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Fête des professeurs - journée des enseignants au Vietnam: une tradition bien à part

Fête des professeurs - journée des enseignants au VietnamFête des professeurs - journée des enseignants au Vietnam
Écrit par Lepetitjournal Ho Chi Minh Ville
Publié le 18 novembre 2022, mis à jour le 4 décembre 2023

C’est le 20 novembre que tombe le jour J. Chaque année, dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités, les enseignants sont célébrés en grande pompe : c’est « leur » journée.

Au Vietnam, pays de tradition confucéenne s’il en est, celui qui détient et transmet le savoir jouit d’une considération particulière. Au pays de Nguyen Du et de Chu Van An, la notion d’élévation par le savoir n’est pas un vain mot.
Mais pourquoi cette date du 20 novembre ? Pour bien comprendre, il faut remonter à 1949 et à l’adoption par la Fédération internationale syndicale de l’enseignement (créée à Paris en 1946), d’une Charte en 15 points.  

C’est cette Charte que le Vietnam (qui est devenu membre de la Fédération en 1953) a tout d’abord voulu célébrer en décidant que le 20 novembre allait devenir la journée de la Charte des enseignants.

Nous sommes alors en 1958 et le pays est encore divisé en deux. A la réunification, en 1975, le 20 novembre devient la journée de l’Education nationale. Il faudra attendre le 28 septembre 1982 pour qu’un décret gouvernemental en fasse la journée des enseignants vietnamiens.

 

Scène des enfants au Vietnam

 

40 ans après, la tradition demeure, très solidement ancrée dans les mœurs.

Que se passe-t-il donc, le 20 novembre ?

Lorsqu’arrive le jour J (ou le jour ouvrable le plus rapproché, si besoin est), les établissements scolaires organisent tous une grande cérémonie au cours de laquelle les enseignants sont mis à l’honneur, à grands renforts de discours, de bouquets de fleurs, de chansonnettes et de saynètes, qui ont parfois nécessité des heures de répétition. Dans les écoles primaires, chaque classe aura préparé au préalable une sorte de grand tableau, avec des poèmes copiés et décorés avec le plus grand soin par les enfants, poèmes qui sont bien sûr dédiés à leurs chers enseignants.

 

Tableau de récompense : mots des enfants à leur professeur

 

Voilà pour l’aspect le plus « cérémoniel ». Sinon, il faut savoir qu’il est de tradition, le 20 novembre, d’offrir des cadeaux aux professeurs. Bien souvent, les parents d’une classe donnée cotisent et viennent en délégation pour remettre en main propre un présent, assorti de l’inévitable bouquet de fleurs et de la salve d’applaudissements de rigueur.

Mais attention, cela n’empêche pas les initiatives personnelles… Il n’est pas rare qu’un élève fasse, en son nom propre ou en celui de sa famille, un cadeau (les marchands de produits de beauté ou de cravates sont alors eux-aussi à la fête !). Dans les écoles primaires, lorsque les enfants en sont encore à cet âge que d’aucuns disent « tendre », ça donne parfois des choses très touchantes : très souvent de simples dessins, d’une émouvante naïveté : de ces « chefs d’œuvre » que l’on collectionne pieusement et que l’on ressort, de temps à autre.

Autre tradition du 20 novembre : les visites à ses anciens établissements scolaires et ses anciens professeurs. Là aussi un moment souvent émouvant, de retrouvailles, mêlées de gratitude. L’occasion, pour les jeunes qui avancent dans leur parcours scolaire ou universitaire, de faire acte de reconnaissance envers celles et ceux qui ont accompagné leurs premiers pas, et qui se retrouvent ainsi associé à leur réussite.

 

Professeurs et enseignants sont célébrés au Vietnam

 

Les professeurs ou intervenants étrangers qui travaillent dans des établissements vietnamiens ne sont pas oubliés, loin s’en faut… Ils sont même particulièrement gâtés : signe, s’il en fallait un, que le Vietnam s’ouvre au monde.

Une tradition avec un T majuscule

Pour les Français que nous sommes, cette tradition du 20 novembre a de quoi surprendre, au premier abord. Souvenons-nous en effet de nos vertes années : lorsque nous disions, à propos d’un professeur, que nous allions « lui faire sa fête », il s’agissait… de tout autre chose !

Mais le Vietnam sera toujours le Vietnam et le respect dû aux enseignants y est une tradition plurimillénaire, dont on trouve d’ailleurs trace dans bien des dictons populaires… « Qu’il t’ait appris un mot ou même un demi-mot, c’est ton maître », « Sans ton maître, tu n’aurais rien pu faire », « Si tu veux que ton enfant réussisse dans les études, vénère son maître », pour ne citer que ceux-là.

 

Danse et cérémonie des enfants vietnamiens

 

Autre chose à savoir : selon l’éthique confucéenne, le maître occupe une place supérieure à celle du père de famille dans les trois liens sociaux fondamentaux : roi-maître-père. Il va de soi que les choses ont évolué, mais dans la société vietnamienne d’aujourd’hui, l’enseignant reste tout de même un personnage a priori digne de la plus grande considération.

 

« À l’école, je dois écouter ce que dit le maître, faire ce qu’il dit de faire. Je lui dois une obéissance absolue. J’aime et je respecte mon maître, tout comme j’aime et je respecte mes parents », apprenait-on jadis aux enfants de 6 ans.

Un témoignage, pour conclure, d’un expatrié français vivant à Hanoï, dont l’appartement est situé juste au-dessus de celui d’un couple de personnes âgées, ses propriétaires. Pas plus tard que dimanche dernier (13 novembre, donc), ces derniers avaient réunis tous leurs enfants et petits-enfants, nous a raconté cet expatrié. Le but de la réunion ? Encourager la jeune génération à étudier avec sérieux et assiduité. Et de fait, pendant une bonne demi-heure, les enfants sont restés sagement assis, à écouter les leçons de bonne conduite scolaire de leurs aînés…

Qu’on se rassure néanmoins, ils ont ensuite eu droit à des bonbons !