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Témoignage: Laura Filitov, une Roumaine de France guérie du COVID-19

Témoignage Laura Filitov Roumaine guérie du coronavirusTémoignage Laura Filitov Roumaine guérie du coronavirus
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 22 avril 2020, mis à jour le 23 avril 2020

Notre rédaction a souhaité vous faire partager aujourd'hui le témoignage d'une Roumaine vivant en France, Laura Filitov. Installée à Paris depuis une vingtaine d'années, Laura et son mari ont récemment été atteints du COVID-19. Ils sont aujourd'hui en voie de guérison.

 

 

Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs?

Originaire de Brasov, je vis à Paris depuis 20 ans. Diplômée en relations économiques internationales à l'ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris), j’ai commencé ma carrière professionnelle au sein du cabinet d’audit EY. Aujourd’hui, en tant que Directrice dans une société française, j’accompagne les Directions Générales de grandes entreprises dans leurs projets de transformation et de développement à l’international. Mon mari est français. Mère d’une petite fille de 8 ans, je lui enseigne la langue et les traditions roumaines. Je suis également la fondatrice du Groupe d’Amitié France-Roumanie et Présidente du Réseau « La Roumanie au Féminin », je suis activement impliquée dans les projets de coopération économiques et culturelles entre mes deux pays.

 
 
Comment croyez-vous avoir été infectée par le COVID-19?

A ce jour, je n’ai toujours pas de certitude concernant la manière dont j’ai contracté le coronavirus. Ayant longuement réfléchi, je vois plusieurs possibilités : un supermarché où je faisais quelques courses, les transports en commun, ou alors le dimanche précédant le confinement. La traçabilité est un exercice lourd qui est devenu impossible à partir du moment où le nombre des cas a explosé en France.

 

Quels ont été les premiers symptômes?

J’ai ressenti les premiers symptômes le 20 mars. Leur apparition fut brusque, ce qui peut s’avérer anxiogène. La veille, je me sentais en parfait état. Le premier jour a été marqué par une grande fatigue, inhabituelle. Le lendemain matin, j’ai commencé à tousser. J’ai ressenti une forte pression pulmonaire avec une sensation d’essoufflement. En parallèle, j'avais une fièvre modérée. Le troisième jour, je me suis réveillée avec un mal de tête aigu, accompagné par de fortes courbatures. Au bout de 5 jours, le goût et l’odorat ont été affectés, ce qui m’a beaucoup surpris. J’ai perdu l’appétit peu à peu. Chaque jour me réservait des surprises, je ne pouvais pas anticiper l’évolution de la maladie. D’ailleurs, pendant plus de 15 jours, je n’ai remarqué aucun signe de guérison. Je ne voyais pas le bout du tunnel. Un mois plus tard, je ne suis toujours pas complétement remise.

 

Avez-vous été hospitalisée?

J’ai longuement hésité à appeler le 15. Les hôpitaux étaient saturés. En regardant les messages transmis à la télévision, l’inquiétude des médecins urgentistes face à la montée des cas graves et leur incertitude liée à l’évolution du virus, j’ai préféré consulter à la maison. Mon diagnostic initial a été confirmé par 2 médecins, dont un de SOS médecin. Cette dernière consultation s’est avérée très utile. Je suis contente qu’en France ce service ait décidé de maintenir les visites à domicile, car dans mon cas j’ai remarqué qu’une simple téléconsultation n’était pas suffisante. Elle devait être complétée par un examen clinique (notamment pour la mesure du taux d’oxygène dans le sang grâce à un oxymètre et la prise de tension). Je m’estime toutefois très chanceuse. J’ai bénéficié d’un suivi régulier de la part de mon médecin traitant, qui connait parfaitement mon dossier. Voyant une dégradation de mon état de santé, il m’a prescrit de l’azithromycine.

 

Aviez-vous eu peur quand vous avez appris que vous aviez le coronavirus?

J’ai pressenti que quelque chose d’anormal allait se passer. Les premiers symptômes de la maladie m’ont inquiétée. J’avais à faire à une situation nouvelle, inconnue. Être atteint du COVID-19 est une épreuve difficile, c’est très angoissant. Ce virus est encore trop peu connu. La réaction des médecins, démunis parfois, ne m’a pas aidée. Regarder les actualités, non plus. Je pense avoir vu la mort de près, surtout un soir où je n’arrivais plus à respirer. L’angoisse aggrave les symptômes, il faut savoir garder son calme et rester positif. Pour ma part, j’ai eu la chance d’être bien entourée, j’ai écouté de la musique, j’ai médité. Être touché par le COVID-19 n’est pas anodin, car il faut savoir être responsable, veiller à ce que l’entourage ne soit pas infecté, notamment les autres membres de la famille. Être confiné dans un appartement parisien, même en respectant tous les gestes barrière, ne facilite pas la tâche.  

 

Comment vivez-vous le confinement? Vous travaillez de chez vous?

Depuis le 16 mars, la France est en confinement. C’est une période difficile pour nous tous, surtout lorsqu’on habite en appartement. Le COVID-19 m’a permis de relativiser cette période, je n’avais qu’un souhait : celui de guérir. Le confinement est pour moi une opportunité de revoir mes priorités, de passer des moments qualitatifs avec ma famille, de reprendre des activités qui ont du sens pour moi, par exemple l’écriture. Ce projet, mis en stand-by faute de temps, m’a redonné le goût de la vie. Je devais vaincre le virus pour finaliser mon livre.

 

Votre mari a également été testé positif au coronavirus. Pouvez-vous nous en parler?

Souffrant d’asthme, mon mari, a effectivement été lui aussi infecté par le COVID-19. Il a subi des complications respiratoires et a donc été admis aux urgences où il a été hospitalisé. Aujourd’hui sa situation est stable, mais nécessite une période de repos relativement longue (les médecins indiquent 3 à 4 semaines de convalescence pour ce type de cas sévère). Nous avons passé les fêtes de Pâques en famille et sommes contents d’avoir surmonté ces obstacles.

 

grégory rateau
Publié le 22 avril 2020, mis à jour le 23 avril 2020

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