

Lights, c’est avant tout une accolade de percussions venue couvrir les envoûtantes notes de piano à trois minutes cinquante-trois. La version live je l’ai eu à la Carrière tout près de Nantes après deux rappels. Archive. Quel groupe, quel moment.
Aujourd’hui à Copenhague je veux chanter ses lumières et vous donner des couleurs à voir –
Voici une épopée en trois parties s’inscrivant dans la temporalité d’une petite semaine, Light Festival figuratif abstrait puis la grande étoilée.

Les ligatures entre lumières sont des ponts dans la ville. On s’y agrippe comme à la rambarde d’un escalator presque par banalité d’une main curieuse et peu sûre, dans un mouvement d’habitude qui ne se reconnaît pas. Mais quand elles changent…

Elles s’habillent de gloire. Le Copenhagen Light Festival est un exemple saillant de l’importance des lumières dans la ville : outre la signalisation et la publicité, un intérêt optique que le monde partage et qui en ces temps covidiens est celui des expositions à ciel ouvert.

Un faisceau se remarque et fait office de gond pour un œil qui glisse vers le centre.

Les photographes affluent car les bâtiments centraux s’illuminent : en plus du rayon vert central reliant les bâtiments entre eux, de magnifiques rais de lumière colportent leurs réflexions dans les canaux. Faire la même photo carte postale que toutes mes collègues s’agglutinant sur le pont n’étant pas mon optique et je suis sûr que si vous recherchez ce style plus classique de nombreux merveilleux clichés devraient venir à vous. Moi, je cherchais plus à transmettre une certaine vibrance des couleurs, une expérience visuelle et humaine en faisant plonger mon optique dans un feutrage rapproché débordant de saturations.

Sous le pont reliant les ministères à Christianshavn affluent les couleurs, les sons, les gens. Un tel éclat de vie perçant nos existences glacées de février est comme une claque de joie donnée à des corps que la lassitude a endormi.
Ce n’est pas une teuf non plus, une petite Soundboks joue en rythme avec les éclairages lui répondant. Un dialogue s’installe et c’est tout cet endroit qui se met à danser.


L’amour y est, et si on ne pensait jamais l’avoir perdu c’est une certaine extase de le voir dehors, aux mains des autres gens, qui le tiennent comme une légèreté avec laquelle ils s’accouplent le temps de chorégraphies solitaires ou à deux.

On y croise l’inattendu, enfin. Charles, un collègue photographe français m’y a rejoint – et l’insolite suit le flot du canal bleu.


Au passage se trouvent les stries colorées d’art où passent des silhouettes, une certaine étoile propice aux envoûtements que je vous représenterai sous un jour plus mécanique ainsi que les déchets de petits êtres qui n’ont été tués par aucun éclat artificiel : les jours passent et le froid mord encore.




L’aventure se poursuit sur des berges scarifiées du tranchant de néons inconnus. Les ponts sont habités maigres qu’ils sont.


Mais est-ce là un événement ou une beauté quotidienne ?

Nous pouvons toujours saisir la beauté nacrée des teintes sans se soucier que le temps l’ait déteinte : si délectable que soit le cumul d’exposition, København et ses beautés ne manquent pas de flamboiements qui semblent partir en fumée dans le nuage de l’habitude.


Car si la tenue d’apparat de Copenhague est déjà retournée au placard, beaucoup d’autres, moins sensationnelles mais tout aussi riches de couleurs sont là. J’ai pendant de longs mois observé l’absence d’observateurs : si certes le froid s’installait à la place du confort doux de la mi-saison, la contemplation n’est pas pour autant affaire de prétexte. Je tiens par ce texte et ces photographies à vous inviter à vous émerveiller de tout, sortir pour tomber amoureux de la beauté du monde est une activité sans date d’expiration.
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