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EXPAT – Une fête de départ, pourquoi ?


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Écrit par Marie-Pierre Parlange
Publié le 3 juin 2018, mis à jour le 3 mai 2019

Qui part ? Qui reste ? Avec la fin de l'année scolaire, les invitations à des soirées de départ pleuvent. De quoi donner le cafard à ceux qui n'aiment pas les séparations. Et pourtant, marquer le coup, c'est important !


Juin est déjà là. Autour de vous on ne parle que de ça. "Tu sais que les Martin s'en vont ? Et les Faure ? Ah ils ne savent pas encore où ils sont mutés? Le stress ! Les Durand attendent, on leur a proposé l'Ouzbékistan, ils hésitent... Les Ménard viennent d'apprendre qu'ils rentrent à Paris, c'est la panique, il n'y a déjà plus de place dans les écoles. Et vous alors, vous restez ?"

Voici donc le temps où, subtilement, la communauté expatriée se scinde en deux groupes, ceux qui restent, et ceux qui partent. Les premiers se comptent, croisent les doigts pour que leurs amis chers restent encore un peu avec eux pour partager de bons moments. Les autres ont déjà la tête un peu ailleurs, attaquent le tri, contactent les déménageurs, refoulent la nostalgie qu'ils sentent déjà monter, font leurs derniers achats... et, entre deux cartons, tentent d'organiser une soirée de départ.

Deux options : prévoir une grande fiesta réunissant tout le monde si vous avez envie (ou besoin) de vous lâcher, ou opter pour quelque chose de plus intime. On peut aussi préférer un moment familial, des week-ends camping, ou à la plage, avec ses meilleurs amis. Dans tous les cas, c'est important de faire quelque chose qui nous ressemble et qui nous fait plaisir.
 

Rite de passage


Pourquoi faire la fête alors qu'on a le coeur gros ? Faut-il vraiment célébrer la fin de l'expatriation et les bons moments passés ensemble ? La réponse est oui, il faut marquer le coup. Une despedida, une farewell party, une chouille, un week end de fête, un apéro géant, quels que soient le nom ou la formule que vous choisirez, sera l'occasion d'exprimer ses émotions de joie, tristesse, inquiétude ou amitié. En quittant un pays où l'on a tant de souvenirs, c'est bon de se dire les choses, d'échanger les souvenirs. Au-delà de la joie et de l'émotion, une fête réussie permet d'éviter la rupture brutale avec son passé et de prendre un nouveau départ sans heurts. Cela peut vous aider à accepter la séparation. Il sera plus facile ensuite de rebondir, trouver de l'énergie pour les projets futurs. Ce rite de passage vous permettra de faire le deuil de cette période et de célébrer votre entrée dans une nouvelle phase de votre vie personnelle et professionnelle.

Le deuil, vraiment ?


Le mot peut sembler fort, mais quitter un pays, sa langue, sa culture, et surtout les personnes que l'on y a rencontrées n'a rien d'anecdotique, particulièrement si c'est un pays lointain, où l'on n'est pas susceptible de retourner régulièrement. Il n'est pas rare, à l'annonce du départ que l'on traverse des moments pas très facile à gérer émotionnellement. Il n'est pas rare d'éprouver du déni, des regrets anticipés, une peur de l'avenir, voire une irritation contre le conjoint que l'on considère comme "responsable" de cette mutation. Il est important d'arriver à accepter qu'une page se tourne, pour attaquer avec le plus de sérénité possible les tracas d'un déménagement et surtout profiter des bons moments jusqu'au bout.

La liste des invités


Ah, il est bien loin le temps où, débarquant dans cette ville inconnue, sans attaches, vous vous sentiez seul(e) au monde. Aujourd'hui, entre les collègues, les amis avec lesquels on préparait le semi-marathon ou on faisait de l'aquagym, les copains rencontrés grâce à l'accueil francophone ou au conseil d'école, vous réalisez que votre liste est bien longue. Cela crée des liens forts de partager les mêmes aventures, les mêmes déboires, les moments de fou rire. Les amitiés se forment en général plus rapidement qu'en métropole. Pour Yolande, qui a passé trois années à Lisbonne, "L'expatriation - parce que tous traversent l'épreuve de la séparation d'avec son pays, ses amis, ses habitudes- crée un lien particulier. Il y a comme une "solidarité" de coeur tissée par la découverte commune d'une expérience étrangère toujours intense et riche. Comme la famille au sens large est absente, il existe aussi une disponibilité plus importante des uns et des autres qui fait qu'on se reçoit plus facilement et plus souvent. Cette amitié est aussi teintée d'un certain exotisme qui la rend plus légère et presque romanesque."
 

Dire au revoir pour mieux recommencer


Marie vient de quitter le Sénégal : "De 15h à minuit, on a réservé un emplacement de plusieurs cases sur la plage. Au programme, soleil, baignade, musique, boissons, brochettes, feu sur la plage...Une soixantaine d'amis sont venus ! Ce fut une fête mémorable...Hé bien voilà, c'est la fin de notre premier séjour en Afrique. Ce fut une superbe soirée, à l'image de nos 2 années... De bons moments, de très bons amis et de formidables souvenirs !"
Françoise, elle, "conseille de ne dire qu'un au revoir avant de partir. Une fête certes, mais aussi des rencontres plus intimes". Il peut être en effet éprouvant pour le moral d'enchainer une succession d'adieux déchirants. Pour ceux qui quittent la France pour une première aventure à l'étranger, "l'expatriation peut ne pas être bien vécue et on peut avoir envie de rentrer avant... bref, ne pas jouer le conquérants avant d'être sûrs".

Françoise précise: il faut savoir que "la plupart des amis s'engagent à venir vous rendre visite et puis la vie, les travaux de l'appartement, de la maison, les déboires divers, le manque d'argent, les soucis de santé, les choix de voyages plus proches, font que c'est vous qui allez devoir y aller ! Ce qui n'exclut pas une visite ou deux malgré tout des amis les plus voyageurs (pas forcément ceux qui vous aiment le plus!)". Heureusement les nouvelles technologies sont là pour favoriser les contacts, même virtuels.

Antoine a passé ces trois dernières années à Montréal. "Tous mes amis montréalais, ou presque, sont venus me saluer une dernière fois. Une soirée touchante à plus d'un titre où les marques d'amitié se sont multipliées. Jamais je n'oublierai ce que chacun d'entre eux a pu faire pour moi tout au long de mon expérience québécoise. Un cycle qui s'achève donc, mais dans la joie et l'euphorie d'une nouvelle aventure."

(réédition) 

Marie Pierre Parlange
Publié le 3 juin 2018, mis à jour le 3 mai 2019