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Journal d'une famille confinée à Hoi An - Questions d'eaux

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Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 10 août 2020, mis à jour le 12 août 2020

Le troisième épisode du journal de bord d'une famille confinée à Hoi An nous plonge dans l'univers des fleuves, des rivières, de la mer et de la saison des pluies au Vietnam.
 

9 août (8ème jour) - Questions d’eaux

C’est un confinement bien au chaud, sous un soleil de plomb et sans pluie.

Pendant que notre quartier grille littéralement sous le soleil, nous recevons d’impressionnantes photos de notre belle Saïgon sous les eaux.

Pendant nos deux premières années au Vietnam, j’adorais la saison des pluies : le ciel gris foncé avec ses nuages lourds et noirs qui gronde avant de déverser ses eaux, l’électricité statique illuminant les nuages, les trombes d’eau d’une puissance phénoménale, les inondations dans les rues de la ville qui obligent à jouer les skippers avec sa moto, la vapeur flottant au-dessus du bitume après une averse, l’odeur de la pluie… J’adorais. Au début.

Aujourd’hui, c’est différent. L’exceptionnel est devenu la normale. Et comme beaucoup d’étrangers pris par leur vie quotidienne ici, je vois davantage les contraintes de cette saison des pluies qui balaie le sud du Vietnam du mois de mai au mois d’octobre. Heureusement, quand je fais l’effort d’ouvrir mon esprit à la contemplation, je suis touché par ces manifestations spectaculaires de la nature.

Le Vietnam est un pays d’eau. D’ailleurs, le mot nước signifie à la fois « eau » et « pays ». C’est dire.

sylvain sismondi vietnam


Les sujets liés à l’eau sont tellement nombreux qu’on pourrait écrire un ouvrage en dix tomes. En voici quelques-uns qu’il faudrait traiter :

  • Les problèmes liés au partage du Mékong par plusieurs pays
  • La pollution des fleuves et des rivières du Vietnam, et de la mer bien entendu
  • Les inondations qui font chaque année des centaines voire des milliers de morts
  • Le traitement des eaux usées
  • Le commerce de l’eau par les grandes entreprises
  • La multiplication des périodes de sécheresse dans certaines régions
  • La salinisation de certaines eaux
  • Les barrages et les réservoirs
  • La montée du niveau de la mer
  • La surexploitation des nappes phréatiques…

À vrai dire, dès qu’on parle d’eau et qu’on creuse un peu, on ouvre la boite de Pandore et on découvre une succession de problématiques qui font souvent froid dans le dos. Mais je n’ai ni le courage, ni l’envie de traiter ces sujets, aussi intéressants et essentiels soient-ils. Ça me déprime.

Je préfère encore m’entretenir dans l’idée (ou l’illusion, je ne sais pas), que des esprits brillants et motivés prennent ces problèmes à bras le corps. Car l’avenir du Vietnam en dépend. J’ai choisi de croire que des sortes de « pompiers de l’environnement » doués d’une conscience droite et d’une volonté infaillible sont en train d’agir et de sauver la planète. Bien sûr, chacun doit agir à son niveau etc. etc. etc. Je sais, merci. En attendant, je préfère voir l’eau sous ses plus beaux reflets.

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Comme je le disais dans un post précédent, notre petit mouchoir de poche est délimité par une rivière, par l’eau. En réalité, ce n’est pas une rivière mais un bras de mer qui remonte assez loin à l’intérieur des terres. C’est un lieu d’évasion et de méditation pour nous qui sommes enfermés dans cet ilot. Il suffit de regarder l’eau, plane, reflétant les cieux, pour se sentir mieux. Comme la neige, l’eau a ce pouvoir : elle recouvre toute souillure d’un reflet immaculé. Il suffit de contempler la mer, un fleuve ou une rivière pour être touché par la beauté. Il suffit de regarder ces étendues liquides pour être dans un contact plus proche avec les cieux. Chaque rivière, chaque lac, chaque mer, est une respiration pour l’âme et un repos pour le regard. Une sorte de porte vers le ciel.

Lorsque nous marchons dans cette petite rue magique qui longe la « rivière », des pécheurs reprisent leurs filets, d’autres jouent aux échecs ou prennent un café… toutes les familles se sont faites un chez eux, le long de la rivière. Que je les comprends. Il y a aussi ce pêcheur retraité qui, pour être tranquille, va se réfugier dans son embarcation en fin d’après-midi, siroter quelques bières et passer quelques coups de fil, au fil de l’eau.

Dans cette rue bénie. Tout est calme. Le rythme est lent et l’ambiance paisible. Ils sont là, près de la rivière, comme si c’était leur mère. Pourquoi aller ailleurs ? Et si nous étions confinés pour découvrir cela ? Pourquoi courir et partir au bout du monde puisque tout est là ?

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Auteurs : Sylvain Sismondi et sa famille