Édition Dublin

PORTRAIT D’ENTREPRENEURS – Flore et Juliette, ambassadrices de Michel et Augustin en Irlande

Écrit par Lepetitjournal Dublin
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 août 2015

Nous avions rencontré Flore et Juliette à l'Open House de l'Ambassade de France (voir ici), qui offraient en dégustation de délicieuses vaches à boire ou vaches en pot. L'occasion de découvrir leur activité d'ambassadrice de la marque ?Michel et Augustin' et ainsi de prendre rendez-vous afin d'en savoir plus sur leur parcours d'entrepreneur en Irlande et la marque Michel et Augustin.

Bonjour Juliette et Flore ! Pouvez-vous d'abord vous présenter ?

Juliette : Alors j'ai 30 ans et j'habite en Irlande depuis 3 ans. En fait on est arrivé en même temps avec Flore et pour les mêmes raisons, pour le boulot de nos maris. Je suis maman de deux enfants de 4ans et 1an et demi. En termes de parcours, j'ai fait une école de commerce spécialisée dans le marketing, et j'ai travaillé dans le marketing des produits de grande consommation, notamment chez Orangina Schweppes, Baccardi Martini, Unilever? Mais je suis arrivée ici en Irlande avec un petit projet : j'ai toujours été attirée par l'enseignement, j'ai donc repris des études en arrivant et j'ai complétement changé de cap, je suis devenue professeur de Français Langue Etrangère (FLE). J'ai étudié pendant deux ans avec le CNED à domicile, j'ai été diplômée en juin dernier, et maintenant je donne des cours de Business French et aussi du français à destination des enfants, notamment ceux qui parlent français à la maison, dont les parents sont français, mais qui sont scolarisés dans le système irlandais. (Programme FLAM : Français Langue Maternelle).

Mais comme on ne se refait pas et que j'adore toujours le marketing et la grande consommation, Flore m'a parlé de son projet Michel et Augustin et pour compléter mes activités je me suis lancée là-dessus, depuis un peu plus de 6 mois.

Flore : J'ai 37ans, je suis arrivée en Irlande il y a 3 ans pour suivre mon mari, avec deux enfants - et maintenant j'en ai un de plus - qui sont scolarisés dans le système irlandais. En termes de formation, j'ai fait la fac Eco-Gestion à Dauphine, spécialité marketing. Mon parcours professionnel s'est fait en deux temps : d'abord marketing en télécom, puis communication et événementiel pour les professions juridiques, et enfin responsable marketing chez Baker & McKenzie. J'avais démissionné pour venir ici, et j'en ai d'abord profité pour découvrir l'Irlande et profiter de mes enfants, avec un petit peu de travail associatif. Et puis par relation, on nous a proposé d'importer les produits Michel et Augustin en Irlande. En fait il y a 2 ans et demi on m'en avait déjà parlé, mais j'avais le feeling que c'était un petit peu tôt, que le marché n'était pas forcément mûr, ni en termes de prix ni en termes de qualité des produits, donc j'ai laissé un petit peu passer, et puis cette année, on m'a refait la proposition et je me suis dit:'pourquoi pas'. Le marché a évolué, on sent une petite appétence des Irlandais pour des produits de bonne qualité, ils commencent à faire un petit peu plus attention à ce qu'ils mangent. Donc on a décidé de lancer le projet, j'ai appelé Juliette et c'est parti ! Avant l'été on a travaillé sur l'étude de marché, les besoins consommateurs, les concurrents, les systèmes de distribution, voir comment on pouvait implanter la marque, et on a nos premiers produits disponibles depuis 1 semaine maintenant (propos recueillis le 12 novembre), et on a choisi, pour des raisons culturelles irlandaises, de travailler avec un importateur irlandais de façon à ne pas arriver toutes les deux, petites françaises seules, mais avec l'appui d'une entreprise fortement implantée, irlandaise, qui nous ouvre des portes.

''Michel et Augustin, un énorme capital sympathie''

Pouvez-vous présenter la marque Michel et Augustin pour ceux qui ne la connaissent pas ?

Flore : Alors l'aventure entre Michel et Augustin a commencé dès le plus jeune âge car ils étaient copains de classe. Ils ont eu ensuite des parcours plutôt académiques : école de commerce, cabinet de conseil, marketing chez Air France, Club Med, etc? Mais ils avaient envie d'un petit peu plus de fun, et Augustin a commencé par passer son CAP de pâtissier, et ensemble ils ont écrit, il y a 12 ou 13 ans maintenant, le Guide des boulangeries parisiennes : ils ont testé tous les pains au chocolat de Paris et toutes les baguettes - d'ailleurs j'avais moi-même visité une trentaine de points de vente à l'époque. Ensuite ils ont fait le constat que quand ils allaient en grande distribution, aucune marque ne les attirait vraiment, ils trouvaient que les packagings et les ingrédients étaient trop compliqués, qu'il fallait avoir un prix Nobel de chimie pour comprendre les étiquettes? Donc ils se sont dit : ?on va lancer des produits pas forcément révolutionnaires, mais bons, sains, avec des bonnes matières premières, avec des packagings rigolos, et avec beaucoup de goût.'

Juliette : Et c'est ce qu'ils ont fait, ils ont commencé dans leur cuisine il y a 10 ans à vendre des petits sablés aux commerces de proximité. Aujourd'hui ils sont 65 au siège, et ils ont ouvert ce qu'ils appellent les Bananeraies (les sièges sociaux), à Boulogne à Paris, à Lyon qui a été ouvert récemment, et ils sont en train d'ouvrir à New York !

Flore : Aujourd'hui ils ont à peu près 10% de leur chiffre qui est fait à l'international. Ils sont partis des petits sablés, maintenant ils ont aussi bien des petits gâteaux à partager et à emporter, une belle gamme de frais avec les vaches à boire et les vaches en pot. Ce sont des produits plaisir, Michel et Augustin c'est un petit plaisir qu'on se fait.

Juliette : Tout est centré sur le packaging : on crée une ambiance, on crée un univers de produits fun et décalés, on ne se prend pas au sérieux, on s'amuse. C'est une marque qui a un capital sympathie énorme.

Pouvez-vous nous préciser votre statut par rapport à la marque Michel et Augustin ?

Flore : on est indépendant, on est ?'sales representative'' ou ?'brand ambassadeur''. Notre importateur, Odaios Foods, achète les produits à Michel et Augustin, et les distribue dans son réseau de points de vente. Nous on est en soutien, pour faire le lien entre la marque, les points de vente et l'importateur. Techniquement c'est l'importateur qui investit. On l'a convaincu, et lui a convaincu toute sa force de vente. On a organisé un certain nombre de rendez-vous pour aller avec lui faire tester les produits à tous les points de vente. On est là pour leur expliquer comment marchent les produits, leur parler des nouveautés, des conditionnements, etc?
Ensuite on touche un pourcentage du chiffre d'affaires qui sort de France: des ventes Michel et Augustin en sortie de France. En fait nous n'achetons rien et ne vendons rien.

Juliette : On montre aux points de vente qu'on est là. D'ailleurs ils sont toujours contents de savoir qu'on habite là, que nous n'allons pas disparaître dans deux jours. On montre qu'on a envie de s'investir et ça donne une très bonne image de la marque.

Flore : Sans oublier les dégustations, car les points de vente ici sont très friands des dégustations.

Pourquoi avoir choisi de devenir commerciales pour Michel et Augustin ?

Flore : J'ai toujours eu envie d'être entrepreneur, mais pas toute seule. Je ne connais pas du tout la grande distribution, les produits alimentaires, je trouvais que c'était une bonne opportunité de découvrir un nouveau secteur. L'investissement n'est pas non plus extraordinaire, ça nous laisse à toutes les deux le temps de nous occuper de nos enfants.

Juliette : et moi d'avoir une autre activité en parallèle. J'ai vraiment deux métiers diamétralement opposés (le point commun étant quand même le rayonnement de la culture française!), mais j'arrive à avoir un équilibre professionnel et familial qui me convient très bien.

"Le rythme irlandais, plus cool"

Flore : Finalement c'est nous qui fixons le rythme.

Juliette : Il faut être prêt à y passer des weekends !

Flore : Et les soirées une fois que les enfants sont couchés ! Il a aussi fallu qu'on apprenne à se mettre au rythme irlandais : on travaille avec une entreprise irlandaise, c'est la culture irlandaise, le rythme irlandais. Nous on est un peu parisiennes dans l'âme : il faut que tout aille vite, que tout soit carré. Ici ça marche beaucoup dans le relationnel, c'est lent, on prend son temps, ce n'est pas toujours très organisé, c'est très approximatif. C'est la façon de travailler en Irlande.

Juliette : Je viens de ce domaine-là en France, la grande distribution, et j'ai vu la rigueur qu'il fallait avoir quand on traitait avec des grands supermarchés français, et ici, c'est complétement différent. C'est très sympa aussi mais surprenant, il faut se mettre au rythme.

Pourquoi pensez-vous que la marque Michel et Augustin marchera en Irlande ? Quel public vous visez, des français uniquement ?

Flore : Pas du tout ! Dans quelques mois on aura quelques produits avec un packaging en anglais, car on ne vise pas qu'un public français. Dans notre étude de marché on s'est rendu compte que la distribution avait évolué en Irlande, qu'il y avait de plus en plus d'épiceries fines, de magasins qui vendaient des produits un peu plus qualitatifs. Même si on est tout à fait conscient qu'au niveau des produits ?'snacking'', on est quand même en concurrence directe avec les chips.

Juliette : après c'est sûr qu'on vise plutôt la clientèle des villes, qui commence à faire attention à ce qu'elle mange, qui aime la nouveauté, ce qui, on va le dire assez crûment, n'est pas le cas de l'Irlandais moyen. On ne s'est jamais dit que Michel et Augustin allait faire fortune avec l'Irlande : ça reste un marché microscopique?

Flore : Et opportuniste car on est sur place. Ils n'auraient pas forcément été en Irlande si on n'avait pas été là.

Juliette : Après on a aussi forcément pour cible la communauté française.

Flore : On fait beaucoup de communication auprès des Français qui connaissent déjà la marque, et qui l'aimaient en France, pour faire fonctionner le bouche à oreille.

Il y a quand même une certaine demande irlandaise pour des produits français, n'est-ce pas?

Juliette : C'est vrai qu'on est là depuis 3 ans, et on ne sentait pas ça quand on est arrivé, ça a changé. Les mentalités évoluent.

Flore : En fait on a attendu le bon moment.

Juliette : Après, les points de vente viennent d'être livrés, donc on est au tournant, ça passe ou ça casse. Soit il se passe quelque chose et ça démarre, soit ça ne marche pas.

"L'entreprenariat en Irlande, plus de simplicité"

Avez-vous remarqué des spécificités pour l'entreprenariat en Irlande ?

Flore : D'abord une très grande facilité. Pour créer un statut de ?'self employed'' (auto-entrepreneur), c'est trois clics sur internet ! Ça c'est très simple, bien expliqué, et si on a un problème on appelle le centre des impôts et très rapidement on tombe sur quelqu'un qui va nous aider. Vraiment l'administration est simple, facile et aidante.

Juliette : Ensuite je trouve qu'on est vraiment dans la culture anglo-saxonne qui est de dire : ?'on se lance, on y va, il n'y a pas d'échec'', qui est assez différente de la culture française, où on est timide, on n'ose pas trop, on a peur d'échouer. Et ça je le vois dès le plus jeune âge, dans les crèches, on leur apprend à avoir confiance en eux, à se lancer sans avoir peur de ne pas y arriver. Au pire on aura essayé, on aura eu une super aventure à deux.

Et avez-vous rencontré des difficultés particulières propres à l'Irlande ?

Juliette: Déjà tout bêtement c'est une île, donc logistiquement, on a quand même des bateaux, donc ça peut augmenter les prix d'importation. Et c'est un marché microscopique.

Flore : Si on regarde la zone qui nous intéresse, très très urbaine, c'est tout petit.

Juliette : Mais l'Irlande honnêtement c'est un marché un peu oublié.

Flore : Ce dont je ne m'étais pas rendu compte en arrivant, quand j'ai cherché du boulot, c'est que quand on arrive, qu'on est en concurrence directe avec des Irlandais pour un poste, c'est extrêmement difficile d'avoir le poste, car on reste français, il y a une préférence nationale. C'est pour cette raison qu'on cherchait un importateur irlandais, pour travailler main dans la main avec des emplois irlandais.

Juliette : Le point positif de l'Irlande, c'est que comme c'est un marché un peu oublié, les points de vente sont ravis d'avoir de la nouveauté, l'accueil est excellent.

Merci Flore et Juliette pour cet entretien, et bon courage pour cette période décisive !

Rappel des points de vente Michel et Augustin en Irlande:
- 64 Wine, 64 Glasthule Rd, Glenageary, Dublin
- Morton's, Ranelagh
- Liberté, St Hatch Street Upper, Dublin
- Chez Max Epicerie, 133 Lower Baggot St, Dublin 2
- Café Fidji au Merrion Shopping Center
- Garden Goodness au Wilton Shopping Centre, Cork & Douglas Village Shopping center
- The Village Greengrocer à Main St, Castlemartyr, Co. Cork
- BiteSize Cafe Bakery : 35 Main Street, Midleton, Co. Cork

D'autres magasins sont en prévision: pour être informés en temps et en heure, visitez la page Facebook de Michel et Augustin, où seront annoncés au fur et à mesure les nouveaux points de vente et les dégustations.

Propos reccueuillis par Audrey Lalli (www.lepetitjournal.com/dublin), mercredi 10 décembre 2014

Crédit photo: Juliette et Flore

 

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Publié le 9 décembre 2014, mis à jour le 11 août 2015

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