La Roumanie a le 21e prix de l’électricité pour les particuliers le plus élevé au monde, selon une analyse de l’Association pour l’énergie intelligente, citée par Digi24. Le prix payé par les Roumains pour l’électricité est 70 fois plus élevé qu’en Iran, le pays où l’énergie est la moins chère au monde, et près de 60 fois inférieur à celui des Bermudes, où l’énergie pour la population est la plus coûteuse.


Les experts expliquent que ces tarifs élevés résultent d’une combinaison de manque d’investissements nationaux, de pertes importantes dans le système, de taxes élevées et des effets régionaux de la guerre en Ukraine, selon l’analyse citée.
Les spécialistes de l’Association pour l’énergie intelligente soulignent que les prix élevés de l’énergie ne sont pas accidentels, mais découlent d’un ensemble de problèmes internes et d’influences externes. « La Roumanie a une électricité chère non seulement à cause des marchés internationaux, mais aussi en raison des inefficacités internes et de l’absence d’investissements cohérents dans les infrastructures énergétiques », a déclaré Dumitru Chisăliță, président de l’association.
L’une des principales causes est que la Roumanie ne produit pas assez d’énergie pour couvrir ses besoins de consommation, notamment pendant les périodes de pointe. Dans ces situations, le pays doit importer une énergie plus coûteuse, ce qui se répercute directement sur les factures des consommateurs. De plus, les pertes dans les réseaux de transport et de distribution sont très élevées – dans certaines zones, elles atteignent jusqu’à 20 % de l’énergie transmise. En d’autres termes, une part importante de l’énergie produite est perdue avant d’arriver au consommateur.
Un autre facteur important est lié aux coûts générés par les politiques et réglementations européennes. Les taxes sur les émissions de CO₂, imposées par le système européen d’échange de quotas d’émission (ETS), qui oblige les entreprises à payer pour leurs émissions, ont fortement augmenté. Cela renchérit le coût de l’énergie produite à partir de combustibles fossiles comme le gaz ou le charbon. En parallèle, la transition vers l’énergie verte entraîne des coûts supplémentaires. Les investissements dans les panneaux solaires, les éoliennes et autres technologies renouvelables sont coûteux, et leur production dépend des conditions météorologiques. En l’absence de vent ou de soleil, le système doit être équilibré grâce à des sources d’énergie traditionnelles, plus onéreuses.
Déséquilibres entre exportations et importations
La Roumanie exporte de l’énergie lorsque la demande intérieure est faible et les prix bas, mais importe lors des pics de consommation, quand les coûts sont très élevés. Ce déséquilibre provoque une volatilité des prix et exerce une pression sur les consommateurs. Par ailleurs, la sécheresse, le manque de vent ou des hivers rigoureux peuvent réduire la production hydraulique, éolienne ou solaire, obligeant les producteurs à recourir à des sources plus chères comme le gaz naturel ou le charbon, explique Chisăliță.
Facteurs externes : forte demande régionale et guerre en Ukraine
Les causes internes sont aggravées par des influences extérieures qui exercent une pression supplémentaire sur les prix de l’énergie. Ces dernières années, la demande énergétique a fortement augmenté en Europe du Sud-Est, notamment en raison des difficultés rencontrées par les pays voisins : la guerre en Ukraine a gravement endommagé les infrastructures énergétiques du pays, et la Moldavie a du mal à sécuriser ses approvisionnements pour la production d’électricité. La Roumanie dispose également de liaisons limitées avec les réseaux d’Europe occidentale, ce qui complique l’importation d’énergie moins chère depuis les pays à forte production. Lorsque la demande régionale est élevée, ce manque de connexions entraîne de fortes hausses locales des prix. En outre, la hausse des prix du gaz naturel et d’autres combustibles en Europe a accru les coûts de production de l’électricité. Tous ces facteurs, combinés à l’instabilité économique provoquée par la guerre en Ukraine, ont rendu les marchés énergétiques plus imprévisibles et plus coûteux.
Factures élevées et pauvreté énergétique
Selon les estimations de l’Association pour l’énergie intelligente, entre 32 % et 45 % des Roumains souffrent d’une forme de pauvreté énergétique, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas payer leurs factures sans sacrifier d’autres dépenses essentielles. Environ 20 % des ménages consomment moins de la moitié de la moyenne nationale, un signe de pauvreté énergétique extrême. Dans les régions les plus pauvres, comme le Nord-Est, la situation est encore plus grave : près de 31 % des familles ne parviennent pas à couvrir leurs besoins énergétiques.
Les effets se font également sentir sur l’économie. Selon l’enquête sur les investissements de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour 2024, plus de 81 % des entreprises roumaines considèrent le prix de l’énergie comme un obstacle à l’investissement. Les secteurs les plus touchés sont l’industrie (89 %), la construction (86 %) et les infrastructures (82 %). Les petites et moyennes entreprises sont les plus vulnérables et sont contraintes de réduire leurs investissements, leur développement ou même leurs activités. Les coûts énergétiques élevés entraînent aussi une hausse du prix des biens et services, rendant l’économie nationale moins compétitive.
Source : Romania Journal.ro







