Samedi 30 juin, de nombreuses associations et personnes défileront dans Paris à l’occasion de la désormais traditionnelle Marche des Fiertés LGBT (ou Gaypride). L’occasion de rappeler que plus de 70 pays considèrent encore l’homosexualité comme un crime.
L’Europe, pionnière des droits des homosexuels
En 2001, les Pays-Bas sont les premiers à autoriser le mariage homosexuel. Suivent la Belgique (2003), l’Espagne (2005), la Suède (2009), le Portugal (2010), ou encore la France (2013). En 2017, quatre nouveaux pays ont légalisé le mariage homosexuel : Malte, l’Allemagne, la Finlande et l’Autriche. Au sein de l’Union Européenne, l’homosexualité est légale dans tous les États membres, tandis que la discrimination à l’embauche est bannie depuis 2000. Cependant, sur certaines questions, les législations divergent. 16 pays européens (dont 14 membres de l'Union européenne) reconnaissent le mariage homosexuel, tandis qu’ils sont 26 (dont 22 de l'Union) à autoriser une union civile pour les couples homoparentaux.
Malgré des progrès législatifs certains, les mentalités, elles, restent bien souvent cloisonnées. En France, les actes homophobes font encore souvent les gros titres. Très récemment, Pascale Lemare, responsable du service adoption du département de Seine-Maritime, a suscité une nouvelle polémique sur l’épineuse question de l’adoption pour les familles homoparentales. "Eux-mêmes [les familles homoparentales] sont un peu atypiques par rapport à la norme sociale et aussi biologique". S’ils souhaitent adopter, ils doivent accepter "des enfants au profil atypique, c'est-à-dire des enfants dont personne ne veut", a-t-elle déclaré le lundi 18 juin, au micro de France-Bleu. Elle a été suspendue à titre conservatoire de ses fonctions jeudi.
Dans un rapport, SOS Homophobie fait état d'une hausse de 4,8% des actes homophobes et transphobes en 2017 en France. Des chiffres "très préoccupants qui montrent l'ancrage et la persistance des LGBTphobies dans la société française", estime l'association.
En Tchétchénie, « l’homosexualité n’existe pas »
Du côté de l’Est de l’Europe, les progrès, s’ils existent, sont bien plus lents. L’Estonie devient en octobre 2014 la première république ex-soviétique à permettre l’union civile aux couples homosexuels, même si dans les faits, la problématique est toujours épineuse. La situation est relativement similaire en Ukraine. Bien que le pays souhaite se donner une image gay-friendly, avec notamment une première Gaypride organisée en 2013, l’homophobie reste persistante. En 2017, le monument de l'Arc-en-ciel (désormais Arche de la diversité), situé au bord du Dniepr à Kiev, est repeint aux couleurs de l'arc-en-ciel, symbole de la fierté homosexuelle. À l’époque, l’initiative est férocement décriée par le groupe ultra-nationaliste Pravy Sektor. "Kiev n'est pas la capitale européenne des gays", avait déclaré à l'AFP le porte-parole de ce mouvement. La démarche avait aussi suscité l’ire d’une partie de la communauté orthodoxe.
Par ailleurs, les citoyens slovènes ont rejeté, le 20 décembre 2015, la loi autorisant le mariage homosexuel, adoptée au préalable par le Parlement. En Biélorussie, l'homosexualité est décriminalisée en 1994, après la chute de l'Union soviétique, mais elle reste un tabou. En mai dernier, le ministre de l’intérieur biélorusse avait notamment déclaré que ‘’les relations homosexuelles étaient une supercherie’’.
Du côté de la Russie, chaque citoyen est protégé par la Constitution : l’homosexualité est donc, juridiquement légale. Pour autant, les faits montrent qu’il est très dangereux d’être gay. Vladimir Poutine a même interdit en 2013 la « propagande homosexuelle ». En tant que république constitutive de la Russie, la Tchétchénie est régie par la loi russe. Cependant, être homosexuel signifie une chose : être en danger de mort. En 2017, le pays s’est « illustrée » avec sa « purge anti-gay ». ‘’L’homosexualité n’existe pas’’. Voilà les propos du gouvernement. Sous la houlette de son président Ramzan Kadyrov, la chasse aux sorcières est orchestrée directement par les autorités, comme l’attestent les témoignages des quelques rescapés.
Le Canada ouvre la voie, l’Amérique latine patine
Au pays de la feuille d’érable, le mariage entre deux conjoints de même sexe a été légalisé le 20 juillet 2005. Lors du recensement de 2016, plus de 72.000 couples, soit un peu moins de 1% du nombre total de couples au Canada, déclarent être du même sexe. Entre 2006 et 2016, le chiffre a d’ailleurs triplé.
Le voisin américain patiente jusqu’en juin 2015, avant que la Cour suprême institutionnalise le mariage pour les personnes de mêmes sexes. Il est désormais autorisé dans l’ensemble des États, même si certains comtés des régions les plus conservatrices refusent toujours les cérémonies.
En Amérique latine, la ville de Mexico a été, dès 2007, la première à autoriser les unions civiles entre personnes du même sexe, avant de légaliser le mariage en 2009. Au total, quatre pays l’autorisent sur l’ensemble de leur territoire : l’Argentine (2010), l’Uruguay (2013), le Brésil (2013) et la Colombie (2016). En dépit de nombreuses avancées législatives, les violences et l’homophobie ne disparaissent pas.
Au Brésil, les assassinats de personnes LGBT ont doublé entre 2000 et 2014, passant de 130 à 326. Au Pérou, l’homosexualité est légale, mais demeure taboue. En mai 2009, une loi interdit aux personnes homosexuelles de rentrer dans la police péruvienne, et plus récemment, le Parlement a refusé plusieurs propositions de loi en faveur des unions homosexuelles. Même refrain au Venezuela, où une cinquantaine d'organisations ont rédigé en 2013 une proposition de loi sur le mariage homosexuel, toujours "au point mort", se désole Quiteria Franco, coordinatrice de l'ONG Union affirmative (AFP). Paradoxalement, au Paraguay, l’homosexualité est légalisée en 1880, pourtant, il reste l’un des pays les plus homophobes d’Amérique latine et ne reconnait pas les couples homoparentaux. La Guyana (à ne pas confondre avec le département français de la Guyane) demeure de son côté le dernier pays de la région où l’homosexualité est encore illégale, avec des peines allant jusqu’à l’emprisonnement à vie.
Dans 12 pays, « homosexualité » signifie « peine de mort »
Aucun pays asiatique n’autorise le mariage, ni même l’union civile, entre les personnes de même sexes jusqu’en mai 2017. Taïwan devient, à cette date, le premier pays (et le seul) de la région asiatique à légaliser le mariage gay. "L'Afrique australe et orientale, le Moyen-Orient et l'Asie du Sud persistent avec les approches les plus draconiennes. L'Europe occidentale et l'hémisphère occidental sont les plus tolérants", relate The Guardian en 2017.
En Afrique, une trentaine de pays interdisent l’homosexualité. L’Afrique du Sud fait, seule, figure de précurseur : le pays légalise le mariage homosexuel en 2006, tandis que l’adoption, la PMA et la GPA sont autorisées. Seuls quelques pays, dont le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Tchad, ou encore le Mozambique ont dépénalisé l’homosexualité, même si dans la réalité des faits, répression et stigmatisation dessinent encore les contours de ces pays.
La peine de mort est homophobe !
C'est ce que rappelle l’association ECPM (Ensemble Contre la Peine de mort) dans sa campagne d'alerte. ‘’Difficiles à chiffrer, les condamnations à mort pour homosexualité sont très souvent camouflées sous d'autres prétextes, tel que le trafic de drogue’’, précise l’association dans un communiqué. Au total, 12 pays prévoient la peine capitale pour homosexualité, dont la majorité se trouvent en Afrique et au Moyen-Orient : Afghanistan, Arabie saoudite, Brunei, Émirats arabes unis, Iran, Mauritanie, Qatar, Nigeria, Pakistan, Soudan, Somalie et Yémen
Parmi les 12 pays où l’homosexualité est synonyme de peine de mort, sept instaurent la peine capitale en vertu de la charia. C’est le cas de l’Iran, qui, en 2016, a exécuté Hassan Afshar, accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec un autre jeune. Il avait 17 ans.