Hô Chi Minh ville est dans le top 10 des villes les plus sujettes à la montée des eaux dans le monde : selon l’ONU, 20% de la métropole sera sous l’eau en 2100. Tout comme pour Jakarta, Tokyo ou encore Singapour qui connaissent le même scénario, des solutions existent.
Les régions côtières juxtaposant Hô Chi Minh-Ville seront les premières touchées. D’après une étude de 2020, des changements durables sont d’ores et déjà perceptibles. Des zones particulièrement soumises à la montée des eaux comme le district de Can Gio voit son économie locale métamorphosée : perte de terres cultivables avec la salinisation des sols et développement de la pêche.
Les glissements de terrain et le manque d’opportunités économiques amènent les populations à se relocaliser dans le centre-ville, ajoutant à la pression démographique déjà présente.
Une ville vietnamienne particulièrement vulnérable
Mais le cœur de la cité n’est pas en reste. Du fait d’un développement explosif ces dernières années et sans réel plan d’urbanisme adapté, les infrastructures ne pourront faire face à la montée des eaux.
Les inondations sont de plus en plus fréquentes avec +85% du centre-ville annuellement inondé pour un coût estimé à 8 milliards de dong.
Pourquoi ? Le système des égouts datant de 50 ans s’est détérioré avec le temps et ne peut supporter des flux toujours plus importants. De surcroît, le drainage naturel des eaux de pluie par un réseau de canaux et rivières n’est plus autant efficace du fait de l’urbanisation.
Cet engloutissement progressif est alimenté par un autre phénomène, l’affaissement de la ville. L’Agence de Coopération Internationale Japonaise démontre que depuis 1990, la métropole du Sud s’enfonce de 2 à 5 cm par an. Les raisons sont multiples : le pompage d’eau douce souterraine, l’extraction de sable et le surdéveloppement urbain sont autant de facteurs qui affectent la stabilité des sols. La ville, sous le poids de ses infrastructures, s’affaisse dans une sorte de cuve, la rendant encore plus sensible à la montée des eaux.
Quelles sont les solutions au Vietnam ?
Pour faire face à cette situation désormais inévitable, de multiples solutions existent et doivent être mises en place le plus tôt possible.
En zone urbaine, le taux d’absorption de l’eau par le sol n’est que d’1/5ème par rapport à un espace non aménagé. Une possibilité serait de limiter les constructions pour préserver la perméabilité des sols avec des zones-tampons. Cela permettrait aussi de réduire les fortes chaleurs des grandes villes tout en assurant la permanence d’espaces verts durant la saison sèche (suivant le modèle de Curitiba au Brésil). De la même manière, une bande d’arbres de 7 à 10 mètres le long des canaux et rivières améliorerait l’absorption pendant les périodes de crues.
La construction d’une digue maritime a été envisagé, reliant Vũng Tàu à Gò Công sur plus de 28km pour limiter la remontée des eaux salines dans les cours d’eau en aval d’Hô Chi Minh-Ville. Cet aménagement aurait perturbé les activités de fret maritime dans la région, motif qui a conduit le Ministère des Transports à s’y opposer.
Enfin, il devient primordial de revoir l’organisation globale de la ville à travers un plan d’urbanisme adapté. Cela comprendrait par exemple la construction de bâtiments résistants aux inondations comme les maisons en béton ultraléger développées aux Pays-Bas ou les habitats sur pilotis de la Fondation Song dans le centre-Vietnam.