Israël et la bande de Gaza sont en guerre et les morts se comptent par centaines de part et d'autre après le déclenchement samedi d'une offensive militaire surprise et spectaculaire du Hamas, qui a tiré des milliers de roquettes, infiltré des combattants en territoire israélien et capturé des Israéliens.
Cette éruption de violence a fait "plus de 200 morts" et "plus de 1.000 blessés" côté israélien, selon l'armée qui a accusé le Hamas d'avoir "massacré des civils" jusque dans leurs maisons.
Dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne a mené des dizaines de frappes aériennes en représailles, les autorités du Hamas mouvement islamiste au pouvoir sur ce micro-territoire depuis 2007 ont dénombré 232 morts.
"Ce qui s'est passé aujourd'hui est sans précédent en Israël" a reconnu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, prommettant que l'armée utiliserait "toute sa puissance" pour "détruire les capacités" du Hamas.
"Il (s'agit) bien d'une guerre (...) et nous la gagnerons", a-t-il aussi déclaré a propos des cette escalade la plus meurtrière dans le conflit israélo-palestinien depuis des décennies. "Tous ces endroits où le Hamas se cache (...) nous allons en faire des ruines."
"Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire", a affirmé de son côté Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas.
L'offensive a lieu cinquante ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973 qui avait pris Israël totalement par surprise en plein Kippour (le jour du Grand Pardon juif).
Au sol, les combats entre soldats israéliens et "des centaines" d'infiltrés se sont poursuivis jusque dans la nuit en "22 endroits", selon un porte-parole de l'armée isralienne, qui a mentionné une "situation grave impliquant des otages" dans un rayon de 20 km à l'est de la bande de Gaza.
Peu avant une heure du matin dimanche (22H00 GMT samedi), l'armée israélienne a frappé plusieurs bâtiments à Gaza alors que se poursuivaient les tirs de roquettes à partir du territoire, selon des journalistes de l'AFP. L'armée affirme qu'il s'agissait de "centres de commandement" du Hamas.
Les hostilités ont commencé samedi avant 06H30 (03H30 GMT) par un déluge de roquettes tirées depuis la bande de Gaza, vers les localités israéliennes voisines mais aussi plus en profondeur jusque vers Tel-Aviv et Jérusalem.
Profitant de l'effet de surprise, des combattants du Hamas à bords de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés se sont joués de l'imposante barrière de sécurité érigée par Israël autour de la bande de Gaza, attaquant des positions militaires ou des civils en pleine rue.
Les brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont affirmé dans une vidéo avoir "capturé plusieurs soldats ennemis" et les Brigades al-Qods, la branche militaire du Jihad islamique palestinien, ont aussi déclaré détenir "de nombreux soldats" israéliens.
Le général Daniel Hagari porte-parole de l'armée israélienne a confirmé que des "soldats et des civils israéliens" avaient été enlevés. "Je ne peux pas donner de chiffres à leur propos. C'est un crime de guerre commis par le Hamas et ils en paieront le prix", a-t-il dit.
Le commandant des brigades Al-Qassam, Mohammad Deif, a annoncé avoir déclenché l'opération "déluge d'Al-Aqsa" contre Israël pour "mettre fin à tous les crimes de l'occupation".
L'armée israélienne a compté plus de 3.000 tirs de roquettes sur Israël. Beaucoup ont été interceptées par la défense antiaérienne.
Le conflit a provoqué d'importantes perturbations à l'aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, et de nombreuses compagnies aériennes ont annulé leurs vols à destination de Tel-Aviv ce week-end.
Les écoles, elles, resteront fermées dimanche, début de la semaine en Israël.
- Combats toujours en cours -
"Envoyez de l'aide s'il vous plait (...), ils tirent sur notre maison", a imploré une femme enceinte vivant à quelques kilomètres de la bande de Gaza, dans un témoignage relayé par le quotidien Times of Israel.
"J'ai vu beaucoup de corps, de terroristes et de civils [...] trop de corps", a dit à l'AFP Shlomi, un Israélien, à côté de cadavres éparpillés sur une route près du kibboutz Gevim, dans le sud d'Israël.
Des frappes aériennes israéliennes ont détruit les trois immeubles de plus de dix étages de la "tour Palestine" à Gaza.
Médecins sans frontières a déclaré qu'une frappe avait touché un hôpital dans l'enclave, causant plusieurs décès.
En Cisjordanie occupée, six Palestiniens ont été tués et 120 blessés lors d'affrontements avec les forces israéliennes et des colons, selon le ministère palestinien de la Santé.
Dès le matin, des centaines de civils ont fui leurs maisons dans le nord-est de Gaza pour s'éloigner de la frontière avec Israël.
Samedi soir, Israël a ordonné de couper la fourniture d'électricité à l'enclave.
- "Restaurer le calme" -
L'ONU a annoncé avoir convoqué une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient dimanche.
Le patron de l'organisation, Antonio Guterres, a exhorté la communauté internationale à des "efforts diplomatiques pour éviter un élargissement de la conflagration".
Le président américain Joe Biden a martelé samedi, dans une courte allocution à la Maison Blanche, que le soutien des Etats-Unis à Israël était "gravé dans le marbre et inébranlable".
Son ministre des Affaires étrangères, Antony Blinken s'est entretenu par téléphone avec son homologue égyptien Sameh Choukri auprès de qui il a souligné "l'urgence de parvenir à un arrêt immédiat de l'effroyable assaut des terroristes du Hamas contre Israël", selon le département d'Etat. L'Egypte est un intermédiaire-clé entre Israël et le Hamas.