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Courir sous un ciel pollué : quand l’air de Hanoï met les corps à l’épreuve

Port du masque, distances parcourues réduites ou le refus de sortir de chez soi : à Hanoï, la pollution de l’air affecte directement le quotidien des habitants. Le manque de prise de conscience et de mesures inquiète.

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Écrit par Eloise Le Lore
Publié le 29 décembre 2025

Hanoï figure aujourd’hui parmi les villes les plus polluées au monde. En 2024, la capitale vietnamienne se classait 7 ème selon IQAir. Ses habitants inhaleraient l’équivalent de deux cigarettes par jour simplement en respirant l’air ambiant. En cause principalement : les particules fines PM2,5, invisibles mais extrêmement nocives, capables de pénétrer dans les poumons. L’Organisation mondiale de la santé les qualifie même de « tueurs silencieux », elle recommande d’ailleurs une concentration annuelle moyenne inférieure à 5 µg/m³, un seuil largement dépassé à Hanoï.

Ainsi, s’il faut déjà lutter au fur et à mesure de la journée pour respirer correctement en marchant, pratiquer un sport en extérieur devient un véritable défi. Dans ce contexte où les coureurs sont particulièrement exposés, Gunay Sardarova, 24 ans, originaire d’Azerbaïdjan et fondatrice du club de running SheRunsHanoi créé en juin 2025, constate ces effets au quotidien lors de ses entraînements : « Cela dépend des personnes, mais pour moi, je me fatigue plus facilement et mon corps s’affaiblit rapidement. »

Ces conséquences ne sont pas uniquement individuelles car elle partage également que : « Certaines membres du club préfèrent renoncer à courir lorsque les niveaux de pollution sont trop élevés. Oui, certaines filles annulent les entraînements, donc cela affecte mon club de running. »

Au-delà du sport, la pollution modifie aussi les habitudes de vie. Pour se protéger au quotidien, Gunay a dû adapter certains gestes : « La pollution affecte ma peau, alors je porte un masque tous les jours à cause de la pollution et du soleil. »

 

Des solutions à partir de juillet 2026

 

Si la pollution de l’air est régulièrement évoquée par les autorités locales, les mesures concrètes mettent plus de temps à se généraliser. Pour la jeune femme de 24 ans, « la solution serait d’imposer des restrictions strictes, comme limiter l’accès des moteurs à certaines routes ».

Malgré les discussions en cours, la pollution semble, d’année en année, préoccuper de plus en plus. En juillet 2026, la ville de Hanoï a annoncé vouloir réduire progressivement la présence des motos à essence dans le centre-ville. Une mesure qui s’annonce difficile à appliquer, les deux-roues restant le moyen de transport le plus abordable et le plus utilisé par la population.

Les enjeux sont majeurs en matière de santé publique. A Hanoi, la pollution de l’air a déjà causé plus de 5 800 décès, soit 32 % des morts liées à la pollution à l’échelle nationale. Face à cette situation, le gouvernement vietnamien a aussi approuvé un Plan d’action national pour la lutte contre la pollution et la gestion de la qualité de l’air pour la période 2026-2030, avec une vision à l’horizon 2045.

Ce plan prévoit 28 projets prioritaires, le renforcement de la réglementation environnementale, un meilleur contrôle des émissions, la gestion des chantiers et la création d’espaces verts, en particulier à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville. À partir de 2030, l’objectif est de réduire les niveaux de PM2,5 à Hanoï de 5 µg/m³ en moyenne tous les cinq ans, afin d’atteindre les normes nationales d’ici 2045, comme le prévoit l’OMS.

En attendant, pour les sportifs de la capitale, chaque sortie rappelle une réalité difficile : à Hanoï, courir, c’est aussi apprendre à respirer dans un air de plus en plus nocif.

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