En roulant sur les routes de l’Inde, vous croiserez peut-être un petit bijou de mécanique : la majestueuse Royal Enfield ! cette moto - bien plus qu’une moto, une icône - est fabriquée à Chennai. Zoom :
Une marque Indienne, symbole du passé anglais
Les 1ères productions de Royal Enfield datent du siècle dernier, dans les années 1900. Conçue par R.W. Smith et le français Jules Gotiet, l’engin fascine déjà par son moteur (Minerva 1,5 ch placé devant le guidon au dessus de la roue avant pour les connaisseurs…).
A partir de 1914, l’Angleterre entre en guerre et met de côté la production des Royal Enfield, à l’exception de la plus grande moto de la Marque, la V-twin de 770 cm3 6ch. Dans les années 30, Royal Enfield est au top de sa forme, et commence une gamme diversifiée de 11 modèles. En 1932, la légendaire moto « Bullet » arrive sur le marché. Quelques années plus tard, au cœur du 2nd conflit mondial, la Marque fournit pas loin de 55 000 motos aux forces alliées ; le modèle le plus emblématique de cette triste période est la « Flying Flea », une moto de 125 cm3 qui pouvait être enfermée dans une structure spéciale et larguée facilement en parachute.
En 1949, une nouvelle Marque « Madras Motors » voit le jour dans le but d’importer des motos britanniques en Inde. C’est le début du succès de Royal Enfield sur le continent Indien puisque Madras Motors reçoit, en 1952, une commande de 800 Bullet de 350 cm3 par l’armée Indienne. En 1955 commence la construction d’une usine de production à Tiruyottiyur, près de Madras (ancien nom de Chennai).
Cependant, Royal Enfield vit une période difficile dans les années 60 avec la baisse des ventes et une image entachée par des engins moins fiables. La production de la mythique moto Bullet cesse alors. Le modèle ne serait sans doute plus connu aujourd’hui si un industriel Indien n’avait pas décidé de reprendre le flambeau. Désormais l’emblématique Bullet est transmise de génération en génération, que chacun choisit de customiser. C’est un nouveau souffle pour la Marque. D’innovations en innovations (notamment la fabrication de la 1ère et seule moto diesel au monde en 1993, ou encore le Thunderbird, une moto élégante de type cruiser à faible combustion lancée en Inde en 2002), Royal Enfield entame un nouveau projet d’usine ultra moderne à Oragadam (Tamil Nadu) en 2013, puis une 3ème usine à Vallam, près de Chennai en 2017.
En 2018, Royal Enfield annonce avoir vendu 846 000 motos dans le Monde. Si la Marque est en croissance dans de nombreux pays (particulièrement Européens), elle a dévissé de 19% en 2019 en Inde. Et vu qu’aujourd’hui l’entreprise vend 97 % de sa production sur le marché indien, ce n’est pas une très bonne nouvelle. Pas de panique, Royal Enfield a quelques projets dans sa manche…
La Bullet s’arrête, mais Royal Enfield n’a pas dit son dernier mot
Triste annonce en Janvier dernier : Après 89 ans d’existence, la Marque a décidé de ne pas faire évoluer les modèles Thunderbird et Bullet car ils ne répondent plus aux normes antipollution indiennes. Grosse décision puisque la Bullet est et restera une icône motorisée, l’une des plus en vogue en Inde et dans le Monde. Une dernière édition spéciale a été lancée pour rendre hommage à l’engin bestseller et l’arrêt total de la fabrication des modèles Bullet 500 se fera progressivement. Clap de fin.
Un engin s’éteint, un autre s’éveille ! En août 2020, Vinod Dasari, PDG de Royal Enfield, a profité de la présentation des résultats financiers pour confirmer travailler sur une moto électrique : « la mobilité électrique est quelque chose que nous prenons très au sérieux. Il ne s’agit pas tant de savoir si nous y viendrons ou pas mais plutôt quand nous y viendrons. » A-t-il déclaré. Ce nouveau projet représente un défi dans la mesure où il faudra allier conception électrique tout en gardant l’esprit vintage de la Royal Enfield. Si nous n’avons aucune photo de prototype à ce jour, une entreprise anglaise a tenté de transformer une Bullet 500 classique en moto « zéro émission » :
Par ailleurs, la Marque va miser de plus en plus sur ses nouveautés, à l’image de l’Himalayan, lancée en 2016. Équipée d'un nouveau moteur LS410 et d'une suspension testée sur le terrain, le modèle promet « une sacrée aventure sur route comme sur terre (…), construite pour toutes les routes, construite pour aucune route » dixit le site de la Marque. En 2020, l’Himalayan va encore être optimisée et sortira en 3 coloris différents. Et, selon les spécialistes, « Son rapport qualité/prix n’a pas vraiment d’égal dans le monde de la moto. »
Enfin, il se murmurait en 2020 que de nouveaux noms ont été déposés par la Marque, comme « Sherpa », « Hunter », « Roadster » ou encore « Flying Flea » (tiens tiens, ça nous dit quelque chose…). Et en 2020 toujours – Parce que Royal Enfield ne privait pas de le dire – l’ambition de l’entreprise était d’être le 1er acteur mondial de la moyenne cylindrée. A suivre...