Vieille de deux millénaires et proche cousine de la médecine traditionnelle chinoise, la médecine traditionnelle vietnamienne se base sur la recherche d'un équilibre énergétique. Elle est toujours pratiquée aujourd'hui au Vietnam, même si la médecine occidentale moderne y est désormais prépondérante, notamment dans les grandes villes.
Technique Giac Hoi
Dans la médecine traditionnelle vietnamienne, l'équilibre du Qi, l'énergie vitale qui habite chaque personne, est primordiale.
Le principe est simple : tous les êtres humains sont constitués des mêmes organes et éléments (os, muscles, c?ur, ?) qui fonctionnent pourtant différemment car ils sont animés par une énergie qui leur est propre. Ainsi, c'est le déséquilibre de cette énergie qui est considérée comme étant à la base des différents maux.
Une fois l'origine du déséquilibre connue, il suffit donc de rééquilibrer l'énergie. Le principe est simple.
L'acupuncture (qui est certainement la technique traditionnelle qui s'est le plus développée à l'occident), la moxibustion (réchauffement des aiguilles), l'électro-stimulation, la réflexologie plantaire et la pharmacopée (conseils en compléments alimentaires naturels) sont des techniques de base de la médecine traditionnelle vietnamienne.
On voit également souvent des Vietnamiens avec des traces rouges et rondes sur le dos ou les épaules. Ce sont les marques laissées par la mise en place de ventouses, qui enlèvent les stagnations de sang ou d'énergie.
Cette technique, appelée Giac hoi, est très efficace contre le rhume par exemple.
Une autre technique très répandue au Vietnam est l'acupression, qu'on appelle Bâm-Châm, et qui représente une pression digitale ou manuelle appliquée sur les points d'acupuncture. Ses deux formes les plus courantes sont le « Bâm-Châm du pied » et le « Bâm-Châm assis ». La première associe acupression et réflexologie dans le but de procurer détente et relaxation, mais aussi pour soulager certaines douleurs. Quant à la seconde, elle s'occupe du haut du corps dans le but de procurer de la détente et de favoriser la circulation du Qi. On la pratique couramment dans la rue et même aux terrasses des cafés.
Les Vietnamiens se soignent également beaucoup par les plantes. Et c'est dans le choix des plantes utilisées que réside une des principales différences avec la médecine traditionnelle chinoise. En effet, le Vietnam connaissant un climat plus tropical que son voisin du nord, il a fallu trouver des substituts indigènes aux plantes qui ne pouvaient pousser sur place et dont l'importation s'avérait trop coûteuse pour la majorité des gens.
Un traitement traditionnel à base de plantes consiste à bâtir à fleur de peau des moxas, des petites boules de plantes semblables à du coton. On peut également placer la boule sur un morceau de gingembre et l'allumer. L'idée est de créer le maximum de chaleur sans brûler le patient. La méthode est censée soulager efficacement certains maux telle que l'arthrite.
Une autre dimension particulière de la médecine traditionnelle vietnamienne est la proximité de son enseignement avec le bouddhisme, le taoïsme ou encore le confucianisme. Ainsi, l'apprenti médecin est invité à étudier aussi bien les arts que les sciences. Il doit développer la vertu d'humanité si nécessaire à la relation praticien-patient. Pour le soignant, être « artiste » s'avère important parce que cela lui permet d'élever son intuition, atout capital pour poser un diagnostic. La musique, la peinture, la sculpture, la poésie, l'art floral, l'art culinaire et l'art du thé enrichissent donc la formation médicale. En contrepartie, le patient sera invité à des pratiques similaires pour stimuler sa réhabilitation.
Le bien-être de chacun joue donc un rôle primordial dans l'apparition des maladies ainsi que dans le maintien de la santé ou dans la guérison.
Selon Ho Chi Minh, « nos pères avaient des expériences nombreuses et précieuses dans le traitement des maladies avec des médicaments vietnamiens et chinois. Pour élargir le domaine de la médecine, attachez une grande importance à l'étude de la médecine traditionnelle, efforcez-vous d'allier cette dernière à la médecine moderne ».
Et aujourd'hui, on ressent de plus en plus un mélange des pratiques modernes et traditionnelles même si dans les hôpitaux les plus modernes le choix des traitements dépend, en réalité, de plus en plus de la capacité du patient à payer les factures?
Et c'est dans les provinces les plus reculées que la médecine traditionnelle est la plus présente. Certainement par manque d'équipement et de moyens pour développer la médecine moderne.
Ainsi, comme le rappelait le Dr Margaret Chan, directeur général de l'OMS, lors d'un discours à Pékin en 2008, « il ne faut pas opposer la Médecine Traditionnelle et la médecine Occidentale. Dans le contexte des soins de santé primaires, les deux peuvent se compléter harmonieusement et il convient d'utiliser les meilleures caractéristiques et de compenser les points faibles de chacune (?). La médecine traditionnelle a beaucoup à offrir, mais les solutions qu'elle offre ne peuvent toujours remplacer l'accès à des médicaments modernes efficaces ou à des mesures d'urgence qui pour des millions de personnes sont une question de vie ou de mort. »
Marielle Capelle (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 13 Juin 2016