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Français d’Afrique: Récit d’une enfance en Afrique - épisode 1

Coucher du soleil au Bénin Coucher du soleil au Bénin
Écrit par Julie Ducos
Publié le 14 mai 2021, mis à jour le 14 mai 2021

Lepetitjournal.com partage avec vous le récit d’une enfance en Afrique. De nombreuses personnes se reconnaîtront au travers de ce parcours. Afrique un jour, Afrique toujours!  

Une enfance en Afrique 

Fin Janvier 1982, j’avais tout juste sept ans et ma petite sœur ne marchait pas encore.

Ma mère m’annonce : « nous partons au Cameroun, à Douala ». 

Je ne me rappelle pas y avoir réfléchi un instant, ma sœur s’est mise à marcher juste avant d’y partir, un signe précurseur!

Février 1982, atterrissage à Douala, je me rappelle de la chaleur africaine étouffante de cet aéroport à peine aéré, ça changeait complètement de notre froid carrelage Bordelais.

La première chose qui m’a marquée, c’est qu’en six heures, moi qui étais petit me suis aperçu que nous devenions minoritaires, je n’avais jamais vu autant d’Africains d’un coup.

Je me rappelle que cela m’a beaucoup impressionné!

Arrivé dans une maison immense , le salon-salle à manger devait faire la taille d’un terrain de basket. Soulagement! Il faisait frais, les gros climatiseurs de marque l’Equip et leurs sons d’avions industriels soufflaient un air frais qui faisait du bien au visage.

Et puis ensuite l’école Dominique Savio,  pour continuer en CE1 , avec Mme Blaise qui était assez vieille, avec des rides verticales autour de ses yeux bleus qui nous filaient la trouille!

Nous y allions en voiture. Papa avait une Peugeot 504, la voiture de l’Afrique, maman une 4L verte (ça me fait rire maintenant, vous voyez ? Le truc où tu passes tes vitesses sur le tableau de bord!) Elle avait tout juste eu son permis en France… Quel courage elle avait maintenant que j’y pense avec du recul !

Nos week-ends se passaient à Limbé, qui à l’époque s’appelait encore Victoria, c’était une plage de sable noir.

Mes parents y retrouvaient de nombreux amis. Au départ nous y passions juste les dimanches, puis, les papas bricoleurs ont aménagé des lits superposés, et nous y passions les nuits du samedi au dimanche et autres jours fériés.

Nos activités d’enfants se résumaient au Body Surf, à la pêche à la crevette, à la recherche de sources et à d’interminables parties de plongée avec masque et tuba de chez Carrefour! Pendant ce temps, les seniors s’attelaient au barbecue et jouaient à des jeux de société.

En général, pour Noël et jour de l’an c’était Kribi, il fallait entre 5 et 7 heures de piste pour s’y rendre, quand cette dernière était praticable !

C’était un vrai convoi, le pickup glacière, le pickup zodiaque, le pickup tente de camping, etc...

Je me rappelle d’un monsieur qui avait une Lada Niva avec la balle de tennis sur l’attache remorque, tout le monde râlait après lui car il conduisait comme une tortue… Une Lada en Afrique, tu m’étonnes!

C’était une vraie expédition d’aventurier, Mr Mfede propriétaire d’une partie d’une centaine de kilomètres de plage déserte nous louait un coin pour le semaine … 20 000FCFA!

L’endroit était bien équipé.

Un Boukarou en feuille de palmier avec charpente en branches d’arbre, une rivière d’eau douce à 200 mètres, et c’était suffisant !

L’installation était un vrai périple! Le montage des tentes, du feu de camp énorme  pour le pain grillé du matin et la cuisson des poissons pêchés la veille. Mais aussi le bâchage du camp pour protéger les tentes en cas de pluie.

Je me rappelle du jour où la bâche a cédé sous le poids de l’eau... Un monsieur et une dame au pyjama de soie se trouvaient dessous! C’était leur première ici, et aussi l’occasion de mon premier fou rire à trois heure du matin!

Je me rappelle aussi des courses de billes et de scarabées, de mon anniversaire, du soleil qui nous dorait la peau, du sel de mer qui la cuisait et de l’eau glaciale de rivière qui nous soulageait...

D’autres expéditions ont eu lieu encore et encore, mes parents avaient la bougeotte!

Ensuite le parc de Wazza, d’abord en voyage organisé, avec une allemande qui était descendue du bus pour prendre un lion en photo , elle se croyait au zoo!

Puis une deuxième expédition en autonomie où nous avons été poursuivis par une autruche!

Rumsiki , N’gaoundere , avec les cases en terre et la latérite  poussiéreuse et ardente.

Aussi la verdure et l’humidité, d’Edea , de Buea, des chutes d’Ekom (Où a eu lieu le tournage du film  Greystoke  avec Christophe Lambert).

Le mont Manengouba avec les chevaux sauvages et ses deux lacs volcaniques l’un bleu l’autre vert, un endroit incroyable de nature, d’air et de liberté!

Nos mercredis après-midi et autres week-ends sans expédition se passaient dans les rues, avec d’interminables sessions de Bicross à travers les pistes ou de parties de football.

Il fallait rentrer avant la nuit...

Il y avait aussi le club de foot de l’école ouvert les samedis sur un lieu qui s’appelait  « la digue » maintenant renommé « base Elf » . C’était au bord du Wouri, avec le pont sur lequel passaient les trains, les camions, les voitures et les zébus!

Une année le PSG de Joel Bats était venu pour jouer contre l’union de Douala. Le PSG menait 2 à 1.

Un joueur du PSG a eu la bonne idée, histoire de mettre tout le monde d’accord, de faire une main volontaire dans la surface pour mettre le score à égalité, histoire de satisfaire les Camerounais! L’arbitre n’avait pas sifflé et nous avions dû quitter le stade en urgence!

Une belle période, mais pour ceux qui connaissent l’Afrique, elle peut aussi amener de durs moments...

Récit d’A.J

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