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Quel programme pour lutter contre la pollution à Chiang Mai en 2022 ?

Des touristes prennent des photos avec la vallée de Chiang Mai embrumée par le smogDes touristes prennent des photos avec la vallée de Chiang Mai embrumée par le smog
Pierre QUEFFELEC (archives) - Des touristes se prennent en photos avec en fond la vallée de Chiang Mai embrumée par le smog en 2019
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 13 décembre 2021, mis à jour le 16 février 2023

Si la saison des brûlis en 2021 n’a pas été aussi désastreuse que les années précédentes, la qualité de l’air à Chiang Mai reste un défi. En 2022, le Chiang Mai Breathe Council espère faire mieux 

Afin de sensibiliser les plus jeunes aux problèmes de la pollution de l’air à Chiang Mai, le Chiang Mai Breathe Council organise un festival du 18 au 20 décembre à l’entrée du parc national de Doi Pui. Avec ce festival, le Chiang Mai Breathe Council entame sa campagne de lutte contre la pollution de l’air pour l’année 2022 avec pour objectif principal de réduire les émissions de particules fines PM2.5 de 20% par rapport à 2021. 

“En 2021, le nombre de foyers d’incendie a été réduit de 62% par rapport à 2020, ce résultat est dû entre autres à une meilleure gestion des brûlis, ainsi qu’aux conditions météorologiques et aux pluies précoces”, explique Chatchawan Thongdeelert, président du Chiang Mai Breathe Council

Chaque année, entre janvier et avril, les niveaux de concentration de particules fines PM2.5 atteignent des taux dangereux pour la santé dans le nord de la Thaïlande au cours de ce que l’on appelle la “saison des fumées”. 

Objectif, moins de 6.500 feux en 2022

Lors de la saison chaude, les agriculteurs du nord de la Thaïlande brûlent leurs champs pour préparer la terre pour la prochaine récolte et aussi pour se débarrasser des déchets biologiques tels que les feuilles dans les forêts ou les plants de maïs. À cette pollution saisonnière s’ajoutent les émissions de monoxyde de carbone des véhicules ou des usines environnantes.

une partie de la forte de Chiang Mai brulee apres un incendie
Selon le Breathe Council, certains feux de forêt sont nécessaires, plutôt que des les interdire totalement, il appelle à une meilleure gestion. Photo Catherine VANESSE

En 2020, la province de Chiang Mai a enregistré 21.000 feux entre février et avril contre 8.000 en 2021. “Notre objectif se positionne clairement par rapport aux chiffres de 2021, nous visons moins de 6.500 foyers pour cette année”, affirme l’activiste. 

Cet objectif a été une fois de plus approuvé par les autorités provinciales et le nouveau gouverneur de la province Prachon Pratsakul. Anciennement en poste à Chiang Rai, le nouveau gouverneur de Chiang Mai Prachon Pratsakul souhaitait initialement appliquer une politique de “Zéro feu”. “Les changements réguliers de gouverneurs, tous les ans ou tous les deux ans, compliquent notre travail, c’est difficile de mettre en place des politiques sur le long terme et tout au long de l’année”, se désolent les membres du Chiang Mai Breathe Council Chatchawan Thongdeelert et Plai-auw Thongsawat. 

Un combat sur tous les fronts

Créé en septembre 2019, le Chiang Mai Breathe Council est une plateforme citoyenne qui a pour objectif de réduire la pollution dans les zones rurales et urbaines en rassemblant différents groupes d’activistes environnementaux, des académiciens et des ONG. C’est aussi la première organisation privée à participer aux discussions avec les autorités provinciales. 

Chatchawan Thongdeelert et Plai-auw Thongsawat
Fondé en 2019, le Chiang Mai Breathe Council comprend citoyens, académiciens et membres du gouvernement. Le directeur Chatchawan Thongdeelert et Plai-auw Thongsawat militent tous deux depuis plus de 20 ans. Photo Catherine VANESSE

Pour aller encore plus loin, une autre organisation a été créée en juin 2021 : Le Northern Breathe Council, qui rassemble les 8 provinces les plus au nord de la Thaïlande : Lamphun, Lampang, Uttaradit, Phrae, Nang, Phayao, Chiang Rai et Mae Hong Son ainsi que Kampaeng Phet. 

En rassemblant plusieurs provinces, le Northern Breathe Council espère avoir plus d’influence auprès du gouvernement central afin qu’un changement puisse avoir lieu. “Le problème de la pollution de l’air ne concerne pas que Chiang Mai et ne dure pas seulement 3 mois par an, nous essayons de pousser le gouvernement à agir préventivement”, commente le sexagénaire qui a consacré la moitié de sa vie à lutter contre les problèmes environnementaux. 

Pour anticiper les pics de pollution, le Breathe Council affirme travailler tout au long de l’année, avec trois axes principaux : la pollution urbaine, la gestion des forêts et l’agriculture, sensibiliser le gouvernement. 

Sur l’ensemble de l’année, la pollution urbaine représente 52% des émissions de particules fines de la ville de Chiang Mai. Le Breathe Council aimerait voir Chiang Mai se doter d’un véritable réseau de transport en commun, une évolution qui semble à l’arrêt alors que le projet de tramway a été abandonné par les autorités. “Dès lors, nous travaillons surtout avec les associations de taxis et bus locaux ‘songteaw’ pour qu’ils aient des véhicules plus propres”, précise-t-il.  

Un système de gestion plutôt que d’interdiction

La province de Chiang Mai compte 541 forêts communautaires pour un total d’un million de rais (160.000 hectares). Pour mettre en place un système de gestion des brûlis, il faut convaincre les chefs de villages et de ces communautés de participer et de suivre les recommandations des autorités. Un travail de longue haleine pour changer les mentalités et les habitudes. 

“Le climat en Thaïlande et la nature des forêts à Chiang Mai ne nous permettent pas de laisser s’accumuler les feuilles mortes au fil des années. Les feux sont nécessaires pour diminuer ce volume au risque d’avoir des incendies incontrôlables comme ceux qui ont ravagé Doi Suthep en 2019. En Australie, ils ont le même problème et ils utilisent également les brûlis”, explique Chatchawan Thongdeelert. 

Au niveau des déchets agricoles, en particulier ceux générés par les cultures de maïs, le Chiang Mai Breathe Council a lancé un projet pilote au sein de trois communautés afin de les amener à quitter la culture du maïs pour d’autres cultures qui produisent moins de déchets et plus durables sur le long terme. Cette transition pourrait prendre plusieurs années, d’autant plus que certains fermiers sont réticents à changer, puisque le gouvernement fixe les prix de vente du maïs tout comme pour le riz et la canne à sucre. 

“La pollution à Chiang Mai est une problématique très complexe, mais je suis confiant, la situation sera meilleure cette année que l’année dernière. En fait, si chaque année, nous pouvons garder notre objectif de réduire les feux de 20%, d’ici quelques années, nous pourrions enfin respirer un air pur tout au long de l’année”, conclut Chatchawan Thongdeelert. 

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