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LIVRES - Balades historiques à Phnom Penh avec Jean-Michel Filippi

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 6 juin 2012, mis à jour le 8 février 2018

Dans son livre Déambulations phnompenhoises, Jean-Michel Filippi, linguiste de formation, propose sept promenades à travers l'histoire de la capitale du Cambodge. Ce livre de poche qui n'a pas vocation à remplacer un guide touristique, est une espèce de "plaidoyer pour les 150 ans de Phnom Penh en tant que capitale ". Retour avec l'auteur sur cinq lieux les plus intéressants selon lui d'un point de vue à la fois personnel et historique afin de vous donner un léger avant-goût du contenu du livre.

Jean-Michel Filippi s'intéresse plus particulièrement à l'histoire de Phnom Penh lorsqu'il commence une chronique hebdomadaire sous forme de déambulation dans la ville pour Cambodge Soir en 2007. Deux ans plus tard lorsque le journal ferme, il décide de regrouper tous ses articles, de les retravailler et d'en faire un livre. Plutôt que de se limiter à une recherche d'archives, Jean-Michel Filippi privilégie les interviews des habitants qui ont connu l'évolution de la ville. L'auteur annonce : "Ce livre est écrit pour tout le monde alors baladez-vous" et détaille cinq lieux de Phnom Penh qui l'ont particulièrement marqué.

Ancien temple cantonnais

L'ancien quartier cantonnais

"Près des quais, lorsque l'on dépasse la "Maison Chinoise" (Chinese House), on entre dans le quartier cantonnais. Ce quartier est intéressant car les chinois cantonnais qui ont été, comme tous, éjectés hors de Phnom Penh à l'époque des Khmers Rouges, ont essayé de le récupérer dans les années 1980 alors qu'il était surpeuplé de Vietnamiens. Il y a encore beaucoup de vestiges : le temple, l'Ecole des Chinois Cantonnais dont l'aspect monumental des bâtiments contraste avec les petites habitations vietnamiennes."

 

 

Eglise de la providence

Le quartier de la Providence

"Il se situe un peu plus au Nord du quartier cantonnais. S'y trouve une église vampirisée. Les sœurs de la Providence de Portieux étaient installées dans l'église où elles établirent un couvent, un hôpital, et une école privée pour fille. Ce qui est intéressant c'est que c'est une des dernières églises d'avant 1975 car les autres ont été détruites pour la plupart. Après 1979, les gens s'installent en découpant les bâtiments, l'église perd alors sa fonction originelle. J'ai été très ému en la visitant la première fois. J'ai habité dans ce quartier trois mois sans pratiquement en sortir : tous les matins je faisais des interviews des personnes du quartier, les après-midi je traduisais et le soir j'allais boire des coups avec les gens du quartier pour discuter encore avec eux."

 

Place de la poste en 1910

La place de la poste

"Cette place est fascinante, c'est l'œuvre de l'architecte Daniel Fabré qui a construit tout cela en huit ans. A l'époque, il est pressé et reprend donc des modèles déjà existants et qui se retrouvent dans le Cadastre, la banque d'Indochine et la Poste. Il y a vraisemblablement dans la disposition de ces bâtiments, une originalité remarquable. Il applique la conception de Camilo Sitte parti en guerre dans les années 1950 et qui était pour l'abolition des places rectangulaires, industrielles pour que l'œil puisse reconstruire la place. La perception qu'a l'homme de l'espace urbain qui l'entoure est essentielle pour l'architecte. Ainsi, quand on se place devant le Commissariat, la Poste ou le Cadastre, nous avons une conception différente de la place ce qui est très intéressant."

 

Ancienne Ecole Nationale Supérieure, aujourd'hui Institut de Langues Etrangères

L'Institut de Langues étrangères

"Situé entre l'ITC (Institut de Technologie du Cambodge) et l'Université, l'Institut de Langues Etrangères était autrefois l'Ecole Nationale Supérieure où des professeurs étaient formés. Le bâtiment a été inauguré en 1972. L'ensemble est vraiment très beau. J'ai enseigné dans un de ces amphithéâtres et je ne me suis jamais aussi bien senti dans une salle de cours. Ça a été presque un déchirement quand on m'a changé de salle alors qu'en quittant la Hongrie en 1995, je me suis dit que je ne trouverais pas d'Universités aussi agréables."

 

 

Tombe de Fourcros à Wat Phnom

Wat Phnom

"A Wat Phnom, il y a une tombe bleue que tout le monde ignore alors qu'elle est assez visible. Elle est en plein dans l'allée centrale et mis à part un Américain qui a fait des recherches sur cette tombe, je dois être un des seuls à avoir écrit dessus. C'est la tombe d'un Français, on ne sait pas pourquoi il a été enterré à cet endroit. Son nom était Fourcros, il faisait partie de ces Français jugés "indignes" par le Protectorat français car il critiquait la mission civilisatrice qui justifiait le régime installé. Les gens comme lui n'avaient pas leur place dans la société."


Propos recueillis par Anaïs Chatellier (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) Jeudi 7 juin 2012

Ce soir à partir de 16h30 a lieu une soirée de lancement du livre Déambulation phnompenhoise à l'Open Wine.

En septembre, Jean-Michel Filippi devrait sortir un livre du même style "Promenade à Kampot" sur l'histoire de Kep, l'architecture chinoise, les minorités ethniques, les temples, les chams et l'Islam, les restes du protectorat français, les quelques folies de l'époque, etc.

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Publié le 6 juin 2012, mis à jour le 8 février 2018

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