Hier a eu lieu l’inauguration du compost municipal de Kampot, plus de deux ans après une première fermeture. Il pourra traiter jusqu’à trois tonnes de déchets organiques par jour.
L’heure est à la fête pour les milliers de larves, asticots et autres vers du compost municipal de Kampot. Après plus de deux ans de fermeture, le site a rouvert ses portes hier. Il est à nouveau prêt à accueillir, mastiquer et digérer tous les jours les quelque trois tonnes de déchets organiques produites par la ville, pour les transformer en compost et fertilisant pour les agriculteurs locaux.
Lors de l’inauguration, une quarantaine de personnes étaient présentes pour une visite des lieux, à 800 mètres du centre-ville. Des habitants et restaurateurs locaux ont fait le déplacement, ainsi que Cheim Pha, le gouverneur de la ville et des représentants de l’entreprise GAEA et de la Green School Cambodia, en charge de l’exploitation du compost.
« A l’heure actuelle, seuls les déchets produits par le marché central de Kampot sont collectés et traités, explique Claire Promé, directrice générale de GAEA, l’entreprise en charge de la collecte et du traitement des déchets à Kampot. Nous avons disposé deux bennes à ordures à l’extérieur du marché. L’une, de couleur verte, a vocation à ne recevoir que des déchets organiques pour le compost. La seconde, tous les autres déchets. »
A terme, un ramassage auprès des nombreux restaurateurs de la ville devrait voir le jour. Pour limiter les erreurs, des salariés sont également en charge de trier une seconde fois les déchets, avant de les répartir dans les dix silos à compost de 25 tonnes chacun.
Faire appel aux larves de mouches soldat noires
Faute de moyens, le site n’était plus en activité depuis deux ans. Sa réouverture est le fruit d’un partenariat entre la municipalité, qui fournit les locaux, et GAEA. Au sein même du site de compostage et pour expérimenter des nouvelles techniques de traitement des déchets organiques, un second partenariat a lieu entre l’entreprise privée et la Green School Cambodia, une initiative individuelle pour la défense de l’environnement portée par Stéphane Amsellem.
Une première technique, assez classique, est opérée par l'entreprise de ramassage de déchets. Appelée compost en aérobie, elle consiste à laisser les déchets organiques se dégrader lentement à l’air libre. Il faut compter deux mois pour que la matière se dégrade. « La taille des silos a été dimensionnée pour faire face à la production de déchets organiques de la ville », précise Claire Promé.
Une seconde technique, plus moderne mais encore expérimentale, est testée par Stéphane Amsellem. Elle fait appel aux larves de mouches soldat noires, véritables broyeurs à déchets organiques. « Ces larves ont plusieurs avantages, expose-t-il. Tout d’abord, elles sont naturellement présentes en Asie du Sud-Est. Ensuite elles se reproduisent assez facilement. Enfin, elles digèrent une variété de déchets plus importante que les vers utilisés dans des lombricomposts classiques. » De fait, en plus des déchets organiques, ces larves sont à même de digérer des restes de viande et de poisson, et même du café. Le tout en un temps record. « Avec cinq grammes d’oeufs de larves, il faut compter un peu moins d’un mois pour traiter 25 kilos de déchets » s’enthousiasme le fondateur de la Green School Cambodia. « Si les essais sont concluants, il est possible que nous utilisions les larves de mouches soldat noires pour l'ensemble du site », ajoute Claire Promé.
Miser sur la pédagogie
Une fois leur travail effectué, les larves, qui auront grossi, seront récoltées et pourront être transformées en protéines pour l’élevage animal. Quant au compost produit par l’ensemble du site, il sera revendu aux agriculteurs ou aux exploitations de poivre pour fertiliser leurs terres.
En parallèle, le compost de Kampot se veut être un espace de pédagogie pour « mieux enseigner aux Cambodgiens, notamment aux adultes, à trier les déchets et respecter leur environnement » souligne Stéphane Amsellem. Des flyers explicatifs ont déjà été distribués sur le marché pour sensibiliser les commerçants et des visites seront organisées pour mieux faciliter la compréhension des enjeux du tri, du compostage et du recyclage.