Fondé en 1788 par une corporation anglaise qui contrôlait alors la ville de Cork, l’English Market est l’un des plus anciens marchés couverts d’Europe.


Quarante-deux commerçants proposent des produits locaux (fruits, légumes, viandes, poissons…), qui témoignent de la richesse de l’alimentation en Irlande. Rencontre avec Marc O’Mahony, responsable du magasin The Good Food Shop.
Les allées de l’English Market se remplissent peu à peu entre neuf heures et dix heures du matin. Les habitants de Cork observent les rayons avant d’acheter des produits frais et de saison. « Les gens sont gâtés dans ce domaine », explique Marc O’Mahony qui a établi sa boutique The Good Food Shop en 1998. Sur ses étals, courgettes, poivrons et gingembres ont une place de choix.

Installé dans un café, situé à l’intérieur du marché, il évoque le côté convivial de ce lieu unique, qui rassemble des retraités fidèles, des étudiants curieux de découvrir un temple du bien-manger, des familles qui viennent avec leurs enfants et des touristes. Cependant, un certain nombre d’entre eux repartent sans avoir consommé.

Mais pendant des périodes précises, les clients ont des rituels. « Pour Noël, ils ont plus de temps pour réaliser des dîners élaborés. Durant les week-ends, ils achètent du fromage, du pain et de la viande pour le barbecue », poursuit Marc O’Mahony. « Souvent, ils profitent aussi du centre de Cork et se rendent au restaurant ou dans une librairie. C’est une façon de se divertir ».
Les livraisons fonctionnent très bien, notamment pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Vingt-cinq magasins, dont The Good Food Shop, proposent ainsi des services et continuent de créer des liens avec leurs clients. Marc O’Mahony travaille également avec un restaurant.
La qualité des produits mise en avant
Une question se pose quant à la rivalité qui peut exister entre le marché et les grandes surfaces. Les quantités de fraises, de framboises ou de carottes sont plus conséquentes dans les supermarchés même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. Marc O’Mahony se fait le chantre d’une vision où mieux vaut des volumes moindres mais qui respectent le consommateur et ses attentes en matière de saveurs et la prise en considération du changement climatique.

Des projets tournés vers les énergies vertes
Parmi les nombreux projets de Marc O’Mahony, la plupart sont dirigés vers les énergies « Nous allons installer des lampes fluocompactes et changer les réfrigérateurs, même si les prix ont augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine ». Toute une réflexion est menée sur les catastrophes naturelles qui affectent plusieurs parties du monde (incendies à Los Angeles, inondations l’année dernière à Valence en Espagne…) et qui ont un impact sur les cultures et le marché alimentaire. L’Irlande est régulièrement soumise à de forts épisodes de pluie et des tempêtes.
Néanmoins, des initiatives écologiques sont adoptées en Irlande : « il y a de plus en plus de fermes solaires dans le pays et la biomasse est une source d’énergie renouvelable répandue ». « Notre objectif principal est de devenir environmental-friendly », confirme Marc O’Mahony.

Stop au gaspillage !
Les Irlandais essaient de travailler sur un autre aspect : celui lié au gaspillage et de ne pas jeter les fruits et les légumes qui semblent abîmés. Des pommes, par exemple, peuvent présenter des imperfections et ne sont plus mises en vente car peu esthétiques. « Il suffit pourtant juste d’éplucher la peau à cet endroit ». « Les producteurs français ont une bonne connaissance de ce sujet », affirme Marc O’Mahony.
Selon l’Agence de protection de l’environnement, en 2022, l’Irlande a « généré 750 000 tonnes de déchets alimentaires, soit 146 kg par personne ». Ces chiffres sont « supérieurs à la moyenne européenne qui est de 130 kg par habitant ». Une campagne nationale nommée Stop Food Waste permet de mener des actions auprès d’un large public.

Marc O’Mahony souligne l’importance de privilégier les produits bio et loue « la beauté et la simplicité de cette nourriture ». Parmi ses péchés mignons, nous retrouvons « les raviolis, le fromage grec et le lait provenant des fermes locales ». La cuisine végétarienne n’est pas oubliée. L’English Market de Cork continue d’être au diapason avec toutes les communautés.
Marion Allard-Latour
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