Les réalisateurs français du film à succès "Rien à foutre" ont fait le voyage jusqu’à Chiang Mai pour accompagner la projection de leur film, lundi 13 novembre à l’Alliance française
Lundi 13 octobre, à l’initiative du service de coopération culturelle de l’Ambassade de France, Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, réalisateurs du film «Rien à foutre» encensé par la critique en France, sont venus présenter leur long métrage aux cinéphiles à l’Alliance française de Chiang Mai. Ils s’envolaient dès le lendemain vers Bangkok pour trois projections supplémentaires et des rencontres avec des critiques et distributeurs thaïlandais.
La sélection de leur film résulte d’une collaboration de l’Institut Français Paris et du festival premiers plans d’Angers, consacré aux premières œuvres cinématographiques européennes. Ces deux organismes soumettent aux ambassades une présélection de premiers longs métrages dans le but de faire découvrir la jeune création française à l’étranger.
Et c’est donc "Rien à foutre" qui aborde un sujet très actuel qui a été choisi pour être représenté à Chiang Mai, Bangkok, Jakarta et Singapour. Toutes les projections en Thaïlande sont sous-titrées en thaï et en anglais pour atteindre un public le plus large possible.
Après un discours d’introduction de Clovis Lemée, directeur de l’Alliance de Chiang Mai, c’est une salle comble qui a pu assister à la projection et suivre le quotidien de Cassandre, hôtesse de l’air dans une compagnie low cost, subtilement interprétée par une formidable Adèle Exarchopoulos.
Tourné avec de petits moyens financiers, «Rien à foutre» dépeint avec une extrême précision qui lui confère un aspect proche du documentaire, la pression imposée par une hiérarchie impitoyable, férocement obsédée par la quête d’une rentabilité optimale qui relègue l’humain au statut d’instrument malléable à souhait.
Bien qu’impliquée dans son rôle d’hôtesse qu’elle prend très au sérieux, Cassandre doit répondre à des interrogatoires glaçants de sa direction, parfois à la suite de dénonciations. Ses journées s’enchainent invariablement. Cabines d’avions dans lesquelles elle doit appliquer un règlement strict, aéroports qu’elle traverse mécaniquement, boites de nuits et hôtels impersonnels qui abritent des soirées alcoolisées pour oublier la perte récente de sa mère et la frustration engendrée par son quotidien.
Le film possède un aspect artisanal revendiqué par ses auteurs qui l’ont, comme indiqué dans le générique de fin, "pensé et fabriqué" plutôt que réalisé. Il dénonce un libéralisme débridé, décomplexé, qui conduit à la précarisation des emplois et à une forme d’ubérisation à laquelle doit faire face une génération de milléniaux désabusés.
Tourné pendant la période de pandémie covid 19 le film est sorti en mars 2022 en France. Il a presque réalisé un grand chelem auprès de la critique qui l’a encensé. Le succès en salle à suivi avec 140.000 entrées, un bien joli score en regard de son petit budget de 2 millions d’euros et de la réalité austère et déprimante qu’il dépeint.
Après la projection, un public connaisseur et conquis a pu questionner les deux réalisateurs sur le tournage puis continuer de deviser avec eux sur différents aspects du film lors d’un apéritif festif agrémenté des fromages produits localement par la maison franco-thaïlandaise Do Fann, établie à Chiang Mai.
Emmanuel Marre et Julie Lecoustre, qui se rendaient pour la première fois en Thaïlande, ont manifesté un enthousiasme et intérêt réels face à cette opportunité offerte de rencontrer des publics variés, différents de ceux croisés en France et de pouvoir échanger dans la convivialité avec des cinéphiles connaisseurs ou des critiques.