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Hector Destailleur, du matériel à la vente pour lutter contre le virus

respire matériel à la vente pour lutter contre le virus Hector Destailleurrespire matériel à la vente pour lutter contre le virus Hector Destailleur
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 1 juin 2020, mis à jour le 1 juin 2020

Aujourd'hui et en cette période de déconfinement progressif, notre rédaction a souhaité donner la parole au Français, Hector Destailleur. Ce jeune homme vient tout juste de créer respire.ro, une boutique en ligne permettant de commercialiser des équipements de protection contre le coronavirus.

 

 

Grégory Rateau: Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Je m’appelle Hector Destailleur, j’ai 23 ans et j’adore imaginer, créer et gérer des projets.J’ai mis pour la première fois le pied en Roumanie à l’âge de 7 ans, avec mes parents qui sont encore ici aujourd’hui. Depuis, je ne l’ai jamais quittée, du moins dans ma tête. Après une scolarité au lycée Français Anna de Noailles, je suis parti en France faire une école de commerce Bachelor+Master en 5 ans, (IESEG School of Management) à Lille.  Au cours de mes études, j’ai passé 1 an d’échange universitaire à Casablanca dans le cadre de ma 2ème année, et 6 mois au Texas pendant mon master. L’idée de rentrer en Roumanie pour me lancer dans une aventure entrepreneuriale a muri tout au long de mon cursus universitaire  et le déclic s’est fait pendant mon échange aux Etats-Unis, où j’ai trouvé ma première idée économiquement envisageable.

Aujourd’hui, je suis installé à Bucarest, pour de bon. J’ai cofondé 3 projets :
 - Le premier est une marque de produits de blanchiment dentaire à domicile (lancé en juillet 2019) : une niche de marché  très tendance aux US qui n’était pas développée sur le marché roumain. Distribution e-commerce sous la marque ELIMSMILE.
- Le second, lancé ce mois-ci, est une marque de produits de protection contre le Covid-19, fabriqués en Roumanie. Distribution e-commerce  sous la marque RESPIRE.
- Le troisième, le plus excitant et challengeant à mon sens : une application de covoiturage urbain destinée aux employés. Celui-ci est en cours de création: TEAMWAY.

Je travaille dans un espace de co-working dans le centre-ville de Bucarest et je partage ces projets avec des équipes franco-roumaines. Respire.ro a été fondé avec Valerian Callens. Voilà les grandes lignes entre lesquelles s’ajoute un peu d’associatif dans lequel je prends plaisir à m’impliquer (Bucar’Help / Association des anciens élèves du Lycée Français de Bucarest)

 

Pourquoi avoir choisi la Roumanie?

Sur le plan personnel, c’est ici que j’ai mes racines : mes parents, mes amis (qui sont majoritairement Roumains), et tous mes meilleurs souvenirs. C’est ici que je me sens le plus épanoui et je ne saurais trop l’expliquer : ma tête et mon cœur sont ici. Sur le plan professionnel, je pense que c’est un pays qui offre des opportunités pour mettre en œuvre des idées. Les gens sont réactifs, curieux, agiles et il existe beaucoup de compétences dans le digital. Ce sont les ingrédients indispensables pour créer des nouveaux marchés. Ici, j’ai le sentiment que rien n’est impossible et qu’il y a encore beaucoup de choses à faire pour participer à la croissance et au développement du pays.

 

Vous proposez des visières et des "smart finger" pour se protéger du COVID-19. Pourquoi ces produits plutôt que des masques?

Les visières m’ont été présentées par un partenaire avec qui je travaille pour la communication d’Elimsmile. En visitant son atelier, il m’a montré ses outils de production. Il était en train de fabriquer ces visières avec des machines qu’il avait adaptées pour cela. J’ai été séduit par le produit et, après l’avoir testé, je l’ai adopté. Fort de mon expérience e-commerce, nous avons décidé de collaborer pour distribuer ce modèle sur un site de e-commerce. En d’autres termes, je me suis proposé de lui construire et gérer une vitrine digitale, et de faire connaître son produit avec mon image de marque.

La visière est un moyen de protection de niche par rapport au masque en terme de volume, l’opportunité a fait que le producteur m’a demandé de rendre visible le produit et accessible au plus grand nombre.

En quelques jours, avec une petite équipe,  nous nous sommes attelés à la tache et construit le site Respire.ro qui propose les visières et le smart finger. 

Pour répondre plus précisément à la question: le marché des masques est un marché que se disputent de grosses sociétés et nous n’aurions pas de valeurs ajoutées à rentrer sur la place ; les visières se sont présentées comme une opportunité « de niche » que nous avons saisie, et nous tenons à nous différencier par la qualité et le confort de nos produits au quotidien, pour nos clients.

 

Comment vous est venue l'idée du "smart finger" ? N'avez-vous pas peur que cela rende les gens un peu germophobes?

En parcourant les sites de e-commerce et les réseaux sociaux, j’ai découvert ce produit. J’ai trouvé que c’était très ingénieux pour répondre à la préoccupation de se protéger contre le risque viral par le  fait de toucher des surfaces à risques. Combien de fois sommes-nous amenés à toucher des interrupteurs, des poignées de portes, boutons d’ascenseur ou taper son code de carte bleue dans un espace public ?
Le risque est là aussi, dans les objets du quotidien, alors proposer une sorte d’extension de doigt pour éviter de s’exposer est une alternative pour se protéger.

Je me suis mis en quête des partenaires avec le savoir-faire nécessaire pour mettre au point le produit et le fabriquer localement parce que c’est un point très important dans notre démarche : proposer des produits fabriqués en Roumanie pour soutenir la production et l’économie locale. C’est un vrai sujet en ce moment !

Notre préoccupation est de pouvoir mettre à disposition du public, des produits pour se protéger, et de soutenir les producteurs locaux frappés par cette crise.

 

La visière est-elle aussi efficace qu'un masque de protection?

Il est clair que la visière de protection n’a pas l’efficacité du masque respiratoire FFP2. Mais que cherche-t-on par son utilisation ? 
La visière de protection n’est pas un équipement de protection respiratoire mais un équipement de protection du visage. L’écran facial protège le nez, la bouche et les yeux des gouttelettes et postillons émis par les autres et réciproquement. Elle a l’avantage de pouvoir être retirée sans se toucher le visage et est réutilisable de nombreuses fois après avoir été lavée et désinfectée à chaque utilisation.

L’écran est plus toléré sur une période d’utilisation longue et il a l’avantage de ne pas cacher l’expression du visage.

Par exemple, on a des expériences d’utilisation  dans des écoles et universités, des coiffeurs, des commerciaux, et dans de nombreuses professions où l’interaction avec l’autre est importante et le sourire fait partie du langage.

Mais les recommandations de protection restent valables quelque que soit le matériel utilisé: se laver les mains fréquemment, ne pas porter ses mains au visage, et respecter les règles de distances sociales.

 

Établir un prix à ces produits peut se révéler assez délicat en cette période. Comment avez-vous choisi de les fixer?

Le prix des produits a été fixé en fonction des coûts de production et de distribution. Ces produits font partie des initiatives qui soutiennent l’économie locale dont nous sommes tous responsables.

 

Vos produits sont fabriqués ici, en Roumanie. Avez-vous eu du mal à trouver du personnel?

Les visières ont été une opportunité déclenchée par des relations humaines. Le producteur est à l’initiative de l’idée et j’ai vu à quel point les employés étaient mobilisés pour fabriquer ces nouveaux produits : certains ont eu recours à une reconversion professionnelle pour garder leurs emplois.

Le smart finger a fait l’objet d’une prospection de producteurs et le choix s’est fait sur des critères de performance bien sûr, mais aussi sur des valeurs humaines. C’est une expérience riche et j’ai à cœur de rencontrer des gens avec du savoir-faire, de mettre au point avec eux un prototype et de partager avec eux l'enthousiasme pour faire aboutir le produit final. Quand ce produit naît enfin, comme vous pouvez l’imaginez, vous ressentez une véritable émotion.

L’aboutissement c’est quand tous les acteurs de ce projet sont gagnants : le producteur, le distributeur et le client. C’est un équilibre win-win.

 

Le déconfinement est lancé. Êtes-vous optimiste sur l'après?

Je ne considère pas le déconfinement comme lancé. Je ressens plutôt comme une mise à l’épreuve  des comportements sociaux. Je suis optimiste mais très conscient des défis qui nous attendent. J’espère que nous ferons autrement les choses après cette crise.  Je me sens très impliqué dans les challenges environnementaux et comme beaucoup d’Européens de ma génération, je veux être acteur de ces changements. C’est mon prochain défi avec la plateforme de covoiturage.

 

 

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grégory rateau
Publié le 1 juin 2020, mis à jour le 1 juin 2020

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