Dans un reportage télévisé tout en nuances, Georges Blanchard, fondateur de l'ONG Alliance Anti Trafic, donne une voix aux victimes, aux bourreaux et aux acteurs mobilisés contre la traite humaine dans le pays.
« J'étais un enfant heureux avec une famille stable. Puis, tout a changé. » Arrivé au Vietnam en 1992, Georges Blanchard a créé l'ONG Alliance Anti Trafic neuf ans plus tard, laquelle est venue en aide à plusieurs milliers de victimes d'exploitation sexuelle en Asie. Son combat a été récompensé par le Trophée Social & Humanitaire des Français de l'étranger en 2020. Dans ce documentaire de 25 minutes publié sur la chaîne nationale VTV1, Georges Blanchard évoque son histoire et les origines de son engagement social en France puis au Vietnam.
Pourtant, Georges n'est pas le héros de ce reportage, dont il est l'initiateur. La caméra filme une multiplicité d'acteurs engagés contre l'exploitation sexuelle des femmes et des enfants au Vietnam. Alliance Anti Trafic collabore notamment avec les autorités, les écoles et la police fédérale internationale pour effectuer un travail de prévention, de sauvetage et de réinsertion.
Pour les rescapées, souvent réticentes à témoigner, la sortie de l'enfer ne signifie pas nécessairement un retour harmonieux. Jugées et discriminées pour avoir livré leur corps sous la contrainte, elles ont peine à se réintégrer dans la vie "normale". Traumatisées et honteuses, certaines deviennent même trafiquantes à leur tour.
Le reportage donne également la parole aux bourreaux, ceux qui ont fait croire à une vie meilleure en Chine, en Malaisie ou en Thaïlande. Ces derniers affichent parfois une mauvaise foi aussi détonante qu'étonnante : « Je ne les ai pas dupées, ce sont elles qui m'ont séduites. » ricane une femme interpelée pour trafic humain.
C'est dans cette diversité des témoignages et dans le parti pris de la nuance que réside la richesse de ce documentaire, dont on pardonne volontiers les lacunes techniques. La vérité y est exposée frontalement, dans toute sa complexité. Le défi est immense, les solutions faillibles, tout comme l'humain, mis au cœur de ce reportage.
Il est temps de nous questionner, à savoir ce que nous ferions si ces victimes étaient nos fils, nos filles, nos frères ou nos sœurs.