

La reine Christine espionnerait-elle ses collaborateurs ? Une affaire d'espionnage informatique a éclaté à l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) impliquant une collaboratrice de Christine Ockrent. Alors que la directrice générale du groupe dénonce une "cabale" médiatique, l'affaire ravive de vives tensions au sein de l'AEF
Christine Ockrent (photo AFP) est mise en cause pour sa possible implication dans une affaire d'espionnage informatique au sein de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF), société chapeautant RFI, France 24 et une partie de TV5 Monde et dont elle est pourtant la directrice générale
Un dossier très médiatique
A l'origine de l'affaire : un article du Canard Enchaîné datant de fin septembre, qui révélait, preuve à l'appui, les problèmes financiers que traverse l'AEF. La publication de ce document intrigue le PDG de l'AEF, Alain de Pouzilhac, qui ordonne une vérification des systèmes informatiques. Après enquête, dont les conclusions ont été reprises par Le Point, le pot aux roses a été découvert : Candice Marchal, une proche collaboratrice de Christine Ockrent avait récupéré plus de 2,5 millions de fichiers provenant des ordinateurs de différents dirigeants du groupe (des notes, la copie du passeport d'Alain de Pouzilhac, des contrats de travail ?). La directrice juridique du groupe AEF, Véronique Katlama-Rouzet, a déposé le 7 octobre une plainte pour intrusion et vol de données dans un système automatisé informatique. Candice Marchal a été mise à pied et risque donc une poursuite pénale. Mais Marianne reprend l'affaire et implique directement Christine Ockrent. La collaboratrice de la reine Christine aurait en effet récupéré les codes d'accès du serveur par le biais d'un prestataire informatique, Thibault de Robert de Lafregeyre, lui aussi proche du couple Ockrent/Kouchner.
Ockrent porte plainte pour diffamation
La directrice générale de l'AEF a tout de suite démenti ces accusations et a porté plainte pour diffamation contre le journal Marianne et son site Marianne 2. "J'ai quarante ans de métier et pas une ombre sur mon honneur. La mise en cause dont je suis l'objet est inqualifiable et c'est pour cela que je porte plainte pour diffamation contre l'hebdomadaire qui ose m'impliquer dans toute cette affaire.", explique la compagne de l'ancien ministre des Affaires étrangères dans une interview au Figaro. Actuellement en déplacement en Inde avec le chef de l'Etat, Christine Ockrent a martelé : "Cette affaire est inqualifiable et, je le répète, je n'y suis mêlée en rien." Candice Marchal a également écarté toute implication de Christine Ockrent. "Christine Ockrent, numéro 2, n'a pas besoin de moi pour obtenir ces documents. Elle est censée avoir accès à tout ", a-t-elle rappelé à Rue 89. Si elle ne s'explique pas comment autant de fichiers ont fini dans la mémoire de son ordinateur, elle avoue avoir vérifié quelques documents car elle craignait de perdre son poste. "Je cherchais des choses sur moi parce que j'avais peur de me faire licencier. J'ai consulté des documents banals, non verrouillés.", explique-t-elle.
La guerre des chefs
Même si cette affaire se révélait n'être qu'un feu de paille, elle n'en est pas moins symptomatique de la guerre qui se trame dans les couloirs de France 24 entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac. L'action de Mme Ockrent au sein de l'AEF serait loin de convaincre le publicitaire. La journaliste proche du pouvoir étant intouchable, les victimes sont collatérales. Le directeur de la rédaction de France 24, Vincent Giret, un proche de Christine Ockrent, a ainsi été licencié en septembre. Peu après, le directeur adjoint, Albert Ripamonti, s'en va, lui, pour i-Télé quand Christine Ockrent lui refuse le poste laissé vacant, alors que sa promotion est appuyée par Alain de Pouzilhac. Pour les journalistes de la chaîne France 24, cette situation de travail est devenue insupportable. Une journaliste interrogée par Rue 89 déclare : "Cette guerre des chefs n'est plus possible. Elle est en train de tuer la chaîne. Il faut que l'un ou l'autre saute pour l'hygiène de l'entreprise. Ou mieux, les deux."
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 7 décembre 2010
En savoir plus
Article de Rue 89, Accusée d'espionnage à l'AEF, la « Mata Hari » d'Ockrent répond
Interview du Figaro, Espionnage : Ockrent indignée par sa mise en cause
Article de Marianne 2, L'avocat d'Ockrent annonce une plainte contre Marianne


































