Édition internationale

La Francophonie prend la tête du combat pour le multilinguisme à l’ONU

En inaugurant à New York le Groupe des amis du multilinguisme, Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie, a rassemblé États et institutions autour d’une idée simple mais déterminante : sans diversité linguistique, il n’y a pas de multilatéralisme crédible.

Louise Mushikiwabo est la Secrétaire générale de la FrancophonieLouise Mushikiwabo est la Secrétaire générale de la Francophonie
Mme Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Photo prise lors d'une intervention à la Cité internationale de la langue française - Photo X.com
Écrit par LePetitJournal Francophonie
Publié le 26 septembre 2025

 

 

Une cérémonie au poids symbolique fort

La salle était comble pour l’inauguration du Groupe des amis du multilinguisme, présidée par Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de la Francophonie. Ministres, diplomates et représentants d’Andorre, du Koweït, de l’Espagne, du Portugal, du Canada, du Mozambique, sans oublier le Secrétariat des Nations unies, avaient répondu présents. « Le multilinguisme est au cœur de l’égalité entre les peuples », a martelé Mme Mushikiwabo, rappelant que la diversité linguistique n’est pas un luxe, mais une condition de légitimité des débats internationaux.

 

 

Une alliance entre familles linguistiques

L’initiative veut dépasser les logiques de blocs. Plutôt que d’opposer francophones, hispanophones, lusophones ou arabophones, l’objectif est de bâtir une coalition pour la défense d’un principe commun : l’accès équitable aux discussions multilatérales. « Chaque langue porte une vision du monde », a souligné un représentant ibérique, insistant sur le fait que la richesse de l’ONU se mesure à la pluralité de ses voix. Le message est clair : aucun idiome ne doit dominer le concert des nations.

 

 

Le siège de l'ONU à New-York
Le siège de l'ONU à New-York

 

 

Multilinguisme et multilatéralisme indissociables

Au-delà de la défense culturelle, l’enjeu est politique. Les participants ont insisté sur le lien étroit entre multilinguisme et multilatéralisme. « Un monde gouverné dans une seule langue n’est ni juste, ni représentatif », a averti un diplomate africain. La Francophonie se positionne ainsi comme chef de file d’un mouvement qui vise à « refonder le multilatéralisme dans la diversité culturelle », selon les mots de sa Secrétaire générale.

 

 

Multilinguisme ou plurilinguisme, une nuance essentielle

L’initiative lancée à l’ONU insiste sur le multilinguisme, c’est-à-dire la coexistence institutionnelle de plusieurs langues dans un même espace politique ou diplomatique. C’est le principe qui garantit que chaque délégation puisse s’exprimer et être entendue dans sa propre langue.

Le plurilinguisme, lui, relève davantage des individus : la capacité de parler, comprendre et utiliser plusieurs langues dans leur vie quotidienne. « Le multilinguisme est une règle collective de fonctionnement, tandis que le plurilinguisme est une compétence personnelle », résume un expert présent à la cérémonie. Cette distinction éclaire l’enjeu : à l’ONU, il s’agit moins de valoriser le talent linguistique des individus que d’assurer une égalité de traitement entre les États.

 

 

Des défis concrets à relever

Traductions, interprétariat, accessibilité numérique : faire vivre le multilinguisme exige des moyens financiers et techniques que les Nations unies peinent déjà à garantir. Le nouveau groupe se veut un outil de pression, mais aussi de coordination pour faire entendre les besoins des délégations minorées. Plusieurs observateurs rappellent que le combat est aussi celui des citoyens : l’information internationale doit circuler dans toutes les langues, et pas seulement dans l’anglais globalisé.

 

 

Une bataille de longue haleine

En inaugurant ce Groupe des amis du multilinguisme, la Francophonie institutionnelle marque un point diplomatique. Mais la route sera longue pour que cette coalition se traduise en actions concrètes et durables. La question reste entière : les grandes enceintes onusiennes sauront-elles réellement résister à la tentation de l’uniformité linguistique, ou le multilinguisme demeurera-t-il une belle promesse en quête de moyens ?

 

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