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DÉCÈS – Adieu Monsieur Serrault

Michel Serrault est décédé dimanche soir, à l'âge de 79 ans, dans sa résidence de Honfleur, en Normandie, des suites d'un cancer. C'est un monstre sacré du cinéma français qui nous quitte, laissant derrière lui une longue traînée de rires et de pleurs

Il a tourné avec les plus grands : Clouzot, Chabrol, Mocky, Lautner, Audiard, Blier, Zidi ou Kassovitz (Photo AFP)

Les spectateurs l'ont connu indestructible dans le film de son ami Pierre Tchernia, Le viager. Il y incarnait un vieux monsieur qui, condamné à terme par son médecin, cédait sa propriété de Saint-Tropez à une famille bourgeoise mais s'obstinait à ne pas mourir. Triste retour à la réalité dimanche soir à l'annonce du décès de Michel Serrault. L'acteur avait été hospitalisé ces dernières semaines à l'hôpital américain de Neuilly d'où il était sorti fin juin, pour couler un repos bien mérité dans sa résidence en Normandie.
Au terme de 135 films en un demi siècle de comédie, Michel Serrault jouait encore et rencontrait toujours un vif succès, auprès du public, mais également des réalisateurs de la nouvelle génération. Mathieu Kassovitz l'a transformé en tueur impitoyable dans Assassin(s) (1997), et Christian Caron a fait appel à son expérience pour le rôle d'un agriculteur bourru dans son premier film Une hirondelle a fait le printemps (2001). C'est que ce grand monsieur du cinéma s'est construit une filmographie riche, variée et populaire.

Et un, et deux, et trois Césars
Il a débuté sa carrière cinématographique en 1954 dans la comédie policière délirante Ah ! les belles bacchantes de Jean Loubignac, pour enchaîner l'année suivante avec un second rôle dans Les diaboliques de Henri-Georges Clouzot. Parallèlement au grand écran, il a consacré sa vie au théâtre, lui qui avait été refusé au Conservatoire. Mais contrairement aux génies souvent peu reconnus de leurs temps, Michel Serrault a toujours emporté les faveurs du public.
La consécration est arrivée en 1973, au Théâtre du Palais Royal, avec son rôle de travesti exubérant dans La cage aux folles, aux côtés de son complice de toujours Jean Poiret. Interprétant Zaza pendant 5 ans, Michel Serrault a délaissé le genre comique au cinéma (Les combinards, Bon week-end, Le fou du labo 4) pour s'attaquer aux drames avec des rôles durs et sombres. Il a été tour à tour un étrangleur de femmes dans Ibis rouge, un banquier véreux dans L'argent des autres, un privé dans Mortelle randonnée, un inspecteur dans On ne meurt que deux fois ou l'inquiétant Docteur Petiot dans le film éponyme en 1990.
L'immense talent de Michel Serrault a été récompensé trois fois par des Césars d'interprétation. L'adaptation cinématographique de La cage aux folles en 1979 lui a valu sa première statuette. Il a remis ça dès 1981 avec le fameux rôle du notable accusé d'avoir violé et tué une petite fille dans Garde à vue. Il a obtenu le troisième en 1995 dans Nelly et Monsieur Arnaud.
Mais en plus de tous ses rôles, c'est aussi un personnage désopilant qu'on retiendra de ses interventions télévisées. Un timbre de voix particulier, une tête de Monsieur tout le monde, une démarche singulière et un magnifique sens de la répartie : il était tout ça et bien plus encore.
Nicolas MANGIN. (
www.lepetitjournal.com) mardi 31 juillet 2007

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Bergman s'en est allé aussi
Ingmar Bergman est mort à l'âge de 89 ans, a annoncé hier sa fille sans toutefois préciser la date ni la cause de son décès. Le plus célèbre réprésentant du cinéma suédois a été marqué par son éducation religieuse auprès d'un père pasteur. Tout comme Serrault, il s'est passionné très tôt pour le théâtre, notamment durant ses études à l'université de Stockholm. Il s'est intéressé tout particulièrement aux ?uvres de Strindberg et Shakespeare, qu'il a montées avec une troupe d'étudiants. Sa carrière cinématographique a débuté en 1944 pour s'achever en 1982 avec Fanny et Alexandre, un film semi-autobiographique. Maître du cinéma psychologique et intimiste, Bergman a dépeint dans sa filmographie les turpitudes de la vie en couple. Il a été primé deux fois à Cannes, pour Sourire d'une nuit d'été (1955) et Le Septième Sceau (1957). Mystérieux jusqu'au bout, il ne s'était pas présenté au festival en 1997 alors que le jury lui avait décerné la "Palme des Palmes"pour l'ensemble de son ?uvre. N.M. (
www.lepetitjournal.com) mardi 31 juillet 2007

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