Édition internationale

Interview-vidéo : Etienne Ranaivoson, Consul Général de France à Ho Chi Minh-Ville

Le Petit Journal vous propose une interview exclusive avec Monsieur Etienne Ranaivoson, récemment nommé Consul Général de France à Ho Chi Minh-Ville.

Interview-vidéo : Etienne Ranaivoson, Consul Général de France à Ho Chi Minh-VilleInterview-vidéo : Etienne Ranaivoson, Consul Général de France à Ho Chi Minh-Ville
Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 26 novembre 2025, mis à jour le 29 novembre 2025

Dans la première partie de cette interview, monsieur Ranaivoson présente le métier de Consul,  ses principales missions ainsi que les priorités qu’il s’est fixées pour son mandat avant d’adresser un message à la communauté française du Sud du Vietnam. 

Dans la seconde partie, il expose sa vision stratégique et économique du Vietnam, explique ce qui l’a conduit à choisir la diplomatie ici, revient sur les défis du Consulat et sur la place centrale de Hô Chi Minh-Ville dans la stratégie française, ainsi que sur ce qui l’a marqué depuis son arrivée en août. 

L’article qui suit retranscrit partiellement cet entretien. L’interview complète est à retrouver sur notre chaîne YouTube : 

Comprendre le métier de Consul : missions, priorités et engagements

Le Petit Journal : Pourriez-vous décrire en quelques mots votre métier de consul, ses principales missions, les enjeux qu’il représente ? 

Etienne Ranaivoson : Mon métier de Consul Général est d’abord assez varié. Il y a trois priorités principales. Le cœur de métier correspond aux services rendus aux français, qu’ils soient résidents ici ou de passage : c’est le consulaire, ce qui inclut aussi les visas que nous accordons aux vietnamiens souhaitant se rendre en France. 
Mais il y a aussi beaucoup de diplomatie d’influence qui concerne les deux autres piliers :  que ce soit le renforcement de notre coopération en matière économique, donc le soutien aux entreprises via tous les acteurs comme la Chambre de Commerce et d’Industrie mais aussi la coopération en matière culturelle au sens large, qui va de la programmation culturelle classique aux relations avec les écoles françaises ou la coopération en matière d’enseignement supérieur et de recherche. 
En une seule journée, parfois, les trois thématiques se chevauchent. Tout ça c’est aussi de la politique étrangère et donc on garde un œil politique sur ce qui se passe dans tous ces domaines en essayant de contribuer à l’analyse politique que développe notre ambassade à Hanoï. 

Le Petit Journal : Comment s’est déroulé le processus de votre prise de poste ? quelle est la procédure pour être nommé ? 

Etienne Ranaivoson : L’arrivée d’un Consul général se fait en deux temps, il y a l’amont, la nomination à Paris et puis il y a la prise de poste elle-même. Si je commence par la fin, la prise de poste s’est très bien passée. Je suis arrivé au Vietnam fin août et j’ai pris mes fonctions un peu moins d’une semaine plus tard, et la prise de fonction se déroule très bien. Notre système diplomatique est assez rodé à avoir ces rotations tous les trois/quatre ans et les autorités vietnamiennes sont elles-mêmes assez bien rodée pour l’octroie de l’autorisation de ma venue et pour la remise de l’exequatur, qui est la forme d’agrément pour les Consuls généraux qui les autorisent à exercer leurs fonctions consulaires. 

Il y a donc l’amont, avant tout ça, qui est une phase plus longue. Dans une rotation diplomatique, on candidate un an avant et il y a des processus de présélection puis de panels que nous passons à Paris à l’issue desquels nous sommes reçus ou pas. Puis il y a encore une validation à l’étape politique puisqu' in fine, c’est un décret du Président de la République contresigné par le Premier Ministre et le Ministre des Affaires Étrangères. 

Le Petit Journal : En ce début de mandat, quelles sont les priorités que vous vous êtes fixées ? 

Etienne Ranaivoson : Les priorités sont assez classiques dans la durée, c’est celles que j’ai déjà décrites comme mon métier, c’est-à-dire le consulaire, les services rendus aux français, la gestion des visas d’une part, le renforcement de notre coopération économique d’autre part, et enfin le développement de nos relations culturelles. Ce sont des priorités très classiques. 
Une touche plus personnelle, c’est peut-être que j’aimerais être présent dans l’ensemble de la circonscription que je couvre, notamment dans les villes de Da Nang, de Can Tho… ou j’espère pouvoir me rendre régulièrement, être présent le plus possible à la rencontre des français qui y résident, renforcer nos liens avec eux, décliner ces priorités consulaires, économiques et culturelles directement sur place avec eux. C’est une des priorités de mon action immédiate. 

Le Petit Journal : Auriez-vous un message à adresser à la communauté française et francophone du Sud du Vietnam ? 

Etienne Ranaivoson : “À votre service”. Toutes les équipes du Consulat et moi-même personnellement nous sommes là pour rendre un service public de qualité. Les équipes ont fait un excellent travail avec ma prédécesseure et j’entends bien le continuer. C’est un service public qui est à votre service, qui essaye d’être personnalisé et qui essaye de se moderniser. Il y a beaucoup de transformations que nous accompagnons pour continuer de rendre à la fois un service personnalisé mais aussi moderniser, musique ce sont des grandes tendances qui sont orchestrées depuis Paris dans l’ensemble du réseau. Mais c’est donc “à votre service”. 

Le Vietnam dans la stratégie française : enjeux, défis, perspectives 

Le Petit Journal : Quels sont, selon vous, les plus grands défis auxquels le Consulat doit faire face aujourd’hui ? 

Etienne Ranaivoson : J’en vois peut-être deux. La France est un partenaire attendu et important du Vietnam mais on a un enjeu structurel d’attractivité. Je pense que nous avons, notamment dans cette société si jeune, des marges de progrès pour notre attractivité. C’est un défi constant de maintenir et renforcer l’attractivité de la France sur tous les plans : sur le plan touristique, économique, de l’innovation, universitaire, scientifique, culturel, des industries et de la création. Les jeunes vietnamiens se disent que oui, la France est un partenaire de premier plan vers lequel nous nous tournons pour nos études, pour le business, pour l’innovation… 
Dans le même ordre d’idée mais sur le plan économique plus précisément, je pense que nous avons un défi pour renforcer nos relations économiques, en termes d’investissements par exemple, compte-tenue de la croissance économique extraordinaire de ce pays, je pense que les relations économiques ont encore une forte marge de progression. Nous faisons beaucoup, notamment sur le plan des infrastructures, mais en termes de hiérarchie de pays partenaire, je pense que nous ne sommes pas encore là où nous devrions être. 

Le Petit Journal : Qu’est ce qui vous a conduit à choisir la diplomatie au Vietnam et plus largement en Asie du Sud-Est ? 

Etienne Ranaivoson : C’est vrai que j’ai une quinzaine d’années d’expérience au Quai d’Orsay et dans la diplomatie en général mais j’ai un parcours quand même très différent mais dont je voulais sortir et en tout cas faire un pas de côté. Je voulais voir autre chose pour compléter mon parcours et j’avais un attrait particulier pour l’Asie, et plus particulièrement l’Asie du Sud-Est parce que c’est une région en plein boom, qui est l’un des poumons de la croissance économique mondiale aujourd’hui. Le Vietnam, singulièrement, occupe une place de leader de cette croissance économique y compris dans la région, mais avec une place singulière dans la relation à la fois historique et présente avec la France, compte-tenue de ce partenariat stratégique global signé entre nos deux pays, l’intensité de nos relations entre nos deux autorités principales (notre président de la République et le Secrétaire Général du Parti). Il y a un momentum dans la relation avec le Vietnam qui m’intéressait particulièrement avec en plus des défis économiques à relever, une communauté française importante, une coopération culturelle ancienne et intense… Bref, tout un tas de défis qui m’intéressaient beaucoup et auxquels j’avais envie de me confronter. Et puis c’est aussi une forme de challenge d’être chef de mission diplomatique et consulaire pour sa dimension managériale puisque nous avons ici une quarantaine d’agents. Donc voilà, des raisons très variées qui m’ont poussées à être candidat ici, dans un pays passionnant, au cœur des lignes de fractures géopolitiques et j’en suis ravie parce que je sais que j’ai beaucoup de chance d’être ici. 

Le Petit Journal : Quelle est, selon vous, la place de Ho Chi Minh-Ville dans la stratégie globale de la France en Asie du Sud-Est ? 

Etienne Ranaivoson : Elle est très importante. Quand vous regardez la stratégie de la France dans l’Indo-Pacifique (vous savez que nous avons été l’un des premiers pays Européens à développer une stratégie Indo-Pacifique que nous avons actualisé récemment), et bien, évidemment, la dimension économique est fondamentale. La place d’HCMV dans l’économie du Vietnam est tellement incontournable et est encore appelée à se développer, que la ville est incontournable dans cette grande stratégie Indo-Pacifique de la France qui a une composante économique majeure. 

Donc oui, la place d’une ville et d’une province de presque 15 millions d’habitants et qui fait quasiment un tiers du PIB vietnamien qui est lui-même en pleine explosion est évidemment incontournable. 

Le Petit Journal : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué depuis votre arrivée à Ho Chi Minh-Ville en tant que Consul ? 

Etienne Ranaivoson : Je pense à deux choses. Ce qui est d’abord frappant, c’est quand même la jeunesse de la population et de la ville, et son dynamisme. La plupart que je rencontre sont jeunes et c’est un atout formidable pour le pays et c’est un défi pour nous, justement en termes d’attractivité. 

La deuxième chose qui est, sans doute liée, c’est une forme d’optimisme généralisé sur les perspectives du pays. Evidemment dans un contexte de croissance très forte c’est assez logique, mais c’est vrai que ce soit dans les milieux économiques mais aussi politiques, on a de façon générale un très fort optimisme qui est très intéressant et sur lequel nous devons nous appuyer pour renforcer la place de la France sur les différents sujets que nous évoquions. 

Le Petit Journal : Comment voyez-vous l’avenir des relations franco-vietnamiennes ? 

Etienne Ranaivoson : Je les vois de façon optimiste. Nous avons établi de façon très récente, avec ce partenariat stratégique global, les fondations d’une relation d’avenir très proche. Nous sommes maintenant dans la phase de concrétisation de cette relation privilégiée qui se joue à tous les niveaux : politique, stratégique mais aussi quotidien. 

Je pense que nous avons un cadre privilégié pour développer tout cela, il faut profiter de cet optimisme et de cette croissance économique. Maintenant, les Vietnamiens, pour pleins de raisons dont cette compétition géopolitique mondiale, ont beaucoup de partenaires avec lesquels ils peuvent nouer des relations privilégiées, donc c’est à nous, français, d’être à la hauteur de nos ambitions communes fixées par ce partenariat stratégique global et donc d’avoir une offre de qualité sur tous ces plans. Mais je pense que nous pouvons faire beaucoup ensemble et que nous avons un énorme potentiel pour les années à venir.

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