

Ils étaient venus pour corriger le tir. Ce fut fait, plutôt bien d'ailleurs, avec une surprise au bout. Du jour au lendemain, sans prévenir, sur RFI Cambodge, la langue khmère passait d'une heure à quatorze heures d'antenne, laissant portion congrue à la langue française. Un changement brutal plutôt mal vécu par les Français et les francophones du pays. La gronde commençait à se faire entendre. Deux jours plus tard, La direction de RFI repart enchantée avec, entre autres, la promesse d'une nouvelle fréquence pour une antenne 100 % en langue française. Explications avec Marie-Christine Saragosse, PDG de RFI, sur deux jours plutôt inattendus.
Lepetitjournal.com/Cambodge : Le moins que l'on puisse dire est que le passage brutal à 14 heures d'antenne en langue khmer sur RFI fut mal perçu par les Français et les francophones ?
Marie-Christine Saragosse : Ce changement a été mal expliqué, nous devions venir plus tôt et cela n'a pas pu se faire. RFI a toujours eu comme cible naturelle ceux qui parlent français. Mais RFI a aussi pour mission de s'adresser aux non-francophones dans leur langue naturelle pour précisément véhiculer les valeurs de la francophonie. Et pour continuer à entretenir la flamme de la francophonie dans ce pays fondateur qu'est le Cambodge, nous nous devions d'aller chercher un nombre plus grand d'auditeurs dans leur langue. Il fallait donc donner un nouvel élan à nos programmes en khmer au Cambodge. On ne pouvait renoncer à parler à l'écrasante majorité du Cambodge. Lorsqu'il y avait qu'une seule heure de khmer quotidienne, elle concentrait 85 % de l'audience.
Comment se décline la nouvelle grille de programmes en khmer ?
Elle est riche de trois grands rendez-vous d'information de 7H à 8H, de 13H à 14H et de 19H à 20H, offrants journaux, chroniques et magazines produits entre Paris et Phnom Penh. Un grand journal en français est diffusé à chaque heure ronde pendant les quatorze heures d'antenne en khmer. De 21H à 7H reste la tranche RFI Monde en français. Notre antenne est parfaitement bilingue en volume horaire.
Le point de départ est d'aller chercher les moins de moins de trente ans pour qu'ils comprennent qu'il y a une plus value à parler français. Nous diffusons ainsi des rendez-vous dédiés à l'apprentissage du français et au bilinguisme.
Quels sont les liens entre RFI et RFI khmer ?
Tout d'abord un lien historique et humain avec Jean-François Tain, directeur de RFI khmer qui dirigeait la rédaction khmer à Paris. Sur le plan juridique et financier, nous avons un partenariat et la rédaction locale est sous l'autorité éditoriale de Paris.
Le ministre de l'Information, Kanharith Khieu, a annoncé lors de la conférence de presse la mise à disposition d'une fréquence pour une antenne 24H sur 24 en français. Vous attendiez-vous à telle une proposition ?
Dans le meilleur des mondes, nous en rêvions. J'avais dit la veille au ministre que l'idéal serait d'avoir deux fréquences, l'une en français, l'une en khmer. Il a aussitôt répondu que nous aurons une fréquence après les élections. C'est un cas de figure unique au monde.
Une de ses autres préoccupations est d'avoir sur la télévision cambodgienne plus de programmes en français. Je lui ai proposé de choisir ce qu'il souhaite comme programmes de France 24. Fort de ces projets, le Cambodge va devenir un phare de l'audiovisuel en Asie. TV5 est très présente, France 24 vient de signer sur le câble en plus de la TNT. S'ajoute à cela le projet avec l'Institut français ce créer des outils pédagogiques pour apprendre le français professionnel. Sans oublier notre rencontre avec la ministre de la condition féminine, Kantha Phavi, avec qui nous allons monter un projet avec l'occasion de la semaine de la lutte contre les violences faites aux femmes à l'automne prochain. On quitte le Cambodge avec des liens d'une solidité que l'on n'imaginait pas il y a trois jours.
Propos recueillis par Emmanuel Scheffer









































