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La communauté SIKHe de Chennai - A la découverte du GURDWARA

le gurdwara sikh de chennai - Prosternation devant le livre sacréle gurdwara sikh de chennai - Prosternation devant le livre sacré
Gurdwara de Chennai. Prosternation devant le livre sacré. En poster de fond, la reproduction du temple d'or d'Amritsar
Écrit par Annick Jourdaine
Publié le 12 octobre 2021, mis à jour le 19 décembre 2023

Un dimanche à Chennai, pourquoi ne pas découvrir ou redécouvrir le temple de la communauté sikhe de la ville, le GURDWARA (littéralement « la porte du Guru, donc de la connaissance »). Vous trouverez toujours sur place une bonne âme pour commenter ce qui se passe et vous initier à la culture sikhe. 

L’établissement est situé dans le quartier de T Nagar, sur GN Chetty Road. C’est un ensemble de bâtiments construits dans les années 1950, qui regroupe la salle de prière, un centre médical accessible aux personnes sans moyens et une cuisine communautaire, le Langar, qui sert des repas végétariens gratuits à tous ceux qui le souhaitent. Ces repas sont préparés par des bénévoles, Sikhs ou non. Vous pouvez aider au service ou à la plonge. Lors des inondations de 2015, la cuisine a livré très rapidement plus de 50 000 colis de nourriture par jour à ceux qui avaient tout perdu. En 2020, pendant le confinement, le Langar a servi de la nourriture à quatre cents migrants par jour.  

Le Gurdwara est ouvert à tous, sans exclusion religieuse. La seule exigence est de se couvrir la tête, femmes et hommes. 

Vers 11h30, les fidèles entament des chants puis vient l’heure de la lecture du livre sacré, le Guru Granth Sahib. 

Lors des grandes fêtes sikhes, le Gurdwara peut accueillir près de 7 000 personnes, mais en temps ordinaire, les pratiquants du dimanche sont relativement peu nombreux, en rapport avec la faible taille de la communauté de Chennai. 

 

repas au gurdwara sikh de Chennai
GURDWARA de Chennai. Cuisine et repas pour tous.

 

Qui sont les Sikhs de Chennai ?

On compte environ 500 familles soit 0,06 % de la population de la ville. Le chiffre semble stable depuis des décennies. La communauté s’est installée à la suite de la partition après l’indépendance, les Sikhs s’éparpillant sur le territoire indien pour fuir les massacres à la frontière avec le Pakistan. 

Les Sikhs représentent 1,7 % de la population indienne, soit environ 23 millions de personnes. 80 % d’entre eux vivent au Pendjab, l’état originel de la religion. Le Gurdwara d’Amritsar au Pendjab est le centre du sikhisme.

La diaspora sikhe est importante, principalement au Royaume Uni, aux USA et au Canada. Il y aurait encore 50 000 Sikhs au Pakistan. En France, on en compte 30 000, qui fréquentent surtout les cinq Gurdwaras implantés en Seine Saint Denis.  

 

Quels sont les principes du sikhisme ?

Le sikhisme est une religion monothéiste fondée dans la région du Pendjab au XVième siècle par le Gourou Nanak. Sa doctrine repose sur les enseignements de dix gourous successifs et est transcrite dans le livre sacré, le Guru Granth Sahib, qui est écrit dans plusieurs langues (Pendjabi, Sanskrit, Hindi, Persan, Russe…).

Selon le Gourou Nanak, la religion doit unir les hommes. Or le constat est que les religions existantes ont plutôt tendance à les monter les uns contre les autres, en introduisant de nombreuses discriminations. Ainsi, les Sikhs rejettent le système des castes, en s’appuyant sur le concept d’égalité des droits pour tous. Ils croient en un dieu suprême, absolu et infini. Pour eux, toutes les religions peuvent conduire à ce dieu.  

Le Sikhisme retient également la théorie du karma et de la réincarnation, sans être fataliste. 

On évite les réincarnations en renonçant aux vices (chair animale, alcool, tabac, jeux de hasard), en surmontant son propre égoïsme, en menant une vie intègre et honnête.

 

le langar du gurudwara sikh de chennai
GURDWARA de Chennai. Cuisine et repas pour tous.

 

Les fêtes sikhs  

Plusieurs grandes fêtes ponctuent l’année religieuse. 

En janvier, on fête la naissance du 10ième et dernier gourou, Gobind Singh. Il a déclaré close la succession des gourous et fait du livre sacré l’autorité spirituelle du sikhisme.

Le 14 mars, c’est le nouvel an sikh, le calendrier débutant en 1469, année de naissance du gourou Nanak, fondateur. 

Le 14 avril, Vaisakhi, on célèbre la création de la communauté (la khalsa) régie par des règles de comportement et d’apparence. 

Le 20 octobre, c’est la fête du livre sacré. 

Dans le Pendjab et les Etats du nord-ouest où les Sikhs sont présents, le festival majeur est l’anniversaire de la naissance du premier Gourou, Gourou Nanak. C’est un jour férié.

 

Comment devenir sikh  ?

Faire partie de la communauté suppose en premier d’être « baptisé ». Il faut boire alors l’Amrit, une eau sucrée et aromatisée. 

Les initiés doivent ensuite porter cinq signes distinctifs, appelés les 5K : 

  1. Avoir les cheveux longs et la barbe (le Kesh), 
  2. Nouer ses cheveux grâce à un peigne (le Kangha) et les tenir dans un turban (le Dastar). 
  3. Porter un poignard recourbé à la taille (le Kirpan).
  4. Avoir un bracelet en fer au poignet (le Kara). 
  5. Porter un caleçon spécifique (le Kachera). 

 

Dans l’assemblée réunie le dimanche matin au Gurdwara de Chennai, la proportion de personnes portant ces attributs est relativement faible. Nombreux sont les adeptes non totalement engagés. Il semble qu’une certaine jeunesse hindoue ou musulmane porte de plus en plus d’intérêt à cette religion d’ouverture, tolérante et plus égalitaire. 

 

Des Sikhs célèbres 

Beaucoup de Sikhs ont pour nom « Singh», qui signifie « lion » ; cependant tous les « Singh » ne sont pas Sikhs, car ce nom est aussi largement répandu parmi les Hindous.

Pendant longtemps, les Sikhs ont été fortement présents dans l’armée. Cette affinité pour le statut militaire est la conséquence de la politique coloniale britannique qui, selon une théorie dite « des races martiales », recrutait ses auxiliaires militaires parmi les Sikhs du Pendjab et les Gurkhas du Népal.

Des Sikhs se sont distingués dans tous les domaines de la vie publique indienne : un premier ministre, un président de la fédération, des chefs de l’armée, des industriels, des acteurs de cinéma, des chanteurs, un physicien « père de la fibre optique »…

Deux hommes sont restés dans l’histoire, les deux gardes du corps qui ont assassiné Indira Gandhi en 1984, en représailles de l’assaut qu’elle avait ordonné contre le temple d’Amritsar où s’étaient réfugiés des indépendantistes sikhs.

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