Édition internationale

Préparatifs de l’ASEAN pour la COP30: l’unité régionale face aux défis climatiques

Alors que la 30e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP30) approche, les pays d’Asie du Sud-Est se mobilisent pour faire entendre une voix unie face à l’urgence climatique. Réunis à Langkawi lors de la 18e Réunion ministérielle sur l’environnement, les membres de l’ASEAN ont défini leurs priorités communes, renforcé leur coopération régionale et posé les bases d’une stratégie collective. Entre adaptation, financement, transition énergétique et accès aux technologies vertes, le bloc entend peser davantage dans les négociations mondiales et défendre les intérêts d’une région parmi les plus vulnérables au changement climatique.

Préparatifs de l’ASEAN pour la COP30Préparatifs de l’ASEAN pour la COP30

Une réunion régionale déterminante à Langkawi

Début septembre 2025, la ville de Langkawi, en Malaisie, a accueilli un moment central de la diplomatie environnementale régionale : la 18ᵉ Réunion ministérielle de l’ASEAN sur l’environnement. Cette rencontre de haut niveau a réuni des ministres, des représentants gouvernementaux des dix États membres de l’ASEAN, du Timor-Leste, ainsi que des partenaires internationaux comme l’Union européenne et le Japon. Pendant trois jours, les discussions ont porté sur les grands défis écologiques de la région et la manière de mieux les affronter ensemble.

 

Dirigeants et ministres de l’Environnement de l’ASEAN lors de la 18ème réunion ministérielle de l’ASEAN sur l’environnement
Dirigeants et ministres de l’Environnement de l’ASEAN lors de la 18ème réunion ministérielle de l’ASEAN sur l’environnement

 

Les sujets abordés étaient nombreux : intensification des effets du changement climatique, réduction de la biodiversité, pressions croissantes sur les ressources naturelles, menaces sur la sécurité alimentaire et hydrique... L’ASEAN cherche à construire une réponse collective face à ces enjeux interconnectés. Pour cela, les participants ont insisté sur la nécessité d’unir leurs efforts autour de principes partagés : durabilité, inclusion, innovation et renforcement de la résilience.

La réunion a également permis de renforcer les fondations de la future position commune que l’ASEAN défendra lors de la COP30. L’idée d’un mécanisme régional de coordination plus efficace dans les négociations climatiques internationales a notamment été mise sur la table, illustrée par la proposition de création d’une Alliance de l’Asie du Sud-Est. Cette plateforme permettrait de renforcer la voix collective de la région sur la scène climatique mondiale.

Un bloc face à l’urgence climatique : position commune et priorités

Dans le cadre de cette réunion, les ministres ont également tenu un dialogue stratégique avec le président désigné de la COP30, l’ambassadeur brésilien André Aranha Corrêa do Lago. Ce moment fort a permis de réaffirmer les priorités régionales face à l’urgence climatique, dans un contexte où l’Asie du Sud-Est reste l’une des zones les plus exposées aux effets du réchauffement : élévation du niveau de la mer, phénomènes météorologiques extrêmes, pressions sur les écosystèmes naturels et les populations.

Cinq priorités ont émergé des échanges, traduisant les attentes de la région pour la COP30. Au cœur de ces priorités figure la question du financement climatique. L’ASEAN estime que les ressources actuellement mobilisées à l’échelle mondiale sont largement insuffisantes. Alors que le nouvel objectif mondial est fixé à 300 milliards de dollars par an, les besoins réels des pays en développement, selon les estimations régionales, s’élèveraient à au moins 422 milliards par an d’ici 2030. Cette demande vise à garantir un soutien à la fois pour l’atténuation des émissions, mais aussi pour l’adaptation aux impacts climatiques déjà présents.

Les ministres ont aussi insisté sur la nécessité d’aboutir rapidement à un accord sur l’Objectif mondial d’adaptation (OMA) et sur la mise en œuvre concrète de la Feuille de route de Bakou, outil stratégique visant à accompagner les communautés vulnérables dans le renforcement de leur résilience. Un autre point essentiel concerne le déploiement effectif du Fonds pour les pertes et dommages, qui doit fournir une aide directe aux populations les plus durement touchées par les catastrophes climatiques.

Accélérer la transition énergétique et l’accès aux technologies vertes

Un autre axe fort défendu par l’ASEAN concerne l’accélération de la transition énergétique. Les ministres ont mis en avant l’importance de mettre en place un cadre régional pour le carbone, qui pourrait harmoniser les efforts des pays membres en matière de réduction des émissions, tout en tenant compte des réalités économiques et sociales de chacun.

La région plaide également pour un accès élargi aux technologies propres. Cela inclut non seulement les énergies renouvelables, mais aussi des solutions pour améliorer l’efficacité énergétique, mieux gérer les ressources naturelles et renforcer les capacités de prévision et d’adaptation. Les représentants ont souligné que cet accès doit être facilité par des mécanismes flexibles et adaptés aux pays en développement, sans surcoûts excessifs ni contraintes techniques inaccessibles.

 

Energies renouvelables

 

Dans ce contexte, la proposition de la Malaisie de créer une Alliance régionale dédiée aux négociations climatiques prend tout son sens. Cette entité permettrait aux pays de l’Asie du Sud-Est de mieux se coordonner, de parler d’une seule voix et de défendre une vision commune dans les discussions internationales. Elle viendrait compléter les engagements existants de l’ASEAN au sein du G77 et de la Chine, tout en augmentant la visibilité de la région.

Vers un partenariat renforcé avec les acteurs internationaux

Enfin, la réunion de Langkawi a également été l’occasion de renforcer les liens avec les partenaires stratégiques de la région.

L’Union européenne et le Japon, en particulier, ont échangé avec les membres de l’ASEAN sur des pistes de coopération autour du changement climatique et de l’environnement.

Ces échanges ont mis en lumière l’importance du transfert de technologies, du partage d’expertise et de la mutualisation des bonnes pratiques. Ils montrent également que l’ASEAN ne souhaite pas seulement recevoir un soutien financier ou technologique, mais entend aussi jouer un rôle actif dans la conception et la mise en œuvre de solutions durables à l’échelle mondiale.

À travers ces dialogues, l’ASEAN entend faire valoir son rôle de partenaire responsable, engagé et proactif dans la lutte contre le changement climatique. Les efforts de coordination menés lors de l’AMME-18 témoignent d’une volonté claire : participer pleinement à la réussite de la COP30 en proposant des solutions concrètes, solidaires et adaptées aux réalités de la région.

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