Édition internationale

Beijing 1995 : le jour où les femmes ont imposé leur voix au monde

Séparées des délégations officielles, les ONG réunies à Huairou ont pourtant pesé de tout leur poids sur l’Histoire. Droits, violences, éducation, pouvoir : en 1995, Beijing fait entrer la voix des femmes dans l’agenda politique mondial. Récit d’un basculement.

Du 4 au 15 septembre 1995, la Chine accueille la quatrième Conférence mondiale sur les femmes - Discours d'Hilary ClintonDu 4 au 15 septembre 1995, la Chine accueille la quatrième Conférence mondiale sur les femmes - Discours d'Hilary Clinton
Du 4 au 15 septembre 1995, la Chine accueille la quatrième Conférence mondiale sur les femmes - Photo Wikipedia

 

 

Du 4 au 15 septembre 1995, la Chine accueille la 4e Conférence mondiale sur les femmes. Après Mexico, Copenhague et Nairobi, Beijing s’impose comme l’étape décisive. 189 gouvernements sont représentés. Le thème officiel — « Action pour l’égalité, le développement et la paix » — annonce l’ambition : faire entrer les droits des femmes dans le cœur de l’agenda politique mondial.

 

Centre intl des conférence de Beijing
Le Centre de conférence international de Beijing

 

Dans l’enceinte feutrée du Beijing International Conference Center, près de 17 000 délégué·e·s négocient des engagements concrets. Droits humains, santé, éducation, pauvreté, participation politique : tout est sur la table. Mais l’essentiel ne se joue pas uniquement dans ces salles de conférence.

 

 

Huairou, le village mondial des ONG
Les ONG étaient rassemblées à Huairou, à 50 kilomètres de Beijing

 

 

Huairou, le village mondial des ONG

À 50 kilomètres de là, à Huairou, un tout autre monde s’invente. Plus de 30 000 représentantes d’associations et de mouvements féministes s’y retrouvent dans un immense forum parallèle. Tentes, amphithéâtres, scènes, stands, débats, concerts, expositions : le site devient, le temps de deux semaines, un véritable « village mondial des femmes ».

Plus de 500 ateliers s’y tiennent. On y parle violences, droits sexuels, travail, paix, environnement, accès à l’éducation. Toutes les langues du monde s’y croisent. Les échanges sont libres, frontaux, parfois rugueux. La séparation physique entre les gouvernements et la société civile, critiquée à l’époque, va paradoxalement renforcer la puissance d’expression des ONG.


 

Une pression citoyenne qui infléchit les gouvernements

À Huairou, il ne s’agit pas seulement de débattre. Il s’agit d’agir. Les ONG élaborent des propositions, les transmettent quotidiennement aux délégations nationales, rencontrent les responsables publics, exercent une pression politique constante. Certaines de leurs représentantes sont même intégrées aux équipes officielles.

Le résultat est tangible. De nombreuses revendications issues du Forum sont reprises dans les négociations : lutte contre les violences faites aux femmes, droits sexuels et reproductifs, éducation des filles, participation politique. Beijing marque un moment rare de convergence entre institutions et société civile.

 

 


 

La Plateforme de Beijing, matrice des politiques d’égalité

De cette confrontation naît un texte fondateur : la Déclaration et la Plateforme d’action de Beijing. Approuvée par 189 gouvernements, elle devient le plan le plus ambitieux jamais adopté pour l’égalité femmes-hommes. Elle structure douze domaines prioritaires, de l’économie à la paix, de la santé à l’environnement.

Trente ans plus tard, ce cadre continue d’inspirer les politiques publiques, les programmes internationaux et les campagnes militantes. Les rendez-vous successifs dits « Beijing +5 », « +10 » ou « +20 » ont permis d’en mesurer les avancées comme les limites. Beijing n’a pas seulement produit un texte : elle a inscrit la cause des femmes dans une dynamique mondiale durable.


 

Plate-forme d'action de Beijing



 

L’écho de Beijing, toujours vivant

À l’heure où les droits des femmes reculent dans de nombreuses régions du monde, l’héritage de Beijing résonne avec une acuité nouvelle. Reste une question, toujours brûlante : les gouvernements sauront-ils encore écouter la société civile avec la même intensité qu’en 1995 ?



 

Le site du Réseau Beijing+30

 

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