travail de trois autres laboratoires locaux
Le Nanocovax serait potentiellement disponible pour le grand public à l'horizon 2022 à un prix avoisinant les 5 dollars par dose une fois la production de masse lancée. Au-delà de son faible coût, il aurait l'avantage de se conserver à une température de réfrigération "standard" comprise entre 2 et 8 °C, à la différence de nombreux vaccins concurrents nécessitant d'être maintenus à des températures extrêmes en-dessous de 0 °C (- 75 °C pour certains).
En parallèle, trois autres vaccins sont en cours de développement au Vietnam : ceux de l'IVAC, de Vabiotech et de Polyvac. IVAC et Vabiotech devraient suivre les pas de Nanogen et lancer leurs premiers tests sur des humains respectivement en février et en mars 2021, sous réserve de l'accord définitif des autorités du pays.
Qu'en est-il de la vaccination des Français de l'étranger ?
Le 11 décembre dernier, Jean-Baptiste Lemoyne réunissait les parlementaires afin d'aborder la question de la vaccination des expatriés français. Le secrétaire d'Etat en charge des Français de l'étranger a déclaré qu'il œuvrait à une équité de traitement entre les Français métropolitains et ceux résidant à l'étranger. Si la vaccination des expatriés suivait effectivement les mêmes principes qu'en France, cela signifierait qu'elle serait non obligatoire, gratuite et disponible. Jean-Baptiste Lemoyne a néanmoins précisé que le déploiement à l'international ne pourrait être systématique dans la mesure où il s'adapterait aux campagnes de vaccination disponibles dans les différents pays.
Le Vietnam - qui n'a pas connu le moindre cas de contamination locale depuis trois semaines - fait partie des 40 premiers pays à avoir testé un vaccin anti-Covid-19 sur l'Homme, selon les déclarations à la presse du professeur Do Quyet, directeur de l'Académie de médecine militaire de Hanoï.