Près de 3.000 camping-caristes français seraient bloqués au Maroc dû à la crise du Covid-19. Entre annulations et reports des bateaux en direction de la France et l’Espagne, le temps en confinement dans un camping commence à sembler interminable pour ces Français.
Alors que beaucoup de Français ont pu être rapatriés du Maroc par avion, la tâche s’est avérée plus complexe pour les quelques 3.000 voyageurs en camping-car. Entre le moral qui baisse et les occasions inédites de cette situation, ces Français s'accommodent tant bien que mal en attendant de pouvoir rentrer chez eux.
Une épidémie relativement contrôlée au Maroc
Le premier cas de Covid-19 a été recensé le 2 mars 2019. Depuis la pandémie s’est répandue dans tout le pays atteignant aujourd’hui 7 532 cas ainsi que 22 décès.
Pour stopper la propagation du virus, le gouvernement marocain a mis en place des mesures telles que la suspension des vols à destination de plusieurs pays ainsi que la suspension presque totale des liaisons maritimes avec l’Espagne et la France. Le pays est en confinement depuis le 19 mars et cela devrait durer jusqu’au 10 juin.
Sentiment d’abandon
La plupart des Français bloqués au Maroc dans leur camping-car sont des retraités partis pour des vacances. Venus des quatre coins de la France, le confinement dans un camping commence à se faire long. Les balades sur les routes comme à la mer sont interdites et les possibilités de rapatriement semblent encore lointaines.
Michel et Elisabeth, un couple d’Occitanie, avaient réservé un billet retour pour le dimanche 24 mai, mais le ferry a été annulé et les billets non remboursés. Ils ont tenté de joindre le consulat qui est resté jusqu’à présent muet à leurs sollicitations. L’ambassade de France au Maroc invite les concitoyens à se rapprocher des compagnies maritimes, laissant ces Français avec un fort sentiment de désarroi. Josiane, confinée dans un camping au sud d’Agadir confie à France Bleu : « On est vraiment abandonnés. Tout le monde dit ça, ici, tout le monde dit que le gouvernement nous abandonne ».
Un Vosgien et sa femme sont même allés jusqu’à lancer le 14 avril une pétition sur internet pour réclamer au gouvernement son rapatriement avec sa camionnette. L’Etat français lui avait bien proposé un retour au pays, mais en avion. Or, il n’est pas question pour Hubert Bergé de laisser son véhicule derrière lui.
Des Français positifs !
Pour un couple de Champleur en Sarthe, ce confinement est un « bonus, un prolongement des vacances » confient-ils au magazine Actu. Au Maroc depuis septembre 2019, ils organisent ce road-trip marocain depuis 12 ans durant les mois d’automne et d’hiver.
A l’annonce des premières mesures des gouvernements marocain et français, ils se sont enregistrés auprès du consulat. Mais lorsqu’ils se sont vus proposer des billets retour à près de 1 200€ par véhicule, ils ont préféré rester. Depuis, ils n’ont plus de nouvelles des autorités françaises.
Ils ont donc rejoints un couple d’amis à Tiznit, une ville qu’ils connaissent bien et où le camping chouchoute ses résidents. L’animation n’y manque pas, entre rencontres et repas avec d’autres touristes européens. Ils n’ont « pas trop envie de rentrer » , « nous avons la chance d’avoir le temps, de ne plus travailler, alors nous patientons et essayons de profiter du soleil autant que possible » rigole Odile.
Le gouvernement français ne les oublie pas
Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a évoqué la difficulté des camping-caristes français, bloqués au Maroc. Il a annoncé sur France Inter : « nous avons déjà mis en place trois liaisons maritimes qui ont eu lieu. Et nous allons organiser (…) une dizaine de liaisons maritimes dans les quinze prochains jours". "Il y en a une aujourd'hui qui va à Sète et une autre demain qui va aller à Marseille. Et la semaine prochaine, il y aura des traversées qui seront prévues pour Malaga, Sète et Marseille", détaille-t-il.
Il rappelle tout de même qu’"Il y a vraiment des difficultés" pour faire rentrer les ressortissants français qui se trouvent au Maroc. "Nous faisons le mieux possible, et ce n'est pas toujours simple", souligne le ministre. 30 000 ressortissants français ont pu quitter le Maroc depuis le début de la crise, selon Jean-Yves Le Drian.