Pour son premier déplacement depuis sa réélection, Emmanuel Macron a plongé dans l'effervescence et la bousculade du marché d'un quartier populaire, en affirmant sa volonté de donner un visage plus social à son second quinquennat.
"J'arrive!": au marché Saint-Christophe de Cergy (Val d'Oise), ville où Jean-Luc Mélenchon a obtenu 48% des voix au premier tour de la présidentielle, le chef de l'Etat a retrouvé, avec un plaisir évident, l'atmosphère agitée des bains de foule, multipliant poignées de main, embrassades, selfies et échanges plus ou moins longs les yeux dans les yeux.
La séquence de deux heures a donné des sueurs froides à son service d'ordre, qui a dû déployer le parapluie contre un jet de tomates cerises qui n'a pas touché le président, alors que les habitants se pressaient pour l'approcher.
"C'est comme si la campagne continuait", s'amusait un membre de son entourage, à un peu plus de six semaines des législatives.
Annoncé au dernier moment, ce déplacement à une trentaine de km de Paris a fait suite à deux jours durant lesquels Emmanuel Macron était resté loin des regards après avoir sobrement célébré sa victoire avec 58,5% des suffrages face à Marine Le Pen.
"Macron président!", "bravo!" et "félicitations!", ont crié de nombreux badauds, tandis que quelques "Macron démission!" étaient lancés entre les étals.
Le chef de l'Etat a assuré qu'il allait "continuer à aller sur le terrain pour écouter, convaincre et puis agir". "Etre au contact" alors que les sondages de la campagne ont mis en lumière son déficit de proximité et de prises en compte des difficultés des Français.
- "Dépositaire des colères" -
"Alors même que les résultats (de la présidentielle) ne sont pas encore promulgués, je n'oublie pas que les engagements que j'ai pris, ils n'étaient pas simplement des engagements de campagne", a-t-il promis.
De fait, les habitants de ce quartier très populaire de Cergy l'ont surtout interpellé sur la cherté de la vie, les retraites, les difficultés d'emploi et le RSA.
"Il m'a écouté, c'est bien, mais j'attends maintenant qu'il agisse", a témoigné Fatima, employée et mère de famille, qui "galère à joindre les deux bouts".
"Je suis le dépositaire de ces colères (...) Je veux que tout le monde travaille ensemble pour qu'on trouve des solutions", a expliqué Emmanuel Macron. En indiquant avoir choisi Cergy pour "apporter un message de considération et d'ambition", avec la volonté de donner à ces quartiers "tout au long de (son) mandat les moyens d'avancer".
"Dans les quartiers les plus pauvres, que ce soit dans les villes ou la ruralité, nous devons vraiment recréer les conditions d'une réelle et effective égalité des chances", a-t-il ajouté. "C'est le seul moyen de conjurer cette défiance" qui s'est "installée à l'égard de la chose publique" ainsi que ce "sentiment d'abandon" exprimé par les habitants.
"Pour votre nouveau gouvernement, nommez des gens qui nous connaissent et qui agissent, pas des technocrates!", lui a lancé un quinquagénaire.
Sans évoquer de noms, Emmanuel Macron a affirmé que le Premier ministre qu'il nommerait en remplacement de Jean Castex sera "quelqu'un qui est attaché à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive".
"Je crois au dépassement, la couleur politique ne dit pas tout", a-t-il aussi souligné à un journaliste l'interrogeant sur la possibilité de voir une personnalité de gauche nommée. "Jean Castex venait de la droite. Il a mené une des politiques les plus sociales des dernières décennies, parce que c'est aussi un homme de coeur et il a la fibre sociale", a ajouté le chef de l'Etat.
La nomination du Premier ministre est attendue d'ici au 13 mai. Les spéculations vont aussi bon train sur un vaste remaniement du gouvernement, à moins de sept semaines du premier tour des législatives des 12 et 19 juin.