Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

JAZZ - Ça swingue à Phnom Penh

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 24 novembre 2016, mis à jour le 24 novembre 2016

 

Le jazz au Cambodge s'est invité ici et là en poussant des portes. De façon régulière au "Bouchon", bar cosy tout proche du Palais Royal où Philippe Javelle, son programmateur artistique, convie de nombreux et talentueux musiciens pour proposer le mercredi d'élégantes sessions live. Il est aussi l'invité privilégié du "Est", un autre bar branché de la capitale qui, certains soirs, s'anime de rythmes jazzy ou de blues, souvent sous la houlette de Richard Boisson. On le trouve encore au Mestizo, jardin gastronomique et musical tenu par Aymen Ghali, un autre musicien installé à Phnom Penh. On peut enfin l'entendre, même si c'est plus exceptionnel, au Riverhouse, ou encore à la Chinese House, pour ne citer que ces deux-là.

Depuis le mois de juillet dernier, la capitale du Cambodge s'est enrichie d'un nouveau club qui lui est entièrement dédié : le "Jazz Club Phnom Penh", niché au c?ur de la ville, à deux pas du Monument de l'Indépendance. Un nouveau lieu atypique dont l'ambition n'est pas de proposer de la musique à ceux qui sont venus boire un verre, mais d'offrir un verre à ceux qui sont venus écouter de la musique. Il ne faut pas y voir une simple nuance, mais une vraie différence clairement revendiquée par ses propriétaires, Sébastien Adnot et Noël Mackay. Un nouveau club de jazz à Phnom Penh, donc. Un pari ? Oui, assurément. Mais un pari qui n'est peut-être pas si fou que ça. On note en effet, pour peu qu'on tende l'oreille, que le jazz se fait, lentement mais sûrement, une place dans la ville.

En franchissant la porte de ce club tenu par deux amis de longue date et musiciens passionnés, on se retrouve immédiatement projeté dans le Paris des années 20. Les tableaux et vitraux réalisés par Noël ornent la salle, ce dernier n'hésitant pas à en parler comme d'un "joyeux mélange burlesque et art déco". Mais peu importe l'étiquette que l'on appose au décor, on sait que ceux qui l'ont imaginé y ont mis une grande part d'eux-mêmes, offrant un peu l'impression de vous recevoir chez eux. Passée cette première impression, on peut se laisser bercer par la musique. Et quelle musique ! Les musiciens qui se produisent sur la jolie scène du club comptent assurément parmi les meilleurs de la ville, et le son a de plus fait l'objet d'un soin tout particulier.

Au club, on entend bien sûr régulièrement la contrebasse de Sébastien et le violon de Noël, souvent pour des sessions de jazz manouche, leur passion commune dont Django Reinhardt, seul à avoir réussi à se faire une (petite) place dans le décor, vient d'ailleurs témoigner. Mais on y entend aussi "d'autres" jazz (hard bop, jazz funk, smooth jazz, etc), joués par des formations à géométrie variable, composées de musiciens basés à Phnom Penh ou simplement de passage, dénichés par Sébastien dans son épais carnet d'adresses. Une programmation ostensiblement jazz donc, mais qui n'hésite pas s'offrir des incursions vers d'autres styles, pour peu qu'un musicien en offre l'occasion. C'était le cas récemment avec "12Me" et "Krom", ce sera le cas bientôt avec Victor Tabaoda, guitariste colombien, et d'autres encore.

Le Jazz Club souhaite offrir avant tout une programmation à la fois riche et exigeante. Mais ce n'est cependant pas son seul mérite, car il faut savoir que, tout comme nous, ce dernier ne vit pas que la nuit. Le jour, il propose sa scène et son équipement hi-tech aux musiciens locaux qui souhaitent répéter, enregistrer ou simplement se rencontrer. Une autre facette du club qui, quoique moins visible, est essentielle aux yeux de Sébastien et Noël, qui savent mieux que d'autres que le jazz ne s'imposera au public que s'il est joué par les meilleurs musiciens, dans les meilleures conditions.

Alors puisque plusieurs lieux le courtisent, qu'un autre s'offre tout à lui, il n'est pas tout à fait déraisonnable de croire que le jazz s'installe enfin au Cambodge. Certes, il ne s'y est pas encore imposé : les radios locales n'en diffusent pas, le grand public n'y a pas encore été initié et quelques clubs, peut-être arrivés trop tôt, ont été contraints, en des temps pas très anciens, de mettre la clé sous la porte. Mais on peut espérer que Phnom Penh, qui change pour tant d'autres choses, soit enfin prête à accueillir durablement cette musique intemporelle et universelle. Le jazz sera également mis à l'honneur à Phnom Penh dans moins de 3 semaines lors de la 2ème édition du "Audi International Jazz Festival". 

 

Philippe Bonamy, Vendredi 25 novembre 2016 , (www.lepetitjournal.com/cambodge)

Retrouvez l'article du PetitJournal.com Cambodge sur le Audi International Jazz Festival : http://www.lepetitjournal.com/cambodge/1978-culture-cambodge/263441-a-venir-j-21-avant-le-debut-du-audi-international-jazz-festival  

 

SyzMrqo__400x400
Publié le 24 novembre 2016, mis à jour le 24 novembre 2016

Flash infos