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PORTRAIT - Eric Raisina maîtrise l’art et la matière

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 25 mars 2009, mis à jour le 17 mars 2010
Qui dit styliste haute-couture dit aussi grande maison. De ces échoppes très chics dont on n'ose franchir le pas. La maison d'Eric Raisina, à Siem Reap, est plutôt de celle dont on ne veut plus passer le seuil une fois entré. Le raffinement simple du lieu, les courants d'air qui font doucement s'agiter les incroyables tissus du créateur, contribuent à l'agréable nonchalance du lieu. De cette nonchalance caractéristique des îles, à l'instar de Madagascar où est né Eric Raisina, il y a une quarantaine d'années

(Crédit Photo, Corinne Callebaut)
Du jeu à la prise de conscience
Dès son adolescence, le styliste se souvient de sa curiosité pour les machines à coudre : « J'adorais le son qu'elles produisaient. Ce mouvement continu des aiguilles et des bobines dansant sur le tissu me fascinait.» A 17 ans, il commence à exercer ses talents sur ses s?urs à qui il dessine des modèles, et se fait remarquer à 19 ans, grâce à une robe créée pour un concours régional de miss. Peu à peu son succès croît. Il commence à se faire une petite clientèle locale et remporte en 1993 le prix de jeune talent au Festival annuel de la mode. Lui qui se destinait à l'hôtellerie obtient une bourse pour préparer un master à l'Institut Français de la Mode à Paris. « Là, j'ai touché à tout, la peinture, le dessin, la photo, la teinture. C'est là que j'ai compris que c'était la fabrication qui m'intéressait . »

Le Déclic
Après un court séjour au Mali où il étudie l'art Dogon, il se rend en 1996 au Cambodge pour lequel il a un véritable coup de foudre. « J'y ai trouvé beaucoup de similitudes avec Madagascar, notamment physiques. Mais c'est surtout leur méthode de tissage ancestral qui m'a fasciné. » Du coup, Eric décide de rester et de faire un stage de deux mois aux Ateliers d'Angkor sur de vieilles machines en bois. Revenu en France, il travaille avec Christian Lacroix qui utilise les matières du jeune styliste pour sa collection. Un choix qui fait mouche puisque Lacroix parvient à vendre un bustier fabriqué par Eric pour 15.000 francs (environ 2.286 euros). Une somme que le jeune homme utilise pour retourner au Cambodge. « Là, j'ai mis au point un nouveau tissu dont j'ai vendu 15 mètres à Yves Saint-Laurent. Ils ont été vendus immédiatement. ! C'est là que j'ai eu un déclic? »

La renommée
En 2000, il quitte Paris pour s'installer au Cambodge. Jusqu'en 2004, il travaille pour les Artisans d'Angkor avant de les quitter et de s'installer à son compte, dans sa propre maison. « Il y avait tout à construire. Je voulais continuer à créer mais également former des couturiers au tissage sur de vieilles machines, pour que ces méthodes ne se perdent pas. » Aujourd'hui, Eric Raisina emploie 14 personnes, pour tisser, teindre, coudre, broder? Sur ses mannequins, les tissus flottent, légers, les couleurs sont chaudes, la matière extrêmement douce. Il se révèle bien difficile de résister à toucher les étoffes, en particulier cette fameuse « fourrure-soie », qui ne cesse de faire des adeptes. « Ce qui m'importe, c'est l'échange. Entre deux pays, entre deux cultures. Je considère ma présence ici comme une mission. »

Présent à Dakar en juin dernier pour présenter sa collection « Sent mille fleurs », il se trouve actuellement à la Fashion week de Bangkok. Il continue également de collaborer avec d'autres grands stylistes à Paris ou Johannesbourg. Mais toujours en gardant un ?il tourné vers son île natale, où il souhaite un jour construire une école de mode « qui mettra au jour le talent et la beauté des créations malagaches. »


Corinne Callebaut (LePetitJOurnal Cambodge) mercredi 25 mars 09

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Renseignements/adresse :
Nº. 053, Trapeang Ses Village, Kok Chak Commune,
Siem Reap District
Tél. : 063 963 207
Mob. : 012 580 283 / 012 965 207

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Publié le 25 mars 2009, mis à jour le 17 mars 2010

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