La Biennale de Kochi-Muziris, dans le Kerala, est la première biennale indienne d'art contemporain. Inaugurée en décembre dernier, l’édition 2023 fermera ses portes le 10 avril. Les lieux d’exposition se trouvent tous à Fort Kochi. Un évènement à ne pas manquer pour les amateurs d’art et de culture !
La Biennale de Kochi : un temps de réflexion sur l’art contemporain
La Biennale de Kochi est organisée par la Fondation Biennale de Kochi depuis sa création en 2011. Jusqu’alors, il n’y avait en Inde aucun lieu de réflexion sur les problématiques liées à l’art contemporain, à son influence dans le développement de la société et à sa relation avec la culture et la politique du pays. La Biennale a trouvé sa place dans cet espace vide laissé entre la Foire d’Art de l’Inde à Delhi, créée en 2008, se déroulant annuellement et qui par définition est un évènement purement commercial, et les multiples événements artistiques locaux survivant d’une façon ou d’une autre avec peu de support officiel.
Un évènement d’art contemporain avec le soutien du gouvernement indien
J’ai eu la chance de rencontrer les créateurs de la Foire : l’artiste Bose Krishnamachari, qui est encore son directeur et Président de la Fondation, et l’ancien ministre de l’Éducation et de la Culture du Kerala, M. A. Baby. L’occasion de discuter des idées qui ont conduit à la création de la biennale en 2011. Il a manifestement fallu beaucoup de volonté pour faire comprendre l’importance d’accueillir un évènement comme celui-ci, sachant que le soutien du gouvernement pour des évènements artistiques en dehors de l’art traditionnel n’est jamais acquis. Mais les résultats sont vraiment encourageants.
La biennale de Kochi, une rencontre vivante et animée
Pendant ma visite sur les lieux d’exposition, j’ai pu constater la présence d’un public nombreux et attentif. Dans les biennales du monde entier, passés les premiers jours, il est difficile de motiver la population à visiter les lieux d’exposition, mais à Kochi, c’était vivant et animé. De plus, si la Biennale se déroule à plusieurs endroits, le cœur de l’exposition est un lieu extraordinaire : Aspinwal House, avec son patio central arboré et sa vue sur la mer. Un lieu qui fait déjà rêver de par son existence.
Une grande liberté laissée aux artistes
À la différence des foires qui privilégient des formats traditionnels et faciles à vendre : dessin, peinture ou sculpture, les biennales permettent aux artistes sélectionnés de présenter leur œuvre sous des formats peu conventionnels. Et de fait, un grand nombre a choisi la vidéo (certaines très longues, mais toujours intéressantes) ou mis en place des installations. Il faut flâner, s’arrêter et prendre son temps pour réfléchir. Les lieux s’y prêtent.
Des oeuvres engagées
Cette année, un vent engagé souffle sur la Biennale. La dégradation de l’environnement, les inégalités sociales, les discriminations, le manque d’opportunités pour les femmes… sont des sujets de réflexion qui reviennent dans de nombreuses œuvres. Beaucoup de réflexions aussi sur la place de la technologie dans nos vies quotidiennes et sur sa place dans l’avenir de l’humanité.
À découvrir en particulier la série de l’artiste keralaise Devi Setharam intitulée Brothers, Fathers, and Uncles. Devis Setharam, aujourd’hui installée à Bengalore, y parle de la domination des hommes sur l’espace public indien. Une réflexion parfaitement rendue par des images où on ne voit que des pieds et des dhotis, illustrant la prévalence des hommes dans les espaces de rassemblement publiques.
De même, Vasudevan Akkitham, artiste de Vadodara, dans le Gujarat, met en couleurs le sentiment de solitude qui nous a plus ou moins tous envahis durant les confinements dus à la pandémie de Covid 19. Sa série de 365 aquarelles (une par jour) réalisées pendant le lockdown de l'Inde vaut le détour.
Une programmation variée
La Biennale propose des expositions, activités et évènements variés. Des conférences avec des invités du monde entier, des laboratoires vidéo et des ateliers d’art dédiés aux enfants sont organisés. Par ailleurs, un programme de résidence pour les artistes a été mis en place, et une biennale des étudiants se tient en parallèle de la Biennale.
Et, quitte à faire le déplacement à Kochi, il vaut la peine de se rendre à une représentation de danse Kathakali au théâtre Kalamandalam Vijayam Kerala Kathakali Center, aux alentours de la Basilique Santa Cruz. Le spectacle commence tous les jours à 18h mais les portes du théâtre sont ouvertes à partir de 17h pour permettre aux spectateurs de suivre le déroulement du maquillage et de la préparation de chaque artiste. Comme tous les spectacles d’art traditionnel, l’ouverture d’esprit fait des merveilles pour mieux comprendre et s’engager !
Informations pratiques :
La Biennale de Kochi se déroule jusqu’au 10 avril 2023 à Fort Kochi.
Les expositions sont ouvertes tous les jours de 10h à 18h.
▶︎ Voir toutes les informations pratiques sur le site de la Biennale.
Il faut en profiter maintenant puisqu’il faudra attendre 2025 pour visiter la prochaine !
Kochi est joignable avec des vols directs journaliers depuis toutes les grandes villes indiennes. L’aéroport le plus proche (Kochi) se trouve à 45 km, mais la circulation en Inde étant difficile à toute heure, le trajet prend environ 90 minutes depuis l’aéroport.
Le mieux est de trouver un logement autour de Fort Kochi, où se trouvent tous les lieux d’exposition. L’endroit est calme, frais et facile à parcourir à pied. Et il présente un grand choix d’hôtels pour tous les budgets, des cafés et de nombreux magasins.
Sur le même sujet
