Les corbeaux sont présents partout dans les villes indiennes et ils ne sont pas chassés. Certains les adoptent même !
En septembre 2019, le Times of India relatait le fait divers suivant : Shiva Kewat, paysan de l’Etat du Madhya Pradesh était quotidiennement attaqué par des corbeaux en groupe et parfois seuls. Ce que confirmaient ses voisins. Obligé de se déplacer avec un bâton pour se défendre, il raconte : « il y a trois ans, j’ai essayé de libérer un jeune corbeau pris dans des filets, hélas il est mort dans mes mains. Depuis les corbeaux du coin ne cessent de m’attaquer, si seulement je pouvais leur faire comprendre que je voulais seulement essayer de l’aider. » Il semblerait donc que ces corbeaux agissent pour venger leur congénère.
Sophie Collet dans son blog Bombay Darling sur Courrier International narre l’histoire et sa cohabitation avec Punki, jeune dame corbeau Mumbaikar qu’elle a adopté avec son mari. A moins que ce ne soit Punki qui l’ait adopté. Un « vrai pot de colle » paraît-il.
Une collaboratrice de votre édition, vient elle aussi d’être mise à contribution, par un couple de corbeaux qui voisinent dans un arbre proche du balcon de sa cuisine.
Un couple de corbeaux exigeants sur un balcon de Pondichéry
Habituée à déposer de temps à autre, à un endroit proche du balcon de sa cuisine, quelques restes de repas, voire des biscuits ramollis ou du pain, elle pense ainsi faire une bonne action en participant au tri sélectif et en nourrissant les écureuils, oiseaux et insectes.
Un jour où elle s’active dans la cuisine, elle entend des croassements insistants qui ressemblent fort à des réclamations. Un corbeau est perché sur le balcon et s’interrompt, ne bouge pas, lorsqu’elle arrive, penchant sa tête à droite, puis à gauche, attendant visiblement qu’elle agisse. Sauf qu’elle n’a rien à partager avec lui, ce jour-là, qu’un reste de taboulé. Qu’à cela ne tienne! Tout est bon pour ces oiseaux omnivores. A croire qu’ils ont vraiment faim, alors qu’à Pondichéry comme dans toutes les villes indiennes, la nourriture est facile à trouver.
De jour en jour le manège se reproduit quasi aux mêmes heures, parfois elle a de quoi nourrir ces pique assiette, parfois pas. Dans tous les cas, dès qu’elle est sur son balcon, un corbeau arrive, peut-être toujours le même, il se pose et l’interpelle, ce qui n’arrive jamais lorsqu’elle est accompagnée ou que quelqu’un d’autre sort. Une discussion oiseau humain s’ensuit, mais c’est toujours l’animal qui a le dernier mot !
Avez vous déjà essayé d’exiger d’un corbeau qu’il se taise ou qu’il fiche le camp ? Vous vous fatiguerez avant lui ! Rien ne lui fait peur.
Un jour, alors qu'elle se penche pour déposer l’assiette de reste, deux corbeaux arrivent en « piqué » derrière elle et l’un d’eux lui frôle la tête, la griffant au passage. Des convives particulièrement mal élevés et très pressés en tous cas ! Le lendemain, elle demande à sa femme de ménage, à qui elle explique l’incident, de bien vouloir porter à manger, car elle craint pour son cuir chevelu. Celle ci observe et hilare vient lui dire : "regarde dans l’arbre, le couple a fait son nid et ils ont des petits à nourrir !" Donc ils la considèrent comme une épicière de proximité !
La morale de l’histoire, c’est que celle ci, ne sort plus sur son balcon qu’avec un chapeau !
Les corbeaux présents partout dans les villes indiennes
La corneille de l’Inde est de l’ordre des passereaux et de la famille des corvidés. D’une taille d’environ 43 cm, son plumage a une couleur qui varie du noir « corbeau » au gris clair. La femelle est plus petite que le mâle et ils sont monogames.
La population de corvidés ne cesse d’augmenter, d’une part du fait qu’elle trouve facilement à se nourrir, d’autre part parce qu’elle n’a pas de prédateurs naturels et n’est pas en compétition avec d’autres espèces d’oiseaux. Les corbeaux sonorisent les villes indiennes, le jour et parfois même la nuit, impossible de les ignorer, impossible de les compter.
Dans certaines parties de la planète les corbeaux sont considérés comme une espèce nuisible, du fait de leur grand nombre (ils peuvent avoir deux nichées par année). Ils chassent les autres espèces d’oiseaux en s’attaquant aux poussins, ils sont voleurs et ils transmettent des maladies à l’homme avec leurs déjections qui tombent sur les étalages de nourriture vendue en plein air, ou dans l’eau des réservoirs ouverts.
Le corbeau respecté en Inde et personnage des fables du Pancha Tantra
Les Indiens de Pondichéry les appellent sous leur nom anglais, crows, ils les respectent. Très souvent avant même de commencer leur repas, ceux qui ont conservé les anciennes coutumes, en donnent une part sur une feuille de bananier aux corbeaux. Les Tamouls croient que les défunts se réincarnent en corbeaux, ils sont donc de la famille et ne cherchent pas à les chasser.
Le corbeau est très présent dans les contes du Pancha Tantra, le célèbre recueil de contes indiens dont s’est inspiré La Fontaine.
Ce sont des animaux qui s’apprivoisent comme nous l’avons lu plus haut et qui sont particulièrement intelligents. Ils sont capables de reconnaître les voix et les visages, ils mémorisent et apprennent de leurs expériences. De plus, ils sont capables de s’organiser en groupe, qui n’a pas vu une tribu de corbeaux harceler un chien pour lui piquer son butin?
Reste à savoir si les corbeaux ont du palais, font-ils la différence entre les pâtes au fromage et le lemon rice ?
Et pour tout savoir sur les différents types de corbeau en Inde (pour avoir les sous-titres en français, visionnez la video sur Youtube) :