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Journal d'une famille confinée à Hoi An - La liberté

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Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 17 août 2020, mis à jour le 19 août 2020

Ce dernier épisode raconte le dénouement du Journal de bord d'une famille confinée à Hoi An.
 

15ème jour - 16-17 août - La liberté

Il est 14h. Un texto tombe. Ce soir, à minuit, nous sommes libérés. Cette nouvelle est un énorme bol d’air. Un bouton « on » qui déclenche toute une série de projets. Dès demain, nous irons marcher sur la plage, nous baigner… tout en respectant toutes les consignes de sécurité bien entendu. D’ailleurs, plus la libération approche, plus nous respectons les règles. Nous sommes parfaits, irréprochables. Nous ne voulons pas courir le moindre risque de retarder notre libération !

Dans le quartier, l’ambiance est à la fête. Enfin, non. Pour être plus précis, l’ambiance est à l’échauffement et à la préparation en attendant le « top départ ». Depuis 14 jours, les habitants se déplacent essentiellement à vélo ou à pied au point que nous avions presque oublié l’existence des xe tay ga et des xe so – les motos - qui ont brusquement réapparu.

Nos trois rues si paisibles seront bientôt traversées par les motos, surtout la nôtre qui est un axe de circulation principal. Nos trois rues devenues piétonnes vont réappartenir à tout le monde. Nous qui ne faisions plus du tout attention à nos enfants allant et venant librement dans notre petit mouchoir de poche totalement sécurisé, nous allons reprendre nos habitudes de citadins et les sermonner de « Fais attention aux motos ! », « Regarde-bien à droite et à gauche avant de traverser », etc.

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19h. Je pars acheter quelques bières histoire de fêter l’événement. Le plan ? Aller chez nos amis français, attendre jusqu’à minuit et filmer l’ouverture du quartier.

20h. En plein dîner, coupure d’électricité générale. Averses et éclairs. Le ciel est de la partie visiblement. Tout le quartier est sans lumière jusqu’à 22 heures. Nous sortons les bougies… Non, je blague. Nous sortons nos portables et poursuivons nos activités. Puis nous rejoignons nos amis français pour fêter l’événement. S’ensuit une longue, très longue discussion qui nous fait louper minuit et nous conduit jusqu’à 1 heure du matin, heure à laquelle nous sortons pour voir à quoi ressemble la liberté.

1h05 du matin. Les barrières se sont volatilisées, tout comme les gardiens. Plus une trace de notre temps de confinement. Etrange sensation. Nous sommes heureux. D’une joie simple. Nous sommes libres, simplement, normalement. Nous marchons jusqu’à la plage. Nous mettons nos pieds dans l’eau, toujours aussi chaude, admirant au loin les lumières des bateaux de pêche. Regarder loin devant soi, c’est si bon.

8h. Ma voisine d’en face est toujours assise, sans bouger. Elle me sourit. Des motos passent dans la rue. J’entends même quelques coups de klaxons. La vie vietnamienne « normale » coule de nouveau dans notre rue. Le temps s’était un peu arrêté pendant cette quatorzaine. Il a repris sa course.

Dans une heure, nous irons à la plage.


Si vous avez aimé ces quelques récits de confinement écrits par Sylvain Sismondi, vous pouvez lire d'autres chroniques vietnamiennes du même auteur sur la page Facebook Une minute pour toi.