Deux jours après le signalement du premier cas importé de coronavirus « mutant », les autorités vietnamiennes ont annoncé ce lundi l'achat de 30 millions de doses du vaccin AstraZenaca/Oxford. En parallèle, les tests sur l'Homme au Vietnam et les négociations avec plusieurs laboratoires internationaux se poursuivent.
Une situation sanitaire maîtrisée mais fragile
1494 cas de coronavirus ont été détectés au Vietnam depuis les débuts de la pandémie, soit une moyenne de 4,3 nouveaux cas par jour. Parmi ces personnes, dont plus de la moitié ont été testées et isolées dès leur arrivée de l'étranger, 117 sont toujours en cours de traitement et 35 ont rejoint l'au-delà. Ainsi, ce pays de 97,7 millions d'habitants, voisin de la Chine, figure aujourd'hui en 170ème position mondiale en ce qui concerne le nombre de cas recensés au cours des 12 derniers mois. Une belle performance, régulièrement saluée par les média locaux et internationaux.
Les autorités du pays ne se reposent pourtant pas sur leurs lauriers. Occasionnellement, quelques affaires rappellent que la réapparition du virus peut dépendre d'une unique personne. Début décembre, le manquement aux obligations de quarantaine d'un steward a failli provoquer une nouvelle vague de contamination à Hô Chi Minh-Ville. Puis, ces derniers jours, le gouvernement dévoilait l'histoire d'un groupe de six personnes entrées illégalement dans le pays depuis le Cambodge et dont certains furent identifiés ultérieurement comme porteurs du virus.
Ces menaces ayant été successivement écartées grâce à la réactivité des autorités locales, il en est une nouvelle qui pèse sur le pays. Samedi dernier, le ministre de la Santé a annoncé l'apparition du premier cas de coronavirus « mutant » dans le pays, ou, plus précisément, aux portes du pays. La personne ayant contracté cette nouvelle souche de coronavirus est une femme de 44 ans de retour du Royaume-Uni et mise en quarantaine à son arrivée. Après un test positif le 24 décembre, les chercheurs ont confirmé le 2 janvier que cette personne était en réalité porteuse de la mutation du coronavirus en provenance de Grande-Bretagne, et dont le taux de contagion serait entre 40 % et 70 % supérieur à celui de la forme initiale du virus. De nombreux laboratoires internationaux ayant mis au point un vaccin anti-Covid présument que celui-ci sera également efficace contre cette forme mutante du coronavirus et multiplient les essais afin de vérifier cette hypothèse.
Gov't has decided to temporarily suspend inbound flights from countries and territories that have reported new #COVID19 variants https://t.co/Jr9nA6J7nn pic.twitter.com/EAnxKn57TV
— Viet Nam Government Portal (@VNGovtPortal) January 6, 2021
Le Vietnam « sprinte » pour préparer la vaccination de sa population
Ce lundi, le gouvernement annonçait avoir signé une promesse d'achat de 30 millions de doses du vaccin développé conjointement par AstraZeneca et par l'université d'Oxford. Présentant le double-avantage d'être bon marché (2,5 € par dose) et d'être conservable à la température d'un réfrigérateur, ce vaccin permettra au Vietnam d'immuniser 15 millions de personnes. Pour vacciner les 85 % restants de sa population, le Vietnam négocie avec d'autres acteurs pharmaceutiques internationaux engagés dans la lutte contre la Covid-19, notamment avec Pfizer Inc (Etats-Unis) et Spoutnik V (Russie).
Au niveau local, quatre laboratoires pharmaceutiques planchent sur le sujet : Nanogen, IVAC, Vabiotech, et Polyvac. Nanogen est le premier avoir lancé une phase d'essais cliniques sur l'Homme au Vietnam. 18 jours après le début des tests, tous les participants sont en bonne santé et aucune anomalie n'a été détectée. En seconde position dans cette course contre la montre, The Institute of Vaccines and Biologicals (IVAC) vient de proposer au ministère de la Santé d'enclencher sa phase de tests sur l'Homme dès le mois de janvier, soit deux mois plus tôt que prévu. Vabiotech devrait emboîter le pas en mars.
Les défis restent nombreux avant que le Vietnam ne vaccine l'entièreté de sa population. Certes, aucun vaccin n'est encore disponible dans le pays mais dès que ce sera le cas, il est probable que le processus soit rapide : selon une étude menée par les instituts de sondage BVA et WIN, 98 % des Vietnamiens sont prêts à se faire vacciner contre 44 % des Français, ce qui place les deux nationalités aux extrémités opposées de ce classement regroupant 32 pays.