Il est amoureux de la montagne, des belles images et du sport. Valentin Orange est expatrié au Vietnam depuis 2015 et a franchi presque toutes les plus belles lignes d’arrivée en courant. Portrait d’un trailer de haut niveau, l’un des favoris des courses vietnamiennes.
Né en Normandie il y a 31 ans, Valentin Orange grandit à Cherbourg. A 23 ans, il décide de partir en Corée du Sud. Puis, une opportunité de service civique l’amène au Vietnam en 2015. Coup de cœur puis coup de foudre, il s’y installe. Depuis, il multiplie les compétitions de trail, et se hisse souvent sur le podium. A travers son parcours de haut athlète, Valentin Orange nous raconte comment la course à pied a évolué dans le pays ces dernières années.
La course à pied, une passion naissante au Vietnam
Valentin Orange achète sa première paire de running en Corée du Sud. Petit à petit, ses foulées sont plus agiles et plus longues. En 2015, il s’inscrit à sa première course, un semi-marathon à Hanoi. « J’ai mis 1h31, il parait que c’était bien. A la fin, on me parle du « Vietnam Mountain Marathon », à Sapa. Je ne connaissais pas le trail. Je me dis, pourquoi pas… ». A l’époque, la course à pied et le trail ne sont pas démocratisés au Vietnam.
Il s'entraîne et, 8 mois plus tard, il franchit la ligne d’arrivée après 6h20 d’effort « Cette course-là a changé ma vie. Je ne me suis plus arrêté de courir et j’y ai découvert le trail. »
Graduellement, Valentin Orange augmente les distances et se rend compte que cette nouvelle passion nécessite de repenser sa vie : « pour performer, on fait attention à son alimentation, son rythme, son sommeil etc… ». Retour en France pour terminer ses études. En 2017, Valentin fait « La Barjo » en Normandie, son premier 50km, qu’il termine en 6h. En 2018, il fait 75 km. Un an plus tard, il franchit la barre des 80 km. Il revient au Vietnam et y gagne sa première course, la « Loop Ultra Trail (LUT) » :
« Je suis monté sur mes premiers podiums et je me suis rendu compte de mon potentiel ». 2019, une année tremplin.
Une blessure et la crise sanitaire ralentissent le trailer
En 2020, Valentin Orange s’inscrit au Dalat Ultratrail, le premier 100km de sa vie. Mais l’évènement est reporté de quelques mois. Entre temps, il se blesse « dû à un changement de chaussures trop brusque. J’ai fait tout de même le 100km qui a aggravé mon inflammation. Je n’ai pas un bon souvenir, la course était difficile, il y a même eu un décès pour cause de glissement de terrain… ». Trois mois sans pouvoir de poser le pied, le trailer prend son mal en patience avec un coach – Romain Chevalier -. En septembre 2020, il retente le « Vietnam Mountain Marathon » et gagne. Une belle victoire sur une année difficile.
En 2021, il performe sur la course « Vietnam Trail Marathon » et est dorénavant considéré comme l'un des favoris des courses.
En 2022, Valentin Orange rentre en France et s’inscrit à un 100 miles en Suisse en septembre 2022. En attendant cet énorme objectif, il fait plusieurs courses dont la Maxi-Race à Annecy « Je me suis confronté à un niveau international, et j’ai fini 32ème. » Le départ de la Swiss Peaks arrive… « C’est une des plus belles courses d’Europe d’une longueur de 171km. On passe dans des glaciers, avec plus de 11.000m de dénivelé… » Il met 34h et franchit la ligne en 6ème position. « L’effort est indescriptible, j’ai vécu des sensations comme je n’ai jamais vécu. Mon corps a été mis à rude épreuve ».
Valentin Orange vit l’évolution de la course et du trail au Vietnam
Si le coureur est déjà reconnu comme l’un des favoris des courses au Vietnam, il entretient la flamme des supporters en montant presque systématiquement sur les podiums vietnamiens. Il se souvient des débuts du trail « En 2015, il y avait peu de gens qui couraient et il n’y avait qu’un seul marathon annuel, à Hanoi. 8 ans après, il y a 7 à 8 marathons à l’année, rien qu’à Hanoi ! Niveau trail, il y en a 1 à 2 par mois dans le pays. La communauté grossit, on le voit avec le nombre de coureurs autour des lacs de Hanoi. Et le profil a changé : Avant c’étaient plutôt des expatriés et aujourd’hui, une majorité des runners sont Vietnamiens ».
Pourquoi un tel engouement ? Valentin Orange a son idée : « les Vietnamiens n’ont absolument pas peur des distances. Ils ont une capacité de résilience incroyable. Et s’il faut marcher, ce n’est pas grave ! »
Et pendant les compétitions ? « Je suis toujours très impressionné par les immenses organisations : podiums, cérémonies avec musique, chapiteau, grosses récompenses…ils savent mettre les formes ! ». Ce que Valentin Orange apprécie aussi, c’est l’ambiance : « la communauté est bienveillante et chaleureuse, plutôt petite donc tout le monde se connaît. »
Où courir à Hanoi et ses environs ?
Pourquoi courir au Vietnam est si unique ?
Selon lui, courir au Vietnam n’est pas du tout la même expérience qu’en France « j’ai connu des Européens qui sont venus faire des courses et qui se sont pris une claque niveau climat. Quand je vais m'entraîner au mois de mai ou juin, avec 4 litres d’eau sur le dos, au bout de 2h je n’ai plus rien… Oui, le climat rend les courses plus difficiles. Niveau sensations, on est sur quelque chose d’unique. A Pu Long par exemple, on court dans des rizières, à travers des villages reculés...Les habitants sont même très surpris de voir les coureurs. Ce sont des moments marquants, et c’est l’une des raisons pour lesquelles je pratique la course à pied. »
Un moment particulier qui marque Valentin Orange ? En 2021, lors de la Vietnam Trail Marathon. Aux trois quart de la compétition, il voit tous les enfants du coin lui faire une allée d’honneur hurlant « cố lên, cố lên ! (Allez, fais de ton mieux) ». Puis, un jeune homme court avec lui pendant 2km « số một, số một… (tu es premier, tu es premier) ! ».
Les yeux dans le vague, se souvenant de ces instants, Valentin Orange sourit : « je ne peux que recommander à un coureur hésitant de tenter une course pour vivre le Vietnam à fond, contempler la beauté du pays, faire des rencontres. Tout le monde a sa place ici, pas d’élitisme, tous les niveaux sont représentés. La course à pied n’a pas du tout atteint sa maturité ici. »
Début 2023, Valentin Orange vit une course incroyable de 108km, l'"Amazean Jungle Thailand, by UTMB" . Il finit troisième. Depuis, il choisit de privilégier ses autres projets de vie, entre son travail de photographe-vidéaste et son mariage en octobre 2023. « Mon entourage a besoin qu’on lui accorde aussi du temps, la course est un sport très énergivore ».
Sans pour autant arrêter la course, qui fait partie de lui « Quand je cours, je médite beaucoup, c’est d’ailleurs à ce moment que je suis le plus créatif, et cela m’aide dans mon travail de vidéaste. »
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