Le gouvernement vietnamien lance un vaste plan de modernisation de l’enseignement supérieur. Quatre universités stratégiques recevront d’importants investissements pour rejoindre le top 150 des établissements asiatiques d’ici 2030, avec pour ambition de faire du Vietnam un nouveau pôle d’innovation et de recherche en Asie du Sud-Est.


Un plan stratégique pour transformer l’enseignement supérieur
Le gouvernement vietnamien a annoncé une stratégie ambitieuse visant à propulser quatre universités nationales parmi les 150 meilleures d’Asie d’ici à 2030. Ce plan, dévoilé le 30 septembre par le Comité directeur central sur la science, la technologie, l’innovation et la transformation numérique, marque une étape majeure dans la volonté du pays de renforcer son enseignement supérieur et sa capacité d’innovation.
Les établissements concernés, l’Université nationale du Vietnam à Hanoï, l’Université nationale du Vietnam à Ho Chi Minh-Ville, l’Université des sciences et technologies de Hanoï ainsi que l’Université de Da Nang, seront au cœur de ce vaste programme de modernisation.
Des objectifs clairs et ambitieux
Le plan gouvernemental fixe des cibles particulièrement ambitieuses. Chaque université devra attirer au moins 50 millions de dollars par an en financement de recherche, lancer 50 startups innovantes chaque année et faire émerger 10 entreprises prospères valorisées à plus de 200 millions de dollars entre 2026 et 2030.
Pour l’instant, les universités vietnamiennes restent encore loin des standards régionaux. D’après le classement QS, VNU Hanoï et VNU Ho Chi Minh-Ville occupent respectivement les 161e et 184e places en Asie, tandis que l’Université des sciences et technologies de Hanoï se situe au 338e rang, et celle de Da Nang entre les 421e et 430e positions.
Une transformation académique
Afin de renforcer leur attractivité et leur compétitivité, le gouvernement impose une profonde transformation académique. D’ici 2030, 60% des programmes scientifiques, technologiques et d’ingénierie devront être dispensés en anglais. Les universités seront également incitées à conclure des accords de double diplôme avec les 200 meilleures institutions mondiales.
Par ailleurs, la moitié des cours devront inclure des projets pratiques, des stages obligatoires ou des travaux de recherche appliquée. Le plan prévoit aussi une montée en puissance du niveau des études : 30% des étudiants devront être inscrits en troisième cycle, dont 40% d’entre eux au doctorat.
Pour attirer des talents de haut niveau, les universités seront tenues d’exonérer les frais de scolarité pour tous les doctorants à partir de l’année universitaire 2026-2027. Ces derniers bénéficieront de bourses sous forme d’assistanats d’enseignement et de recherche et devront passer au moins dix mois à l’étranger dans des établissements d’excellence.
Les enseignants-chercheurs, quant à eux, auront la possibilité d’effectuer une année de recherche tous les cinq à sept ans dans des laboratoires ou centres de Recherche et Développement internationaux de premier plan.
Une autonomie financière encore à construire
Sur le plan économique, le gouvernement fixe un objectif clair : d’ici 2030, au moins 35% des revenus des universités devront provenir de la recherche, du transfert de technologie et de l’innovation. Or, aujourd’hui, la majorité des établissements vietnamiens en sont encore loin. Même parmi les treize universités dont le chiffre d’affaires dépasse 1 000 milliards de VND (environ 38 millions de dollars), seule l’Université d’Économie de Ho Chi Minh-Ville s’approche de cet objectif avec 27,6 % de revenus liés à la science et à la technologie, tandis que la plupart des autres ne dépassent pas 11 %.
Une collaboration Etat-Entreprises-Universités
Les quatre universités devront soumettre d’ici novembre leurs plans d’action détaillés pour améliorer leur position dans les classements régionaux et proposer de grands projets d’infrastructures scientifiques et technologiques, notamment dans les secteurs stratégiques.
Le gouvernement mobilisera plusieurs ministères, les entreprises publiques ainsi que les autorités locales de Hanoï, Da Nang et Ho Chi Minh-Ville pour soutenir cette initiative. L’objectif est de bâtir un “modèle à trois piliers” associant universités, entreprises et gouvernement, destiné à stimuler l’écosystème de l’innovation et des startups au Vietnam.
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