La rédaction du Petitjournal.com vous propose tous les jeudis une recommandation pour votre sortie grand écran de la semaine. Cette semaine on vous conseille la projection du film «The handmaiden/Slujnica/Mademoiselle» du visionnaire Park Chan-Wook.
Mademoiselle est inspiré d'un roman britannique (Du bout des doigts, de Sarah Waters). Le film s'ouvre dans les années 1930, sous l'occupation japonaise de la Corée. Son cinéaste, Park Chan-Wook, enfant terrible du cinéma de genre sud-coréen, dont l'explosion de la violence esthétisée pouvait parfois rebuter (Sympathy for Mister Vengeance, Old Boy, Lady Vengeance), prend aujourd'hui comme point d'ancrage, ce drame historique, pour inscrire son cinéma dans une mouvance plus traditionnelle du cinéma coréen, le film de domesticité. La référence du genre est le légendaire «La servante» de Kim Ki-Young (1960) dont les remakes ne se comptent plus à travers le monde. Park Chan-Wook aurait pu se contenter de dépeindre les rapports pervers et intéressés entre maîtres et servantes mais son film dévoile tout autre chose. Il nous fait assister à la naissance d'une passion bien réelle au milieu de toute cette corruption des rapports humains : celle, singulière, qui s'établit entre Sookee, la servante, et sa maîtresse, Hideko. Entre elles, le socle de domination sociale est converti en un jeu essentiellement fétichiste, la servante prenant soin de sa maîtresse comme une enfant le ferait avec une poupée, admirant chaque parcelle de son corps comme un totem particulier. Au festival de Cannes, le film a été salué et récompensé pour son incroyable maitrise technique. Park Chan-Wook filme son héroine des plus ambigues, Sookee, dans le dédale labyrinthique de ce château gothique, pour nous en faire découvrir ses pièces secrètes et les perversions qui s'y dévoilent derrière chacune de ses portes. La caméra épouse l'espace, caresse les murs et nous fait pénétrer dans les arcades cachées de son architecture. Le spectateur se surprendra à imaginer qu'il regarde à l'intérieur d'une maison de poupée, où, des choses très éloignées de l'univers idéalisé de l'enfance, se dissimulent, tapies dans ses recoins aux lumières tamisées.
Horaires :
Cinema Elvire Popescu:
Vendredi 10 Février à 21:00
Samedi 11 Février à 20:30
Mercredi 15 Février à 20:30
INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS
THE HANDMAIDEN/SLUJNICA
Sud-coréen, 2016, 145 minutes
Drame, Romance, Thriller
De Park Chan-Wook
Avec Kim Min-Hee, Kim Tae-Ri, Ha Jung-Woo
Critiques :
Positif: «Dès les premiers plans, qui alternent la pluie et le beau temps dans des images somptueuses, tout est clair : on sait qu'il s'agira d'un thriller rutilant, fortement teinté de mélodrame.»
Culturebox - France Télévisions: «La mise en scène en scène chirurgicale, les cadrages et la photographie magnifiques ou les mouvements de caméra magistraux sont encore bien là. Rarement scène de sexe n'aura été si raffinée»
Le Monde: «On peut aimer un film tout spécialement pour sa destination, c'est-à-dire la note sur laquelle il nous laisse : ici, un tintement très évocateur, résumant à lui seul le délicat équilibre de somptueuse cérémonie et de trivialité goguenarde qui caractérise l'ensemble.»
Synopsis :
Sookee (Kim Tae-ri), jeune femme d'extraction modeste, est choisie pour devenir la femme de chambre d'une japonaise de noble famille, Hideko (Kim Min-hee), soigneusement tenue à l'écart du monde dans un vaste manoir, sous la coupe d'un oncle autoritaire et bibliophile, en fait un parvenu qui vise à accaparer son héritage. Mais la nouvelle venue fait elle-même partie d'une bande de trafiquants qui convoitent précisément la même fortune...
Festival:
3 nominations au Festival de Cannes dans les catégories Prix du Jury, Grand Prix et Prix de la mise en scène
Grégory Rateau (www.lepetitjournal.com/Bucarest) - Jeudi 9 février 2017
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