Rùn est un groupe Rhône-alpin aux influences aussi bien traditionnelles que modernes. Cet ensemble de 4 musiciens allie le son puissant de la Cornemuse irlandaise (Uilleann Pipes) à celui de la Flûte traversière en bois, le tout accompagné par une Guitare et un Bodhràn. Leur musique s'ancre dans une tradition de la musique irlandaise.
Leur second album est en préparation et vous pouvez les aider en participant à leur crowdfunding. Pour vous donner envie, nous avons fait connaissance avec deux des quatre membres du groupe, Colin et Silène.
Tout cela en espérant qu’un jour Rùn sera présent au Fleadh Cheoil (festival de musique irlandaise) !
Lepetitjournal.com : D'où venez-vous ?
Colin : Je viens de Normandie. J'ai fait mes études à Lyon et j'ai commencé à faire des sessions irlandaises là-bas. J'en avais fait un peu en Normandie mais il n’y avait pas grand-chose. A Lyon il y en avait quatre par semaine. J'ai rencontré plein de monde dans les festivals, notamment « Celti'Cimes ». C’est dans ce festival Rhône-alpin que j'ai rencontré Silène.
Nous habitons en Isère entre Lyon et Grenoble. Je suis enseignant et on est installé à la campagne. Nous essayons de faire bouger les choses en matière de musique traditionnelle. En faisant des sessions par exemple. Récemment dans un bar on a monté une session même s'ils ne connaissaient pas grand-chose en musique traditionnelle.
Pourquoi le nom de ce groupe, Rùn ?
Nous avons ouvert un dictionnaire gaélique (irlandais) et on a cherché un mot qui nous plaisait. Ce mot-là, que l'on écrit d'ailleurs mal, parce que normalement l’accent est dans l’autre sens, voulait dire « secret », « révélation ». Il n’y a pas vraiment de raison. C'est un joli mot.
Pourquoi êtes-vous venus à la musique irlandaise ?
Colin : Mes parents ont fait beaucoup de musique traditionnelle, un petit peu de musique irlandaise et beaucoup de musique bretonne. Mon père a grandi en Bretagne, il a appris la flûte traversière en bois, un peu de bombarde. Il a fait la transmission. Ma mère a joué de l’accordéon. Depuis tout petit je suis allé faire des fest-noz. Depuis gamin j'ai eu envie de faire cette musique-là.
Silène : Je suis du même coin. Avec mes parents à 20 minutes. Vers mes vingt ans, j'ai rencontré un musicien, Tom Delany. A l'époque il m'a fait découvrir la session qui avait lieu à Lyon puis je suis allée les voir en Irlande. Quand je suis revenu d'Irlande à Lyon j'ai rencontré Colin. Le groupe était déjà formé (2011).
Vous allez maintenant enregistrer votre second CD ?
Rùn est un groupe qui a mis longtemps à enregistrer un premier CD. Les autres membres du groupe ne sont pas tout près. On a des métiers en dehors de la musique sauf Silène qui est intermittente du spectacle. Nous avons mis un peu de temps à enregistrer un premier CD. Ça fait déjà un moment que l'on travaille sur le deuxième.
Et qui sont les autres membres du groupe ?
Il y a Léo, qui est de la Roche sur Foron (74) et Pierre, qui est vers Nîmes. Donc on organise des résidences depuis plusieurs années pour se voir plusieurs jours. Il y a eu des dates importantes qui nous ont encouragés pour avoir un set bien construit. Notamment le festival Celti'Cimes (NDR : à Albiez Montrond en Savoie). Ce festival est un peu la scène phare. La première fois c’était stressant. Il y avait plein d’Irlandais c'était un moment très fort. Dix ans plus tard on était programmé sur la dernière soirée.
Pierre et Léo se connaissent depuis qu’ils sont jeunes, ça se ressent dans leur jeu de flûtes. Ils se connaissent tellement qu’ils savent qui respire et font en sorte que l’on n’entende jamais le son du souffle, qu’il y ait en continu de la musique. Les parents de Léo sont dans la musique depuis très longtemps. Son père est facteur de Uilleann pipes. Ils avaient un groupe et ont encouragé leurs enfants à pratiquer cette musique. Pierre vient plus de la musique classique et se passionne pour plein de choses. Il a commencé par le saxophone classique. Puis violoncelle, flûte traversière métal, puis en bois. C’est un multi -instrumentiste. Pierre apporte aussi parfois des arrangements jazz.
Sur ce disque on veut se donner les moyens de faire un objet professionnel et plus abouti.
Comment faites-vous pour trouver des dates et quels sont les lieux qui vous accueillent le plus facilement ?
Colin : Evidemment ces dernières années c'était un peu compliqué de faire des concerts.
Les lieux sont divers. Ce sont des lieux culturels, des villes différentes, des festivals. On a fait beaucoup d'endroits différents qui ne sont pas forcément dans la musique traditionnelle irlandaise. Ce sont aussi des festivals de musiques du monde, des fêtes de village, surtout autour de la Saint Patrick évidemment. Ce qui est dommage d’ailleurs parce que nous avons des musiques qui comportent beaucoup de compositions. Pas uniquement du traditionnel. Donc notre musique n’est pas nécessairement jouée spécifiquement au mois de mars. On démarche des salles de concerts qui ne programment pas d'habitude des musiques irlandaises. Le bluegrass semble plus facile d'accès. On essaie de se vendre, pas forcément comme musique irlandaise mais aussi comme musique folk inspirée de musique irlandaise.
Silène : Nous faisons connaitre les concerts par les réseaux sociaux. Depuis plusieurs années tout se passe sur les réseaux sociaux. Quasiment tous les événements sont sur Facebook. Et Instagram. Ça touche rapidement beaucoup de monde. Nous essayons de communiquer de manière locale également, pour faire connaitre le projet de financement participatif d’enregistrement du second CD. Même si c’est délicat de demander aux gens de nous aider à accomplir nos rêves. On a auto-produit le premier album. Nous avions fait beaucoup de choses nous-mêmes. Sur ce disque on veut se donner les moyens de faire un objet professionnel et plus abouti.
Qui est le public qui vient vous voir ?
Il y a des danseurs car on a des moments de concert où le public se lève et danse. Mais de manière générale le public qui paye est plutôt plus âgé que le public d'un festival gratuit. Nous avons des concerts, notamment un dans une brasserie pendant la Saint Patrick où Il y avait beaucoup de jeunes. J'adore ce genre d'ambiance mais j'aime aussi l’écoute, car nous avons des morceaux d'écoute. Les deux sont intéressants
Et on fait aussi des concerts à la maison ou des événements privés !
Car cela nous parait compliqué de s’approprier cette musique en chantant en français.
Les gens viennent-ils vous voir car ils aiment l’Irlande ?
Silène : Nous ne savons pas forcément ce qu'ils s'attendent à voir (rires).
Colin : Il y a aussi des mélomanes qui ne connaissent pas du tout cette musique et il y a des gens qui sont à fond dans ce style-là. On a fait un concert à Chambéry, « Brin de Zinc », il y avait des gens qui venaient de Lyon pour nous voir. Pour le coup c'était des gens qui étaient connaisseurs de cette musique.
Comment se présente ce second album, auquel les lecteurs peuvent participer via le financement participatif ?
Il devrait y avoir 4 ou 5 chansons, sur 12 morceaux, chantées en anglais. Car cela nous parait compliqué de s’approprier cette musique en chantant en français.
Il y aura moins de Uilleann pipes que dans le premier car Léo a plus envie de partir dans le Whistle (Flûte irlandaise). Donc ça sera Whistle, guitare, Bodhrān et chant.
J'ai voulu me réveiller le jour de mes 21 ans en Irlande
Quelles sont vos influences ?
Silène : 'Rura', on adore les écouter à la maison. Kate Rusby m’inspire beaucoup. Elle et son mari Damien O’Kane. Je suis rentré un peu dans cette musique grâce à 'Lunasa', groupe très connu qui a fait connaître cette musique-là au cours de ces 15-20 dernières années. Il y a aussi 'Flook', que l’on a énormément écouté. Ils ont plein d’influence dans leur jeu.
Plus ça va plus on a eu envie de composer. Au départ on partait de reprises de musiques traditionnelles puis on est allé vers les compos.
Sur ce second album nous allons inviter pas mal de musiciens (violon, contrebasse, violoncelle, cuivres, mandoline). Dans l’album, on essaie d’apporter quelque chose de diffèrent de ce que l’on joue sur scène
Quels sont vos expériences avec l’Irlande ?
Silène : L’Irlande c'est incroyable. Ça a été un virage extraordinaire dans ma vie. J'y suis allée en 2011. J'ai voulu me réveiller le jour de mes 21 ans en Irlande. Je sortais tous les jours, je faisais de la musique tous les jours non-stop. J'ai mis du temps à trouver la session où j'allais pouvoir jouer pour avoir une petite place. Je suis partie en tant que fille au pair pour une famille en française. Je prenais chaque opportunité, j'avais soif de musique. J’ai été accueillie de manière incroyable et quand je suis revenue j'avais un Bodhrān en plus.
Je suis retournée en Irlande après plusieurs années (en 2015) car j'avais besoin de retrouver ce qui me manquait chez les gens. En France je ne retrouvais pas ce que j'avais vu en Irlande. Notamment au niveau de l'humour. Je trouvais qu'on se lâchait moins, qu'il y avait une certaine froideur.
Quand j'y suis retournée en 2015 j'ai réalisé que je n'avais vu que les bons côtés de Irlande quand j'étais jeune. D’ailleurs j'ai une amie qui vit actuellement à Galway. On échange beaucoup et elle est en galère. Elle essaie de vivre de la musique. C’est une super chanteuse mais c’est compliqué. Elle n’arrive pas à se faire des amis. Les loyers sont hyper chers elle a du mal à se loger. C’est l’envers du décor. Et en 2015, pareil, j’ai déchanté.
J'étais à deux doigts de faire ma vie en Irlande mais j'ai été ramenée à vivre mon histoire en France. Je pense que ce n'était pas une si mauvaise idée parce que ça n’est pas simple de vivre de la musique en Irlande.
Colin : Je suis allé en Irlande mais jamais pour faire de la musique. J’y suis allé une première fois j'étais en colonie de vacances, je devais avoir 17 ans. On a marché, beaucoup marché. Et train, bus, marche, pendant 2 semaines. J'ai adoré, on est allé quelquefois dans des pubs. On n'avait pas le droit de rester longtemps le soir. Donc j'ai découvert cette ambiance là mais je n’ai pas vraiment de souvenirs avec les Irlandais. J'y suis retourné avec des copains du lycée quand j'ai eu 18 ans après le bac. On était quatre et avons fait le western way, entre Galway et Bunneyconnellan. Nous avons rencontré plein de gens qui nous ont accueillis mais n’avons pas fait de musique. Ça me manque de ne pas avoir fait de festival de musique en Irlande. Plus le temps avance plus je stresse d'aller jouer dans une session en Irlande. Même si je connais de plus en plus d’Irlandais.
D’ailleurs cet été à Mullingar il y a un festival majeur de musique irlandaise (NDR la « Fleadh Cheoil » du 31 juillet au 7 août 2022).
Vous êtes des spécialistes de musique irlandaise mais faites-vous d’autres types de musiques ?
Colin : Il y a quelques années je voulais faire de la musique électro mélangée à des thèmes trad’. J’ai un peu laissé tomber mais je vais y revenir.
Silène : J’ai un autre groupe « Silène and the dreamcatchers. » (www.silene-dreamcatchers.com) et je fais aussi des spectacles pour enfants. Ce n’est pas de la musique trad’, plus de la chanson pour enfants.
Nous invitons les gens qui voudraient soutenir Rùn à participer à leur financement participatif et nous espérons les voir à la « Fleadh Cheoil » en 2023 !
Pour participer : https://www.helloasso.com/associations/bulle-de-zic/collectes/run-enregistrement-du-2e-album
Pour plus d'infos sur Rùn :
- site web : www.run-irishmusic.com
- page Facebook : https://www.facebook.com/runirishmusic