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Thaïlande: le Premier ministre destitué par la justice, vote pour un successeur vendredi

Écrit par AFP
Publié le 14 août 2024, mis à jour le 4 septembre 2024

La justice thaïlandaise a destitué mercredi le Premier ministre Srettha Thavisin, mis en cause pour avoir nommé un ministre condamné pour corruption, dans un nouvel épisode d'instabilité politique dont le royaume est coutumier.

Les députés se réuniront vendredi à 10H00 (03H00 GMT) pour lui trouver un successeur, a annoncé le parlement mercredi soir.

La coalition au pouvoir devrait communiquer le nom de son candidat ou de sa candidate jeudi à l'issue d'une réunion dans la matinée.

Les juges ont décidé, à 5 votes contre 4, de "mettre fin" à la fonction de M. Srettha, a déclaré le juge Punya Udchachon, lors de la lecture de la décision.

Le départ du dirigeant, moins d'un an après sa nomination, intervient dans un contexte de stagnation économique et d'inquiétudes sur l'état de la démocratie.

"Je respecte la décision. Je répète que, pendant presque un an à ce poste, j'ai fait de mon mieux pour diriger le pays avec honnêteté", a réagi Srettha Thavisin, depuis le siège du gouvernement à Bangkok.

"Je suis triste d'être considéré comme un Premier ministre malhonnête", a-t-il ajouté.

La deuxième économie d'Asie du Sud-Est a une longue histoire d'instabilité et d'interventions de l'armée ou de la justice dans le système politique, au nom d'un statu quo qui favorise le bloc militaro-royaliste, selon le camp pro-démocratie.

La semaine dernière, la Cour constitutionnelle a dissous le principal parti d'opposition et banni pour dix ans son leader pro-démocratie Pita Limjaroenrat, une décision contestée par les Nations unies et les groupes de défense des droits humains.

- "vraie pagaille" -

afp

"La politique thaïlandaise est une vraie pagaille. La Thaïlande va subir une perte de confiance de la part des investisseurs étrangers", a déclaré à l'AFP Puangthong Pawakapan, professeure à l'université Chulalongkorn de Bangkok.

Srettha Thavisin était accusé par quarante sénateurs pro-armée d'avoir enfreint des règles éthiques fixées dans la Constitution, en nommant comme ministre Pichit Chuenban, un avocat condamné en 2008 à six mois de prison dans une affaire de corruption.

Cette affaire évoque les divisions des années 2000 et 2010, entre le milliardaire Thaksin Shinawatra, dont MM. Srettha et Pichit sont proches, et les élites conservatrices alignées avec le roi et l'armée.

Il y un an, les deux camps avaient mis de côté leurs vieilles rancunes pour former une coalition qui a propulsé au pouvoir M. Srettha, issu du parti Pheu Thai contrôlé par la famille Shinawatra.

Le parti Pheu Thai, qui dispose du plus grand nombre de députés au sein de la coalition au pouvoir, pourrait proposer la fille de Thaksin Shinawatra, Paetongtarn Shinawatra, régulièrement citée pour prendre un jour le poste.

- réunion de la coalition jeudi -

Le ministre de l'Intérieur du gouvernement sortant, et leader du deuxième parti de la coalition, Anutin Charnvirakul, est également pressenti pour la fonction.

Une réunion est prévue jeudi matin entre les différentes composantes au pouvoir, a déclaré à l'AFP Wisut Chainarun, député Pheu Thai et "whip" chargé de la discipline au sein de la coalition. "Nous espérons voter le plus rapidement possible, en espérant que cela soit fait vendredi", a-t-il indiqué.

afp

Promoteur immobilier entré en politique l'an dernier, M. Srettha s'est engagé en faveur du mariage pour tous, adopté en juin après des années de combat de la communauté LGBT+.

Mais une majorité de Thaïlandais rejetaient sa politique, selon un sondage paru en juin.

Ses projets de recriminalisation du cannabis et d'allocation de 10.000 bahts (250 euros) à plus de 40 millions de Thaïlandais ont notamment provoqué des remous dans le pays et au sein de sa coalition.

Une majorité d'électeurs ont voté en 2023 pour les progressistes de Move Forward (MFP), qui proposaient de tourner la page de vingt ans de politique en Thaïlande dominée par le clan Shinawatra et les généraux.

Le programme du parti comprenait notamment une réforme de la loi de lèse-majesté, une nouvelle Constitution, la réduction du budget de l'armée, ou la fin de certains monopoles économiques.

Accusé de vouloir déstabiliser la monarchie, le MFP a été dissous la semaine dernière, mais ses membres ont annoncé dans la foulée la création du Parti du peuple, avec l'objectif d'accéder au pouvoir au prochain scrutin national.

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Publié le 14 août 2024, mis à jour le 4 septembre 2024
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