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Qui était la communauté francophone à Madras en 1969 ?

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excursion d'étudiants à Kone falls Kailasakona en 1969
Écrit par Alain Guillaume
Publié le 20 juillet 2020, mis à jour le 19 décembre 2023

1969, Madras. Alain est un jeune étudiant parachuté en Inde à la fin de son cursus universitaire. Une expérience qui le marquera à jamais. Plus de 50 plus tard il partage ses souvenirs de Madras sur lepetitjournal.com, un régal !

 

Une vingtaine de Français et Francophones

Je ferai vite la connaissance de la petite communauté française ou francophone, composée au plus d’une vingtaine de personnes, groupée autour de deux lieux principaux, le Consulat et "l’Alliance" .Bien évidemment, tout le monde se connaît dans ce petit cercle ; nombreuses sont les occasions de se rencontrer en dehors du travail, et nous avons toujours grand plaisir à nous réunir et à nous entraider. Je suis accueilli très chaleureusement et peu après mon arrivée, une invitation-surprise le jour de mes 25 ans me fait chaud au coeur.

 

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Mt Rd, bâtiment abritant l'Alliance Française en 1969

 

 

Au Consulat, situé dans Cenotaph road à Teynampet, nous trouvons le Consul Général, le Vice-Consul et son épouse, et la secrétaire. Je ne connaitrai ce Consulat que quelques mois, comme nous le verrons plus loin. A l’Alliance Française, trois professeurs titulaires détachés, dont le directeur qui fait office de Vice-Consul aux affaires culturelles ; les épouses de deux d’entre eux y enseignent sous contrat local, la troisième est mère au foyer. Également sous contrat local, une grenobloise, mariée à un ingénieur indien, occupe le poste de secrétaire. L’épouse française d’un descendant des princes d’Arcot donne quelques cours. En tout neuf enfants âgés d’un à huit ans. Tous sont dynamiques, très populaires chez leurs étudiantes et étudiants, et il n’est pas rare qu’ils soient conviés à une manifestation de sympathie ou à une excursion.

 

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Une excursion d'étudiants à Kone falls Kailasakona, Madras, 1969

 

 

La règle est que les professeurs soient détachés pour une durée de trois ans, renouvelable une fois. Lorsque ces contrats viendront à expiration fin mai 1970, tous mes amis seront affectés sous d’autres cieux (Buenos-Aires, Sao Paulo, Madrid) et remplacés par une nouvelle équipe : trois couples avec en tout deux enfants. Et le groupe se réduira à une douzaine.

 

Quelques isolés complètent ce microcosme :

  • à Loyola College, un père jésuite et un coopérant scientifique, chercheur en chimie. L’épouse de ce dernier a fondé une ONG à Pondichéry où elle réside.
  • l’éminent chercheur à l’EFEO Jean Deloche et son épouse, artiste et romancière, vivent à Adyar (voir note 1 en fin d'article).
  • le Consul honoraire de Belgique, négociant en cuirs et peaux, installé à Nungambakkam depuis de nombreuses années.
  • et en 1971, un compatriote emprisonné à Madras … Arrêté pour trafic d’or, il s’ennuie ferme en attendant son jugement et se fait prêter des livres par l’Alliance Française.

 

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Noël 1969 les français à Elliot's beach

 

Loin de Madras, quelques religieuses et religieux français sont dispersés dans le Tamil Nadu, principalement à Trichy (jésuites à Saint Joseph College) et Madurai (sœurs de Saint Joseph de Lyon à Fatima College), mais ne viennent que très rarement à Madras. Nous recevons souvent la visite du lumineux, légendaire, Père Ceyrac, très impliqué dans l’action humanitaire à Manamadurai, et basé à Loyola College (voir note 2 en fin d'article).

 

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R.P.Pierre Ceyrac, SJ

 

 

Plus loin encore, à Bangalore, deux jeunes coopérants gèrent le petit Centre Culturel Français, qui deviendra Alliance Française en mars 1970. Nous nous rencontrerons à de multiples occasions puisque le Karnataka fait partie de mon " territoire". Dans cette ville, quelques ingénieurs français et leurs familles sont détachés par Thomson et Sud-Aviation auprès de Hindustan Aircrafts Ltd (hélicoptères).

 

 

La France : Une présence minimum

La France s’est impliquée dans la construction de la centrale nucléaire de Kalpakkam (EC road), mais aucun intérêt français commercial, industriel ou financier, n’est à l’époque représenté à Madras, du moins de façon permanente. Des dirigeants de PME du Sud-Ouest (région de Milhau), viennent prospecter et effectuer des achats en gros dans les tanneries locales. Des ingénieurs de l’Institut Français du Pétrole sont épisodiquement envoyés pour de courtes missions à la raffinerie. Commerçants dynamiques, notre ami Abdus, prince d’Arcot, et son épouse française Sabine font confectionner de superbes Kurtas (chemises-tuniques) en soie qu’ils exportent vers la France ; le couturier Jean Bouquin les commercialise et elles connaissent un grand succès auprès de la clientèle féminine – mode hippie oblige.

 

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Décembre 1970 /  visite de l'ambassadeur à Madras, cocktail au Savera

 

 

(1)  Jean Deloche (1929-2019) a été le premier directeur de l’Alliance Française de Madras, de 1962 à 1966. Il a fait toute sa carrière d’indianiste à l’Ecole Française d’Extrême-Orient (voir notice très complète à son sujet sur Wikipédia). Nous avons eu le grand plaisir de nous revoir en 2012 à Pondichéry, où il était toujours actif dans ses recherches. Nous avons évoqué, entre autres, nos souvenirs communs de conducteurs de 2 CV à Madras dans les années 70 ... Son épouse Janine Brégeon a publié plusieurs livres, dont "Le Margousier" (Flammarion, 1985), excellent récit où elle évoque les deshérités d’une grande ville du sud de l’Inde dont elle a partagé la vie.

(2) Pierre Ceyrac (jésuite) – ne pas confondre avec un homme politique homonyme. Voir sa bio sur Wikipédia

 

 

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