Aides internationales, soutien partout dans le monde, gestes forts entre les Indiens sur place ou en ligne… Vraiment, le mot solidarité n’aura jamais été aussi fort qu’aujourd’hui en Inde.
L’aide Internationale
La semaine dernière, les premières cargaisons d’aides internationales sont arrivées en Inde, en provenance du Royaume Uni. Le moment a été immortalisé et tweeté par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères indien :
International cooperation at work! Appreciate the shipment of vital medical supplies from ?? including 100 ventilators & 95 oxygen concentrators that arrived early this morning. pic.twitter.com/MBZFwSn4cH
— Arindam Bagchi (@MEAIndia) April 27, 2021
Quel soulagement face à la vague dévastatrice qui submerge l’Inde plus ou moins violemment selon les Etats. Si l’aide Britannique n’est pas terminée (encore 9 conteneurs aériens chargés d’approvisionnement sont attendus), d’autres aides sont prévues comme celle de la France, nommée « opération de solidarité » ; Le pays envisage d’envoyer 8 unités de production d’oxygène médical par générateur, de conteneurs d’oxygène liquéfié, permettant d’alimenter en oxygène médical jusqu’à 10 000 patients sur une journée, ainsi que du matériel médical spécialisé. Les Etats Unis ont eux aussi annoncé du soutien matériel, dont des composants de production de vaccins, des équipements de protection ou encore des respirateurs. En Europe, l’Allemagne et l’Union Européenne ont annoncé mettre en place des aides d’urgence. La Norvège, quant à elle, a annoncé un don de 2,4 millions de dollars d’aide aux victimes. La Roumanie et l’Irlande sont en train d’organiser l’envoi de concentrateurs d’oxygène. Les pays du Golfe aussi - EAU, Bahreïn, Koweït et Arabie saoudite – ont répondu à l’appel, apportant des ventilateurs et des centaines de tonnes d'oxygène liquide. Le Bangladesh s’est engagé sur l’envoi de flacons d’antiviraux, des kits de protection et des milliers de comprimés de zinc, calcium et vitamines. Le Bhoutan va envoyer des tonnes d’oxygène et l’Ile Maurice a annoncé un don de 200 concentrateurs d’oxygène. D’autres pays s’ajoutent dans la liste des soutiens comme Singapour, la Russie, l’Australie, la Nouvelle Zélande etc…
Mais la proposition d’aide qui marque le plus vient du Pakistan. Le pays, avec lequel l’Inde a des relations les plus tendues (notamment depuis le dernier conflit lié à la revendication de la région du Cachemire…), est prêt à envoyer “des systèmes de ventilation non invasive, des appareils de radiographie numérique et des combinaisons de protection pour le personnel soignant”. Le Premier Ministre Pakistanais, Imran Khan s’est exprimé sur twitter il y a un peu plus d’une semaine :
I want to express our solidarity with the people of India as they battle a dangerous wave of COVID-19. Our prayers for a speedy recovery go to all those suffering from the pandemic in our neighbourhood & the world. We must fight this global challenge confronting humanity together
— Imran Khan (@ImranKhanPTI) April 24, 2021
Selon des experts, les offres pakistanaises n’auraient probablement que très peu de chances d’être approuvées…
La solidarité sur le terrain
A titre d’exemple, environ 50 000 personnes seraient actuellement en isolement à New Delhi, atteints du Covid-19. Certains, trop malades, faibles ou vieux, ne peuvent pas faire face, seuls, à leur quotidien. Ponctuelle au début, une entre-aide régulière et indispensable se met en place depuis plusieurs semaines.
C’est le cas de Plaksha Aggarwal, qui vit près de New Delhi. Cette femme a très vite compris que les malades isolés avaient besoin d’assistance de proximité. Après avoir approvisionné quelques familles dans son complexe d'appartements, elle a commencé à recevoir des appels de toute sa ville, Noida. Aujourd’hui, Aggarwal peut préparer jusqu’à 120 repas par jour. Elle fait partie d'une communauté grandissante de cuisiniers à domicile, de voisins bienveillants et de bons samaritains à travers l'Inde qui aident à nourrir des milliers de patients atteints de la maladie COVID-19 en isolement à domicile. "Lorsqu'on est isolé chez soi, avoir quelqu'un qui s'occupe de sa nourriture ou de celle de ses enfants parce qu'on ne peut pas cuisiner pour eux, c'est un stress en moins", raconte-t-elle.
Il y a quelques jours, lepetitjournal.com recevait un message évoquant une action à Chennai, Cook for Covid. Après une recherche sur Instagram, ce groupe se présente ainsi : « Bonjour, Nous sommes une équipe de volontaires qui cherchent à apporter leur soutien à notre quartier pendant cette période difficile ! ». Les bénévoles cherchent aujourd’hui d’autres bénévoles pour cuisiner ou livrer, et répondre ainsi aux centaines de demandes quotidiennes de personnes isolées chez elles car en quarantaine, et souffrant de la Covid-19. Si ce mouvement de solidarité vous intéresse, voici le lien pour donner vos coordonnées.
A travers cet article, nous souhaitons également saluer le dévouement sans faille de Stella et ses équipes d’Annai Charitable Trust à Chennai et aux alentours. Ces personnes exceptionnelles et courageuses distribuent chaque jour des paniers repas et du matériel pour ceux qui n’ont rien. Soutenu par l’association Chennai Accueil, le Trust est plus que jamais sollicité avec la nouvelle vague de pandémie, qui démunie de nombreuses familles. Si vous souhaitez les aider, n’hésitez pas à cliquer ici et contacter l’association d’accueil des Français à Chennai.
Ainsi, qu'il s'agisse de préparer des repas maison ou d'aider à l'attribution de bouteilles d'oxygène et de lits d’hôpitaux, beaucoup d’indiens volontaires répondent à l’appel, sur le terrain, ou en ligne.
La solidarité en ligne
A travers cette crise sans précédent se distingue une arme infaillible : les réseaux sociaux. A l’aide d’applications de tchat, en passant par Instagram, Twitter ou encore Google Docs, de nombreux indiens arrivent à trouver de l'oxygène, des médicaments, ou encore du matériel médical. Pour preuve, l’histoire de Bansal à New Delhi. Cette jeune fille atteinte de Covid a reçu l’aide d’amis qui ont parcouru sans relâche Twitter et Instagram. Après quelques pistes malveillantes, ils ont trouvé un fournisseur d’oxygène. Même si Bansal a payé 12 fois le prix initial, elle doit beaucoup à la persévérance de son entourage via les réseaux sociaux. Même Tinder a joué un rôle. Oui, oui Tinder avec l’histoire relayée dans la presse indienne d’une jeune fille qui cherchait un don de plasma pour une amie atteinte de Covid. A force de liker des profils en apparence compatibles, elle reçoit un jour une réponse positive d’une personne avec le bon groupe sanguin. Ces histoires pleines d’espoir ne seraient pas possibles sans l’aide de bénévoles comme Umang Galaiya, ingénieur de 25 ans qui a créé un site web nommé covid19-twitter.in permettant de réaliser des recherches par mots clés par ville. Plus de 200 000 personnes ont déjà visité le site depuis sa création. Cependant, il est important de noter que l’Inde compte environ 2 millions d’utilisateurs de Twitter et 28 millions d’utilisateurs d’Instagram (sur 1,37 milliard d’Indiens) ce qui en font des moyens de communication élitistes.
Côté autorités, des Etats réfléchissent à mettre en place des tableaux de bord en ligne pour connaître l’information vérifiée et en temps réel. C’est le cas du Karnataka qui partage des données très précises sur les lits d’hôpitaux disponibles. Malgré quelques bugs, l’outil joue aujourd’hui un rôle essentiel dans la crise actuelle. Il semble évident que cette solution, solidaire et gratuite devrait se déployer dans toute l’Inde ; Les gouvernements devraient réfléchir à devenir des facilitateurs d’initiatives individuelles comme celle d’Umang Galaiya, évoquée précédemment…
La rédaction Lepetitjournal.com Chennai n'a évidemment pas pu présenter toutes les actions solidaires et bienveillantes qui ont lieu en ce moment en Inde mais tient à transmettre tout son soutien à travers ces quelques mots.