John Alcock et Arthur Brown ont été les deux premiers hommes à traverser l'Atlantique sans escale, dès 1919. Retour sur une épopée méconnue.
La première traversée de l'Atlantique en avion ? Charles Lindbergh, en 1927 ? Faux ! Le pilote du Spirit Of Saint-Louis a été le premier à effectuer un vol transatlantique en solitaire et sans escale, mais d'autres étaient passés avant lui. Avec ses 33 heures de trajet de New-York à Paris, dans un avion spécialement conçu pour ce vol (et qui ne sera plus utilisé ensuite), Lindbergh réalise un exploit, mais occulte les précédents.
Dès 1913, puis de nouveau en 1918, le Daily Mail lance un concours : 10 000 livres sterling seront attribuées à « l'aviateur qui, le premier, traversa l'Atlantique en avion, depuis n'importe lieu aux États-Unis, au Canada ou en Terre-Neuve, jusqu'à n'importe quel endroit au Royaume-Uni ou en Irlande, le tout en moins de 72 heures consécutives. » Les arrêts éventuels ne doivent être effectués que sur l'eau, et l'avion doit être le même du début à la fin.
Une traversée mouvementée
Un aviateur de la Royal Air Force, l'armée de l'air britannique, décide de tenter l'aventure. John Alcock recrute pour cela un ingénieur Ecossais, Arthur Brown, qui lui servira de navigateur durant le trajet. Les deux hommes décollent de Terre-Neuve le 14 juin vers 13h45 à bord d'un biplan bimoteur Vickers Vimy IV. Ils atterrissent à Clifden, dans la région du Connemara en Irlande, le lendemain à 8h40.
Mais le trajet est tout sauf une partie de plaisir. Malgré des prévisions optimistes, la météo est catastrophique durant la majeure partie du vol. Les deux hommes sont régulièrement pris dans les nuages, au point que de la glace se forme sur les entrées d'air des deux moteurs de l'avion. Le cockpit est en partie enneigé. À plusieurs reprises, Brown monte sur les ailes pour enlever la glace des moteurs avec un couteau.
Les deux hommes font en outre face à plusieurs problèmes techniques. Et lorsqu'ils arrivent enfin, ils se posent dans un marais, abimant sérieusement l'avion. Alcock et Brown sont ensuite fait chevaliers par le roi George V. John Alcock n'aura pas le temps de profiter de la gloire, puisqu'il décède quelques mois plus tard lors d'un crash pendant un meeting aérien à Paris. Quant à Arthur Brown, il vécut jusqu'en 1948.
Jérôme Paquet