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Partir faire un volontariat au Vietnam : conseils et témoignages

Le volontariat pour les Français au VietnamLe volontariat pour les Français au Vietnam
© Mathieu Arnaudet / France Volontaires

Entre voyage, rencontre et solidarité, le volontariat à l’international fait l’objet de nombreux fantasmes. Qu’en est-il de l’expérience réelle sur place ? Les volontaires français au Vietnam vous en parlent.

En France, le volontariat renvoie à un cadre juridique très précis. À la différence du bénévolat[1], le volontariat est un engagement à temps plein dans une une action de solidarité internationale. Encadré par un dispositif légal, il ouvre l’accès à certains droits sociaux et à une indemnité pour des missions définies et inscrites dans le temps. Les deux dispositifs les plus connus sont le Service Civique et le Volontariat de Solidarité Internationale.

 

Sortir des clichés misérabilistes

Le volontariat est un apprentissage, une démarche qui vise à s’ouvrir vers le monde et les autres. À juste titre, il s’accompagne souvent de mots comme ouverture d’esprit ou partage. Alice, ancienne volontaire en Service Civique à Hai Phong, conseille aux futurs volontaires « d’arriver sans idée préconçue, de se laisser surprendre et d’observer pour être sûr de s’adapter de la façon la plus respectueuse possible à la culture et communauté qui les accueille. »

Le volontariat à l’international repose sur l’expérience interculturelle visant à s’ouvrir vers des cultures différentes et ainsi, à déconstruire les préjugés. « Je m’attendais à un pays sous développé » avoue Florian ancien volontaire en Service Civique à Vinh, en arrivant pour la première fois au Vietnam il y a cinq ans, « mais j’ai été bien surpris de voir des grosses voitures sur des routes très propres à Vinh, même si à la campagne on ne peut pas y nier la pauvreté ».

En se confrontant à la réalité, le volontariat vise aussi à sortir des clichés misérabilistes qui perpétuent le paradigme de domination. « Arrêtons avec ces phrases "ils n’ont rien mais ils donnent tout", très souvent suivies de "malgré les difficultés, ils gardent le sourire" », s’exaspère une ancienne volontaire basée à Hanoï.
 

Volontaire français au Vietnam
© Mathieu Arnaudet / France Volontaires


« Il faut essayer d’arrêter d’idéaliser le volontariat »

Disons-le. Partir faire du volontariat à l’étranger n’est pas un acte héroïque. Il faut rester humble, comme le rappelle Florian. « Personne n’est un super-héros, donc ce n’est pas le jeune volontaire qui va sauver le monde. » Au Vietnam, en général, le volontariat ne répond pas à une situation d’urgence humanitaire sauf en cas de catastrophe naturelle, mais s’inscrit dans une démarche de développement à travers des projets montés sur plusieurs années.

La confusion entre les actions de charité et le volontariat est fréquente et tend à une mauvaise compréhension et à une « romantisation » du volontariat. « Il faut essayer d’arrêter d’idéaliser le volontariat » nous dit Léna, volontaire en VSI basée à Hanoï. Comme Florian, elle insiste sur le fait que le statut de volontariat ne s’accompagne pas d’une cape ou d’une tenue rouge et blanche, et préconise même une vision plus pragmatique. « Il ne doit pas venir et endosser la posture de sauveur, vous n’allez pas être au chevet des bénéficiaires de votre projet. En fait, il faut comprendre le volontariat en solidarité à l’international comme il l’est réellement, c’est-à-dire comme du support à l’ingénierie de projet. » Il peut s’agir par exemple de coordination de projet, levée de fonds, communication…
 

volontariat au Vietnam
© Mathieu Arnaudet / France Volontaires


« On ne part pas faire un volontariat à l’international comme on part en vacances »

Faire du volontariat est un projet qui se construit et se mûrit. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, faire du volontariat requiert des compétences et ne se limite pas à de bonnes intentions. « On ne part pas faire un volontariat à l’international comme on part en vacances » souligne un ancien volontaire en VSI basé à Hanoï. « Si c’est le cas, il faut alors se remettre en question ou alors remettre en question votre projet et votre structure d’accueil. » Avant de vous lancer dans un volontariat à l’international, posez-vous les bonnes questions sur vos motivations, les partenaires du projet, la protection des personnes vulnérables, l’impact ou encore sur la prise en charge de la mission…

Pour répondre au désir d’engagement, des agences se sont spécialisées dans les « circuits humanitaires » payants, sans prérequis de compétences. Il ne s’agit plus de volontariat mais de volontourisme[2]. À l’occasion de de la Journée internationale du Volontariat, célébrée chaque année le 5 décembre, un projet de loi contre le volontourisme a été présenté par plusieurs députés dont Madame Anne Genetet, députée de la 11ème circonscription des Français établis hors de France, à l’Assemblée nationale.
 

 

Créer sa bulle de confort et savoir en sortir

Clarisse, ancienne volontaire en Service Civique à Viet Tri, souligne l’importance de bien s’entourer. « Il est important de bien s’entourer, de ne pas hésiter à chercher de l’aide si besoin. » Comme elle, Perrine, volontaire en VSI à HCMV au sein de la CCIFV, insiste sur l’importance « d’aller rapidement à des évènements pour rencontrer de nouvelles personnes, créer un groupe d’amis parce que c’est quand même super important de se sentir entouré et épaulé à l’étranger. »

Se créer une bulle de confort est essentiel pour se ressourcer quand on vit une expatriation. En revanche, il faut éviter le piège de l’entre-soi, comme le rappelle Léna : « Attention à ne pas vous terrer dans votre bulle d’expatrié, surtout dans les grandes villes, ça serait dommage. Essayez de trouver un juste milieu. » Le secret d’une bonne expatriation résiderait dans l’équilibre entre se ressourcer dans sa bulle de confort et savoir en sortir. « Identifiez vos barrières invisibles une fois sur place » préconise Perrine avant de conclure : « Ne vous imposez pas de limite, vous avez déjà fait le pas de vouloir partir à l’étranger, d’arriver dans un nouveau pays, donc lancez-vous dans l’aventure jusqu’au bout ! ».
 

volontariat au vietnam
© Mathieu Arnaudet / France Volontaires


La situation sanitaire a impacté le secteur du volontariat au Vietnam. Depuis la fermeture des frontières en mars 2020, les arrivées de nouveaux volontaires se font au compte-gouttes. Il y a de moins en moins de volontaires sous dispositif au Vietnam. Les ONG et autres structures se tournent davantage vers un recrutement local. En 2020, France Volontaires Vietnam a recensé au total 89 volontaires engagés dans un dispositif de volontariat français.

Pour vivre une expérience de volontariat utile pour les personnes que l’on va côtoyer comme pour soi, il faut donc pouvoir trouver la forme d’engagement en adéquation avec ses motivations, son profil et les objectifs que l’on se donne. Pour cela, France Volontaires a mis en ligne un Guide des volontariats internationaux d’échange et de solidarité.

France Volontaires est présent au Vietnam pour vous guider dans vos projets de solidarité, nous sommes joignables par mail à l’adresse suivante ev.vietnam@france-volontaires.org et par téléphone au 024 35 38 08 81.

Selon la situation sanitaire, vous pouvez aussi venir nous rendre visite à notre bureau principal à Hanoï situé au 7ème étage, 100 Thai Ha, dans le district de Dong Da ou à Hô-Chi-Minh ville au sein même du Consulat Général de France
 


[1] Contrairement au volontariat, le bénévolat est un engagement à temps partiel. Ses activités sont régulières, ponctuelles ou temporaires selon le temps libre du bénévole. Le bénévole ne reçoit aucune indemnité mais peut percevoir une rémunération en nature (repas, logement).

[2] Forme de tourisme conjuguant voyage et engagement volontaire, le volontourisme promet à des individus désireux de s’engager pour une cause, la découverte de nouvelles cultures tout en venant en aide à des communautés locales. Si les intentions de départ paraissent louables, dans les faits, des organisations proposent des séjours payants dont le modèle économique repose sur les profits tirés de cet engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général. Jouant sur la quête de sens des personnes en désir d’engagement, ces pratiques dérogent aux principes de qualité du volontariat. Cette « marchandisation » du secteur du volontariat entraîne des dérives dont les effets peuvent être plus ou moins graves pour les communautés d’accueil comme pour les personnes participant à ces séjours. (source: France Volontaires).

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