Le chanteur Mano Solo est mort dimanche des suites de plusieurs anévrismes. Véritable écorché vif, il emporte avec lui son engagement et son goût pour des textes corrosifs
Mano Solo est mort emporté par le sida "Il ne viendra plus. Il ne viendra plus nous invectiver. Il ne viendra plus nous encourager. Il ne viendra plus nous donner tout ce qu'il avait: son talent, sa force, son élan, sa générosité. Il ne viendra plus le raoul, l'incomparable Mano Solo. Il ne me dira plus "Isabelle je t'aime"… Mon petit Mano". C'est ainsi qu'Isamona, pseudo pour sa mère Isabelle Monin, a annoncé la mort de Mano Solo sur le forum de Manosolo.net. Fils de Cabu, le dessinateur satirique, et d'Isabelle Monin, co-fondatrice du magazine consacré à l'écologie La Gueule ouverte, Mano Solo est mort dimanche emporté par le sida à seulement 46 ans, une maladie dont il avait appris l'existence au Noel 1986, une maladie qui avait pris tellement de place dans sa vie et dans ses textes qu'il avait été surnommé un moment le "chanteur du sida"."J'avais beaucoup séduit et fait pas mal de conneries toxicomanes, même si je ne me shootais plus depuis longtemps. J'avais vraiment le profil", expliquait-t-il d'ailleurs fataliste.
Un artiste aux multiples facettes Baignant dans l'engagement militant familial et l'atypisme, Mano Solo (AFP) commence à 17 ans à jouer dans un groupe de punk Les Chihuahuas. Dans son premier album solo "La marmaille nue" en 1993 vendue à 100.000 exemplaires, il chante dans la chanson A 15 ans du matin combien son adolescence a été marquée par la drogue. Mais c'est aussi dans le dessin et la peinture qu'il s'épanouit en premier bien avant son succès en solo. Il signera d'ailleurs de nombreuses toiles de son pseudo Boredom (ennui en anglais). Cette passion pour le dessin, il continuera à l'exercer par le biais de la musique puisqu'il réalisera certaines pochettes de ses disques. "Dessiner et chanter, c'est la même chose, on ne sait absolument pas ce qui va nous arriver. On se lance et après, on accompagne son corps vers l'inconnu. Sur scène, pas de crayon ni de gomme, sur le papier, c'est pareil", déclarait le chanteur sur son site officiel.
Un artiste atypique Le chanteur est surtout connu pour la colère voire la violence qui ressortent de ses textes, colère contre la mort, engagement pour divers sujets de société, il chantait aussi le Paris populaire. Sa franchise et son talent lui permettront de décrocher trois disques d'or. Mixant musiques du monde, rythmes andalou, africain, rock ou encore musette, il parvenait à faire de ses albums, 7 au total entre 1993 et 2009, un savant mélange entre violence la plus crue et émotion bouleversante. Lors de son dernier concert à l'Olympia en octobre, chantant l'album paru en 2009, "Rentrer au port", il déclarait "J'ai tellement parlé de la mort, que j'ai cru la noyer, la submerger de ma vie, l'emmerder tant et tellement, qu'elle abandonne l'idée même de m'emmener avec elle". Malheureusement, le chanteur a fini par mettre les voiles, il ne rentrera plus au port. Magali MASSA (www.lepetitjournal.com) lundi 11 janvier 2010
L'annuaire 
L'agenda 
Les annonces 
